Le cri d’alarme du Comité consultatif national d’éthique pour la protection des personnes âgées

Une résidente de l’Ehpad Les Monts du Matin, dans la Drôme. (Photo d’illustration.)

Une résidente de l’Ehpad Les Monts du Matin, dans la Drôme. (Photo d’illustration.) NICOLAS GUYONNET/HANS LUCAS VIA AFP

Dans un avis rendu le 30 mars que s’est procuré « l’Obs », le Comité consultatif national d’éthique s’inquiète des mesures de confinement dans les Ehpad qui pourraient aboutir à « une sérieuse altération de la santé » des personnes âgées.

Saisi en urgence par le gouvernement, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) rend un avis sévère sur la gestion actuelle de la crise sanitaire. « La pénurie de personnels et des ressources indispensables (masques de protection, tests de détection) exacerbe, écrit-il, les difficultés auxquelles les professionnels de santé doivent faire face dans l’urgence ». En particulier, le Comité s’alarme des mesures de confinement : « Toute mesure contraignante restreignant les libertés doit être nécessairement limitée dans le temps, proportionnée et adéquate aux situations individuelles », rappelle-t-il.

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Toujours dans le même avis, les Sages préviennent : « Un renforcement des mesures de confinement pour les résidents des Ehpad et des USLD [unités de soins de longue durée, NDLR], voire des mesures de contention pour ceux dont les capacités cognitives ou comportementales sont trop altérées pour qu’ils puissent les comprendre et les respecter, ne saurait être décidé de manière générale et non contextualisée, tant la situation des établissements diffère. » Ces mots glaçants nous rappellent les difficultés extrêmes auxquelles sont actuellement confrontés les personnes âgées en souffrance, les personnels et les familles.

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D’ailleurs, le Comité s’alarme, et rappelle « vivement » que l’environnement familial ou amical dont les résidents ne peuvent plus momentanément profiter est « pour nombre d’entre eux, le lien qui les rattache au monde extérieur et leur raison essentielle de vivre. Les en priver de manière trop brutale pourrait provoquer une sérieuse altération de leur état de santé de façon irrémédiable et même enlever à certains le désir de vivre », conclut le CCNE.

Eviter la « mesure de coercition »

Le confinement ne doit pas être synonyme d’emprisonnement. C’est pourquoi les membres du CCNE considèrent comme « impératif » qu’un espace de circulation physique, même limité, soit maintenu, afin d’éviter que « le confinement, quelle que soit sa justification au regard des impératifs de santé publique, ne devienne pour ceux qui n’ont plus la liberté de choisir leur cadre et leur mode de vie, une mesure de coercition ».

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Les mesures de santé publique et de confinement reposant sur le principe de la compréhension des règles par tous, qu’en est-il des personnes qui ne sont plus en état d’assumer leur propre responsabilité ? Le CCNE s’interroge ouvertement : « Faudra-t-il aller jusqu’à contraindre ces personnes en leur appliquant des mesures de contention, physique ou pharmacologique ? » La réponse à cette question complexe, écrit le CCNE, est loin d’être « évidente », mais pour chaque situation, « cette question doit être posée et la réponse doit être le fruit d’une discussion préalable, en y associant des personnes extérieures à l’institution, comme les professionnels des équipes mobiles de gériatrie, ainsi que les proches, sans jamais oublier que l’on peut nier l’humanité de la personne en niant le sens qu’a sa déambulation ».

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