Lufthansa ne voit pas de retour à la normale avant des années et s'impose une cure d'amaigrissement drastique

Prevoyant une reprise très lente, le groupe Lufthansa va se séparer d'une quarantaine d'avions, dont de nombreux gros-porteurs comme l'A380.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : POOL)

Face à la crise du Covid-19, le groupe Lufthansa (Lufthansa, Austrian Airlines, Swiss, Eurowings, Brussels Airlines), continue de prendre des mesures fortes plus rapidement que ses concurrents. Fin février déjà, alors que l'épidémie commençait à faire rage en Italie, le groupe avait été le premier en Europe à mettre au sol une partie de sa flotte, quand d'autres compagnies, comme Air France par exemple, espéraient redéployer une partie de leur flotte desservant l'Asie vers d'autres zones géographiques épargnées, à l'époque, par le coronavirus. Aujourd'hui, toutes les compagnies européennes ont arrêté la quasi-totalité de leurs vols.

Retour à la normale d'ici à 4-5 ans?

Les mesures prises pour passer le "shutdown" étant prises et les négociations avec le gouvernement allemand en cours pour obtenir une aide de plusieurs milliards d'euros, le groupe allemand se projette déjà dans la période d'après, avec le même pessimisme. Contrairement aux prévisions de l'association internationale du transport aérien (IATA), qui tablent sur une reprise en 2021, Lufthansa "ne s'attend pas à un retour rapide du secteur du transport aérien au niveau d'avant la crise", déclare le groupe dans un communiqué. La "levée totale des restrictions de voyage durera des mois" et le retour de la demande à la normale "des années", précise-t-il.

Selon nos informations, certains en interne chez Lufthansa ne s'attendent pas à un retour de la demande au niveau de 2019 avant quatre à cinq ans. Par ailleurs, selon un document interne à Lufthansa Technick que Lufthansa n'a pas voulu commenter à part dire que ce n'était pas "une publication officielle", la situation actuelle pourrait durer jusqu'à fin septembre, et la remise en service des capacités ne commencerait réellement qu'à partir d'octobre avec une remise en vol lente des appareils permettant d'atteindre entre 25% et 75% (au mieux) des capacités d'ici à décembre.

La fin de l'A380 chez Lufthansa

Lufthansa "va rapetisser", avait déclaré le président du groupe Carsten Spohr le 19 mars lors de la publication des résultats financiers. Il n'a pas menti. Lufthansa va s'imposer une cure d'amaigrissement drastique. Comptant aujourd'hui 763 appareils, Lufthansa va réduire fortement la taille de sa flotte en se séparant définitivement de 42 appareils, notamment de nombreux gros-porteurs (six A380 d'ici à 2022, cinq B747-400, sept A340-600, trois A340-300) et 21 avions court et moyen-courriers A320. Swiss et Austrian vont également réduire la voilure.

Par ailleurs, la société Germanwings va fermer (la marque n'existe plus depuis 2015) et ses opérations seront intégrées à Eurowings, comme cela a déjà  annoncé il y a plusieurs années. Les activités long-courriers d'Eurowings seront réduites. Swiss et Austrian ne seront pas épargnées par la restructurtation. Leurs flottes seront également réduites.

Conséquences sur l'emploi

Lufthansa n'a pas détaillé l'impact sur l'emploi de cette restructuration mais a promis que "l'objectif" était de "garder le plus d'emplois possible". Des discussions avec les syndicats doivent "démarrer rapidement". Les syndicats se sont inquiétés lundi que la suppression de Germanwings s'accélère sous prétexte de la pandémie, dénonçant dans une lettre ouverte le "sacrifice de certains" dans la restructuration.

"Aucune filiale de Lufthansa n'est responsable de la crise", ont écrit les syndicats du groupe, évoquent le "danger existentiel" auquel sont confrontés les employés.

Avec 87.000 employés au sein de la compagnie, plus de 60% du personnel sont ou seront inscrits au chômage partiel, dont 62.000 en Allemagne.

Lire aussi : Vacances d'été : "je dis aux Français d'attendre avant de réserver" (Djebbari)

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 13
à écrit le 08/04/2020 à 12:24
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Pour l'instant, j'ai plutôt l'impression que LuftHansa met sur le dos du COVID-19 sa politique déjà programmée ! il en est ainsi par exemple de la fermeture de Germanwings, ... dans les tuyaux depuis plusieurs années déjà ! idem pour faire passer au...

le 08/04/2020 à 18:03
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En effet, Austrian et Brussel A sont des boulets pour LH depuis un moment. Et pour la fin de votre message, la plupart des lignes HOP font perdre de l'argent. Il est temps de faire le ménage.

à écrit le 08/04/2020 à 9:55
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Une fois de plus les allemands sont dans le réel en se rendant compte que pendant des années le tourisme aérien va être impacté. En France on en est aujourd'hui à prévoir le grand prix de France au Castelet en Juin. Une initiative aussi irresponsable...

à écrit le 08/04/2020 à 8:31
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Bien vu c'est le plus sage, laisser parler les mythomanes néolibéraux et se reposer sur des perspectives crédibles.

à écrit le 08/04/2020 à 1:25
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L'avenir dans les affaires a toujours appartenu à ceux qui ont vu avant les autres l'avenir. Trop obnubilés par leurs convictions personnelles beaucoup de dirigeants de sociétés peuvent ne pas faire les bons choix. Si la pandémie a un impact sévère ...

à écrit le 08/04/2020 à 1:25
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L'avenir dans les affaires a toujours appartenu à ceux qui ont vu avant les autres l'avenir. Trop obnubilés par leurs convictions personnelles beaucoup de dirigeants de sociétés peuvent ne pas faire les bons choix. Si la pandémie a un impact sévère ...

à écrit le 08/04/2020 à 1:18
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La consommation de masques et hazmats pour protéger les autres va devenir un très grand marché de plusieurs centaines de milliards pour permettre aux gens de circuler en dépit du renouvellement chronique et incessant des Covid-19-20-etc. Les A380 von...

le 08/04/2020 à 12:20
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...il serait plus judicieux de développer des "micro-production" en local, plutôt que rester dépendant de giga-usines, non ?

à écrit le 08/04/2020 à 1:00
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Il faut noter que toutes ses sorties d'avions étaient déjà programmés. C'est une anticipation. Pour le moment pas d'annulations de commandes ou de report, c'est ça l'important. A suivre.

à écrit le 07/04/2020 à 23:07
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La cie leader de l'Europe de l'W sonne le toccin. Un ex à suivre pour AF si elle veut survivre.

à écrit le 07/04/2020 à 20:51
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Enfin, la lucidité commence à arriver ! Et ce n'est que le début. Maintenant, j'attends impatiemment l'annonce par Easyjet de l'annulation de sa commande d'une centaine d'Airbus A320 (qui est clairement excédentaire vu le temps que le marché aérien m...

le 08/04/2020 à 0:50
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Le modèle d'Easyjet à toujours été d'avoir une flotte jeune pour minimiser les frais d'entretien. Elle a en commande des A320 néos qui sont plus économes en carburant que les 320 classique. Aucun intérêt donc à acheter des 320 classique en occasi...

le 08/04/2020 à 11:21
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En effet, le patron d'Easy Jet a déclaré il y a peu : "Je pense qu'à la fin des confinements nationaux, easyJet ressemblera plus à une start-up qui essaie de trouver des destinations rentables pour quelques avions" Il est donc probable qu'Easy jet a...

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