Le match OL–Juventus, porte d'entrée du coronavirus à Lyon ?

Un médecin lyonnais dénonce le maintien du match, le 26 février, qui avait vu déferler 3 000 supporteurs de la Juventus de Turin entre Rhône et Saône.

Par à Lyon

Les coéquipiers de Ronaldo s’étaient inclinés 1-0 au Groupama stadium.
Les coéquipiers de Ronaldo s’étaient inclinés 1-0 au Groupama stadium. © FRANCK FIFE / AFP

Temps de lecture : 3 min

Le 26 février dernier, la tenue du match OL–Juventus avait déjà créé la polémique. Alors que l'épidémie de coronavirus commençait à sévir en Lombardie, les maires de Décines et de Meyzieu en banlieue lyonnaise, sur lesquelles est implanté le Groupama Stadium de l'Olympique lyonnais, avaient demandé, au titre « du principe de précaution », à la préfecture du Rhône d'interdire l'accueil des tifosi. Le docteur Marcel Garrigou-Grandchamp avait lui aussi alerté le nouveau ministre de la Santé, Olivier Veran, sur les risques de propagation du virus en France en lui demandant de reporter le match.

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Mais le match s'était finalement joué avec quelque 3 000 supporteurs du club turinois, les autorités considérant « à risque », les seuls habitants de Milan.

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Aujourd'hui, un médecin lyonnais relance la polémique en désignant cette rencontre de la ligue des Champions comme la porte d'entrée de la contamination de la région lyonnaise.

Le « match zéro » de l'épidémie ?

Dans une tribune cinglante publiée sur le site de la Fédération des médecins de France, le docteur Garrigou-Grandchamp revient sur cet épisode. « Dire que Turin n'est pas la Lombardie est une ânerie pour ceux qui s'intéressent au foot, le club de la Juve drainant des supporteurs dans toute l'Italie, voire au-delà », rappelle ce médecin du troisième arrondissement de Lyon en repoussant l'argument avancé par les autorités fin février.

« Exactement deux semaines plus tard, on assistait à une explosion des cas de Covid-19 sur le Rhône », explique-t-il, courbe à l'appui, comparant les cas enregistrés dans le Rhône, l'Isère et la Haute-Savoie.

Pour étayer sa démonstration, le docteur Garrigou-Grandchamp compare le cas lyonnais au match qui s'était tenu la semaine précédente à Milan et considéré comme le « match zéro » de l'épidémie italienne.

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« Le 19 février, près de 46 000 spectateurs envahissent le stade San Siro de Milan (le stade de Bergame n'ayant pas suffisamment de places) alors que le premier décès par Covid-19 était annoncé en Italie seulement deux jours après cette rencontre », rappelle-t-il. « C'est à partir du 4 mars, soit 15 jours après la rencontre, que la courbe du nombre de cas de la ville Lombarde de Bergame a explosé, la ville devenant la plus touchée d'Italie par l'épidémie. »

« La France n'a pas su tirer les leçons de l'exemple italien »

Walter Ricciardi, membre italien de l'OMS, considère ce match comme « l'accélérateur de la propagation du virus ». Position partagée par Massimo Galli, spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital Sacco de Milan : « Ce match a certainement pu être un important véhicule de contagion. » Ou encore par Sera Fabiano Di Marco, pneumologue de l'hôpital Jean-XXII de Bergame qui parle de ce match comme d'une « bombe biologique ».

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« Une semaine plus tard, la France n'a pas su tirer les leçons de l'exemple italien », dénonce Marcel Garrigou-Grandchamp. « Imprévoyance, incompétence ou simple vanité, la France étant toujours persuadée qu'elle jouit du meilleur système de santé au monde, oubliant que même le meilleur système de santé peut se voir dépassé en moyens et personnel par un afflux de patients en même temps sur une courte période ! »

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Commentaires (36)

  • FLYTOXX

    « Le 26 février, il y avait seulement 3 cas de Covi-19 répertoriés pour l’ensemble du Piémont »
    C’est bien là le problème, à cette date il existait une immense différence entre les cas officiellement répertoriés et la situation réelle ce qui se confirmera quelques jours plus tard avec l’explosion du nombre de décès en Lombardie et dans la plus grande partie de l’Italie du nord.
    Pourtant, beaucoup se doutaient de la sous-estimation des chiffres officiels. Dans le monde du sport italien, dès le dimanche 23 février plusieurs matchs de football de série A (première division du championnat italien) ainsi que le match de rugby féminin Italie/Ecosse étaient annulés, signe de la gravité de la situation.

  • Legoff

    Je suis d'accord que la discussion peut durer longtemps. Surtout si l'on en reste au niveau de generalites. Donc nous sommes condamnés à aller dans le détail.

    Par exemple vous dites "des supporters venant d'une région d’Italie déjà très infectée"
    en fait le 26 février il y avait seulement 3 cas de Covi-19 répertoriés pour l'ensemble du Piémont.
    Par ailleurs j'ai rappelé les chiffres bruts de population entre Rhône, Isere etc. Sans parler de leur densité.

    Par contre je crois qu'on ne peut pas soutenir que l'on peut faire dire ce que l'on veut des stats (quitte a en appeler a Churchill) et en même temps s'appuyer des stats pour illustrer un point de vue.

  • FLYTOXX

    L’honnêteté consisterait aussi à comparer des faits comparables.
    La manifestation de l’église évangélique a commencé à Mulhouse le 17 février. A cette date, le pays était en alerte mais encore quasiment épargnée par le coronavirus. Elle regroupait 2400 personnes et rien ne laissait prévoir qu’elle allait se transformer en bombe épidémique.
    Par ailleurs tout rassemblement ne peut avoir lieu sans avoir obtenu au moins deux mois au préalable une autorisation préfectorale. L’état de confinement n’ayant pas encore été déclarée, le préfet aurait dû pour l’interdire être à même de prouver l’existence du danger. Comment l’aurait-il fait ?
    Pour mémoire, le 7 mars à Landerneau un rassemblement de Schtroumpfs regroupant 3500 personnes était encore autorisé.
    Avec le recul, il est évident aujourd’hui que tous les rassemblements de plus d’une centaine de personnes auraient dû être interdits dès la mi-février. Manifestement, pas plus le gouvernement que la quasi-totalité de la population n’avaient à ce moment-là pris la mesure du danger.

    Le problème se posait différemment pour le match OL/Juventus qui s’est tenu le 26 février à Lyon. Avec 58 000 spectateurs, c’était une des manifestations les plus importante de France d’autant que 3 à 5000 supporters venaient d’une région d’Italie déjà sérieusement infestée.
    Les autorités ne pouvaient ignorer qu’elles faisaient prendre un risque important à la population. Mais manifestement les considérations économiques l’ont emporté sur le principe de précaution.