« Jours et nuits, ils sont condamnés au silence ». L’Unicef et le collectif féministe #NousToutes s’allient pour alerter sur la violence que subissent les enfants, durant la quarantaine. « En France, alors que le confinement se prolonge pour faire face à une crise sanitaire sans précédent, plus de 50 000 enfants et adolescent(e)s sont chaque jour victimes de violences physiques, sexuelles et psychologiques, enfermés à huis clos avec leurs bourreaux », rappellent-ils. En collaboration avec l’Unicef, #NousToutes diffuse un message à destination des enfants et témoins des violences sur mineurs. « Si un adulte te fait du mal : te fais peur, te tape, t’insulte, touche ton corps et que ça te met mal à l’aise, tu es en danger. Ou si tu penses qu’on fait du mal à un autre enfant. Appelle le 119 », intiment les deux organismes. 

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Des circonstances aggravantes

Alors que près de 200 enfants par jour sont victimes de violences, 50 d’entre eux de violences à caractère sexuel, et 1 enfant violé toutes les heures*, les spécialistes de la protection de l’enfance s’alarment du silence des enfants. « Nous sommes aujourd’hui extrêmement préoccupés par ce silence assourdissant. Agir maintenant, c'est prévenir des situations aggravées : la pandémie, avec ses conséquences économiques et sociales, va fragiliser les familles et faire planer encore le risque des violences faites aux enfants », témoigne le directeur général d’Unicef France, Sébastien Lyon. Un constat effrayant que partage l’ancien enfant placé Lyes Louffok, aujourd’hui membre du Conseil National de la Protection de l’Enfance. Il justifie sa crainte de la hausse des violences sur enfants par différents facteurs. « La charge éducative qui pèse sur les parents, la présence permanente des enfants, les peurs liées au chômage partiel ou au chômage, ou au contraire la difficulté de cumuler le télétravail avec les autres tâches et responsabilités, la consommation d’alcool et/ou stupéfiants pour tromper l’ennui ou l’angoisse sont autant de facteurs inquiétants car ils sont susceptibles de rendre violents les plus fragiles et de rendre le nombre d’enfants en danger toujours plus critique », détaille-t-il. 

La militante féministe Madeline Da Silva du collectif #NousToutes craint également les conséquences, à terme, du confinement sur les enfants. « On sait que les enfants victimes ou témoins de violences physiques et psychologiques souffrent de stress post-traumatique, et les symptômes ne peuvent qu’être renforcés en période de confinement. Ces violences impactent le développement psycho-affectif des enfants et l’absence de tiers protecteur (école, travailleur social, médecin) renforce le caractère de gravité dans cette période », énonce-t-elle. 

Pour rappel, le petit Daoudja, 6 ans, est mort sous les coups de son père le 29 mars dernier à l’Hôpital Necker à Paris. Un enfant qui pourrait être le premier d’une longue liste, craignent les associations. « Le monde ne doit plus jamais être le même pour les enfants », avait réagi Lyes Louffok sur Twitter, le 29 mars dernier.

*Source : Service statistique ministériel de la Sécurité Intérieure