Carbios et son enzyme mangeuse de plastique, à la Une de "Nature"

Déchets plastiques près de Naples, Italie, en 2018 ©Getty - Salvatore Laporta/KONTROLAB/LightRocket
Déchets plastiques près de Naples, Italie, en 2018 ©Getty - Salvatore Laporta/KONTROLAB/LightRocket
Déchets plastiques près de Naples, Italie, en 2018 ©Getty - Salvatore Laporta/KONTROLAB/LightRocket
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Cette semaine, une start-up auvergnate, Carbios, a les honneurs de la revue Nature, la plus prestigieuse des revues scientifiques internationales, celle qui a annoncé le clonage de la brebis Dolly ou le trou dans la couche d’ozone. Carbios a mis au point une enzyme pour découper le plastique et le recycler à l'infini.

Carbios a trouvé une solution pour nous débarrasser des déchets en plastique en recyclant à l’infini ces bouteilles que nous utilisons encore pour l’eau, le shampoing, les produits d’entretien, etc.

Les chercheurs de Carbios et du Toulouse Biotechnology Institute ont travaillé pendant cinq ans pour faire évoluer une enzyme jusqu’à ce qu’elle parvienne à couper les molécules de ce plastique qu’on appelle le PET. 

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Comment ça marche ? Il faut imaginer les molécules de plastiques, les polymères, comme des colliers de perles collées et l’enzyme comme une paire de ciseaux, qui coupe les points de colle. À l’arrivée, on n’a plus de plastique, mais des composants, une poudre et un liquide qui, lorsqu’on les mélange à nouveau, reforment du plastique. Dis comme ça, ça n’a l’air de rien, mais c’est révolutionnaire. 

Mais on recycle déjà les bouteilles en plastique ? 

Oui mais on ne fait que réutiliser le même plastique, seulement quelques fois, et le procédé est très long. Alors que l**’enzyme de Carbios permet de faire du plastique vraiment neuf, à partir du vieux, en un temps plus réduit**. Elle décompose aussi les tissus en polyester ou les barquettes alimentaires. 

Il a fallu cinq ans pour faire évoluer les enzymes, jusqu’à obtenir le résultat souhaité. C’est cette évolution qui est expliquée dans la revue. Carbios a déjà déposé 12 familles de brevets et créé, à Clermont-Ferrand, une installation pilote qui décompose et recompose des bouteilles. 

C’est une cuve dans laquelle on mélange les bouteilles usagées broyées et de l’eau, puis on ajoute les enzymes qui font leur travail en une dizaine d’heures.

En juin, la start-up doit commencer la construction d’un démonstrateur industriel, à Saint-Fons au sud de Lyon, dans un pôle de compétences appelé la Vallée de la Chimie. Elle est soutenue dans cette démarche par les grands utilisateurs de plastique : L’Oréal, Pepsico, Nestlé Waters et Orangina Schweppes. 

Le confinement, la pandémie, ça risque de ralentir ses projets ? 

Pas forcément. Avec les préoccupations sanitaires, l’emballage et le plastique font leur retour. Mais même en les réduisant, la meilleure solution à savoir le recyclage restera donc une priorité. Carbios a aussi approché les entreprises du Fashion Pact, pour réduire les déchets textiles. 

Le confinement retardera peut être la construction du démonstrateur, mais financièrement, Carbios a de quoi tenir. Elle a les fonds nécessaires, des actionnaires solides - le fonds d’investissement Truffle, Michelin, Limagrain, l’Oréal - et maintenant la reconnaissance de Nature.  

Et qui a-t-il à la une de L’Obs ? La rédaction a préparé “trois scénarios possibles d’une sortie de crise”,  et surtout, nous avons demandé à huit auteurs de science-fiction de nous donner le leur. Je vous laisse voir qui sont les plus pertinents, les experts ou les romanciers... 

> Pour consulter l' article de Nature

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