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La Chine dépose désormais plus de brevets internationaux que les Etats-Unis

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En 20 ans, les demandes internationales de brevets provenant de l'empire du Milieu ont été multipliées par 200, selon un organisme de l'ONU. La France se classe 6e.

C'est une première historique. La Chine est devenue en 2019 le principal déposant de demandes internationales de brevets, raflant le titre que les Etats-Unis détenaient depuis 1978, année de création du Traité de coopération en matière de brevets, a indiqué mardi l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi), une agence de l'ONU basée à Genève.

Concrètement, le pays a fait 58.990 demandes en 2019 contre 57.840 pour les Etats-Unis. En 20 ans, les demandes internationales de brevets provenant de l'empire du Milieu ont ainsi été multipliées par 200, toujours selon l'Ompi.

Cette montée en puissance illustre les évolutions profondes de l'économie chinoise qui tend vers "une économie à plus forte valeur ajoutée", selon le directeur général de l'organisation, Francis Gurry, cité dans un communiqué.

Cet objectif est piloté par les géants high-tech du pays, notamment Huawei dans les télécoms (4G, 5G...), un "système d'innovation favorisé par l'Etat" dans lequel les subventions publiques jouent un rôle, ajoute l'Ompi. 

Huawei en tant que tel est d'ailleurs la première entreprise mondiale en termes de demandes internationales de brevets avec 4.411 requêtes publiées.

Pour le patron de l'Ompi, "la croissance rapide de la Chine pour atteindre la tête du classement (...) met en lumière le déplacement de la géographie de l'innovation vers l'Est, les déposants asiatiques représentant désormais plus de la moitié de toutes les demandes", l'Europe et l'Amérique du Nord représentant chacune moins d'un quart de ces demandes.

Derrière la Chine et les USA, on trouve le Japon, l'Allemagne, et la Corée du Sud. La France pointe à la 6e place mais à des années lumière du trio de tête (voir tableau). La plus forte croissance est à mettre au compte de la Turquie qui entre dans le Top 15 avec des demandes en hausse de 46%.

Aucune entreprise française dans le Top 50

Parmi ces 15 principaux pays d’origine, l’Allemagne (-2%) et les Pays-Bas (-3%) sont les deux seuls pays à avoir fait état d’une baisse des dépôts.

Du côté des entreprises, derrière Huawei, suivent le japonais Mitsubishi Electric Corp, le sud-coréen Samsung Electronics, l'américain Qualcomm et le chinois Guang Dong Oppo Mobile Telecommunications (plus connu sous le nom de Oppo, un fabricant de smartphones).

A noter, on ne trouve aucune entreprise française dans le top 50 mondial des déposants... La première firme européenne est Ericsson (Suède) à la 7e place.

Les technologies informatiques (8,7% du total) ont représenté la plus grande part des demandes, suivies des communications numériques (7,7%), des machines électriques (7%), des technologies médicales (6,9%) et des techniques de mesure (4,7%). Parmi les 10 principales technologies, les semi-conducteurs (+12%) et la technologie informatique (+11,9%) ont affiché les taux de croissance les plus élevés en 2019.

Un impact coronavirus déjà visible

Concernant les universités, c'est un établissement américain qui occupe la première place (Université de Californie) devant l'Université de Tsinghua en Chine. Dans le Top 10, on dénombre cinq universités des Etats-Unis, quatre de Chine et une de Corée du Sud.

Là encore, la France brille par son absence puisque aucune université hexagonale ne figure dans le Top 50.

Globalement, les demandes internationales de brevet déposées par l'intermédiaire du PCT ont augmenté de 5,2% (265.800 demandes) en 2019. "2019, un millésime exceptionnel. L’année écoulée a été la meilleure de la décennie. Il s’agit ni plus ni moins de la meilleure année enregistrée dans l’histoire de l’Organisation", commente Francis Gurry.

Reste à savoir quel sera l'impact de la pandémie du coronavirus sur les demandes de brevets. "L'impact sur les industries créatives, sur l'innovation va être extrêmement important", ajoute le directeur général.

Expliquant qu'il était encore trop tôt pour chiffrer cet impact, qui dépendra de l'intensité et de la durée de la crise, il a noté que les données préliminaires reçues par l'Ompi pour janvier, février et mars montraient un tassement de la croissance des demandes de brevets.

Olivier Chicheportiche avec AFP