Bruno Parmentier : "La France va revenir à de la nourriture plus essentielle"

Scène d'un marché parisien au mois de mars 2020. Doit-on désormais s'habituer à ces nouveuax modes de consommation ?  ©Getty - Stephane Cardinale - Corbis
Scène d'un marché parisien au mois de mars 2020. Doit-on désormais s'habituer à ces nouveuax modes de consommation ? ©Getty - Stephane Cardinale - Corbis
Scène d'un marché parisien au mois de mars 2020. Doit-on désormais s'habituer à ces nouveuax modes de consommation ? ©Getty - Stephane Cardinale - Corbis
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Réduction des exportations, manque de main-d’œuvre saisonnière étrangère, agriculteurs et salariés de l’industrie agro-alimentaire contaminés… Le coronavirus pourrait avoir un réel impact sur l’alimentation en France et dans le monde. Pour en parler, Bruno Parmentier est l'invité des Matins.

Avec
  • Bruno Parmentier Ingénieur et économiste, ancien directeur de l’Ecole d’agronomie d’Angers, consultant spécialisé dans les questions agricoles et alimentaires

Les confinés seront-ils bientôt des affamés ? L’ONU et l’OMC ont alerté mardi sur les risques de potentielles pénuries alimentaires sur le marché mondial. Alors que certains États sont tentés d’encadrer leurs exportations en ces temps de crise, les deux organismes appellent à maintenir les échanges internationaux, indispensables dans un contexte mondialisé. Quels sont les pays les plus menacés par la pénurie ? La France est-elle prête à faire face? 

Pour répondre à ces questions, Bruno Parmentier, consultant sur les problèmes agricoles et alimentaires, animateur du blog et de la chaîne YouTube Nourrir-Manger est l'invité des Matins ce jeudi 2 avril. 

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Problème de récolte, pas de stock 

" En France, on est très loin de la pratique d’un jardin potager. Quand on produit pour un marché, on a des champs d’asperges et de fraises. Ce sont des travaux très pénibles et mal payés."

Très probablement on va manger moins de fruits et légumes cette année. Ça va être difficile de ramasser les fruits. Bruno Parmentier

"Le risque de pénurie alimentaire n’existe pas. Nous sommes un grand pays de tradition agricole. Il y a des stocks et on va faire de grandes récoltes, donc la nourriture essentielle ne va pas manquer."

Une crise reflet d'une industrie alimentaire à bout de souffle

"Pour l'élevage, nous sommes très dépendants de l’Amérique Latine pour nos animaux. Nous importons 300 millions de tonnes de soja pour nos animaux. [...] On va probablement revenir après la crise à cette idée qu’il faut produire nos protéines végétales en Europe_. [...]_ A l’échelle mondiale, ce n’est pas très sain de dépendre fondamentalement d’agriculteurs vivant à 15 000 km de chez nous.

Si les cargos viennent à ne plus naviguer, nous devrons penser à une réorganisation massive de nos modes de consommation. Bruno Parmentier

"Est-ce qu’on se fait à l’idée d’acheter plus cher et d’acheter moins ? C’est ce qui s’est passé dans le vin. Le chiffre d’affaires de la viticulture française n’a cessé d’augmenter alors que nous avons divisé notre consommation par 3 depuis l’après-guerre. Il faut penser à ce même modèle pour la viande et le lait. On va forcément vers une évolution de notre consommation, une consommation raisonnable. La carotte au bœuf peut être aussi bonne que le bœuf-carotte."

Si on mange moins de viande, on peut consacrer le même budget à de la viande qui sera meilleure. On peut se nourrir correctement avec le même budget mais en faisant des choix culturels différents. Ce n’est pas qu’un problème d’argent dans la manière de manger mais aussi de temps qu’on y consacre. Bruno Parmentier

Vous pouvez (ré)écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

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