De la pire à la meilleure, nous avons classé les 238 chansons des Beatles

Il y a 43 ans, John Lennon était assassiné devant son immeuble par Mark David Chapman. Un point final à l'histoire des Beatles dont la discographie contient le pire et surtout le meilleur.

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Sur cette photo du 30 juin 1966 Paul McCartney, Ringo Starr, George Harrison et John Lennon chantent à Tokyo.
Sur cette photo du 30 juin 1966 Paul McCartney, Ringo Starr, George Harrison et John Lennon chantent à Tokyo. © JIJI PRESS / JIJI PRESS / AFP

Temps de lecture : 58 min

Il y a quarante-trois ans, le 8 décembre 1980, John Lennon était assassiné au pied de son immeuble à New York. L'histoire des Beatles semblait, cette fois, parvenir à son point final, dix ans après la séparation du groupe mythique. L'occasion de noter et classer leurs chansons en partant de la pire, pour atteindre la meilleure. Autant dire que la tâche a été rude. 

Comment ne pas être transporté de bonheur avec « Love Me Do », « Can't Buy Me Love », « From Me to You » ? Les chansons plus matures de Rubber Soul ou Revolver annoncent un changement de cap, prouvant que ce groupe demeure sans cesse en mouvement. Le chef-d'œuvre Sgt. Pepper's, que l'on connaît par cœur, continue de faire son petit effet. Le double album immaculé, qui marque le début de la fin, garde sa densité incroyable, porté par des innovations et des coups de génie. Abbey Road et Let it Be, les deux chants du cygne, restent des pépites que l'on continue de dévorer. Sans parler des singles ou des musiques de film. On est moins fan, en revanche, des reprises et des inédits publiés dans l'horrible Anthology.

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Lien entre générations

Les Beatles furent cette alchimie magique entre deux hommes géniaux qui se sont successivement aimés, aidés, admirés, challengés, éloignés, détestés, dénigrés. Lennon-McCartney reste à ce jour la signature la plus prolifique de l'histoire de la musique. Ajoutez à ce duo : un garçon timide, mais talentueux, George, qui tente – et réussit – à se faire une place entre ses deux géants ; un batteur sympathique, rigolo et talentueux ; un producteur, George Martin, à l'écoute et innovant ; et un climat musical concurrentiel avec les Beach Boys, les Rolling Stones, les Who ou les Kinks. Mélangez le tout et vous obtenez un cocktail détonnant. Un critique musical anglais a même osé, dans le très sérieux Times, la comparaison avec Mahler (Gustav !). En huit ans, le groupe va produire quelque 238 chansons – il se peut qu'on en ait oublié –, révolutionner les techniques d'enregistrement et vendre plus de 500 millions d'albums. Se replonger dans l'histoire des Beatles, c'est aussi se souvenir d'une jeunesse assoiffée de liberté et nourrie d'espoir (et de drogues) qui prend le pouvoir culturellement.

La force de ce groupe est enfin d'être l'un des derniers ciments entre plusieurs générations : les soixante-huitards ont grandi et vécu avec les quatre garçons dans le vent et ont transmis pour la plupart le virus (le bon celui-là) des Beatles. Nous pouvons l'affirmer : tout humain connaît au moins une chanson de ces talentueux scarabées.

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Chaque chanson a été écoutée, notée et classée. Un commentaire accompagne chacun des titres. Pas question cependant de repartir pour une série de classements – nous avons déjà assez fait de mal comme ça. « Hello, Goodbye », chacun partant comme nos Beatles vers des aventures différentes. « Let It Be. »

LE CLASSEMENT

238. Revolution 9 (1968)

Nous ouvrons ce classement sur un grand n'importe quoi. John Lennon et la maléfique Yoko Ono signent un collage de pastilles sonores mêlant bruits de rue, brouhaha de la foule et cris primaires. Le tout avec un gimmick « Number nine ». Pour nous, c'est « nein ». On se croirait dans une secte : Revolution 9. Faire du 9 avec du vieux, soit, mais autant que ce soit écoutable. Paul McCartney avec son flegme habituel se contentera d'un « pas mal » quand le couple lui présenta ce « machin ». Le double Album blanc, un des chefs-d'œuvre de la musique pop, méritait meilleure fin – « Good Night » relève le niveau. « You say you want a revolution. » Pas celle-là en tout cas.

237. Carnival of Light (1967)

Une improvisation expérimentale de quatorze minutes, avec toux et gargarisme, enregistrée pendant les sessions de Sgt. Pepper's. Désireux de faire savoir que c'était lui le plus avant-gardiste et cool (et non pas Lennon), McCartney tenta d'incorporer cet inédit dans Anthology, mais Harrison s'y opposa fermement. Attention, la version que l'on retrouve sur YouTube est fausse, car seul McCartney possède les bandes. Mais même un morceau bidon vaut mieux que « Revolution 9 » !

236. Besame Mucho (1962)

Pour la plupart des reprises commises par les Beatles, préférez l'originale. Et puisqu'un classement de ce type se doit d'être d'iconoclaste : nous osons le dire, Dalida surpasse les Beatles avec sa version mi-samba, mi-disco. Bravo, Orlando !

235. Christmas Time (Is Here Again) (1967)

Comme chez beaucoup d'artistes anglo-saxons, interpréter des chansons de Noël est un rite obligé. Très répétitive, cette version nous irrite. Préférez dans le même genre des chansons de Noël – un peu plus clivante – le « Happy Xmas (War is Over) » de Lennon, version solo.

234. Act Naturally (1965)

On se croirait à la fête annuelle du maïs au Kansas…

P.S. Comme « Her Majesty », un titre caché dans Abbey Road, nous avons planqué la critique d'une chanson non classée. Un indice, ça parle de Kansas…

233. Los Paranoias (1968)

Un « jam » à trois (Harrison n'était pas présent) initié par McCartney durant les sessions du Double blanc. Cette blague dure 3 minutes 48, mais a été coupée à moins d'une minute en étant publiée sur Anthology 3. Étrangement, personne n'a crié à la censure. Jam pas.

232. Hello Little Girl (1995)

Hello, goodbye.

231. You Know My Name (Look Up the Number)

« You want to see my face ! You want to know my name ! I'm the devil ! Ah ! Ah ! Ah ! »

230. Baby's in Black (1964)

Présente dans Beatles for Sale, cette chanson fait rimer « black » avec « come-back ». Mais le tout est patraque.

229. Searchin' (1995)

Un titre présent dans Anthology. On s'ennuie et on cherche le bouton pause pour arrêter cette mauvaise reprise des Coasters.

228. Watching Rainbows (1969)

Cette chanson enregistrée lors des sessions Get Back n'a pas été retenue. On comprend pourquoi. Insipide. Sur la thématique météo, préférez « Here Comes the Sun ».

John, Paul, Ringo et George en 1964.
 ©  - / C.PRESS / AFP
John, Paul, Ringo et George en 1964. © - / C.PRESS / AFP

227. September in the Rain (1962)

« September in the Rain » ? « I'll follow the sun. »

226. Dig It (1970)

Un bref extrait d'une session d'improvisation autour du « Like a Rolling Stone » de Dylan, où Lennon cite le FBI, la CIA, la BBC et l'entraîneur Matt Busby, avant de finir sur une voix de fausset. Si vous voulez faire prendre conscience à vos enfants des ravages de la drogue, faites-leur écouter ça (promis, ça ne dure que 50 secondes).

225. Take Good Care of My Baby (1962)

En écoutant toutes ces reprises, on comprend mieux pourquoi les Beatles ont eu tant de mal à convaincre les maisons de disques. Heureusement, grâce à l'abnégation de Brian Epstein, leur agent/mentor, et l'arrivée de George Martin, leur destin va totalement basculer.

224. Cry for a Shadow (1963)

Un instrumental signé par George et John, la première et unique fois. Il valait mieux que ça s'arrête.

223. Little Child (1963)

Lors de la sortie de With the Beatles, leur deuxième album, les quatre garçons ont le vent dans le dos. Portés par toute une génération qui rêve de liberté, Lennon, McCartney, Harrison et Ringo enchaînent avec un deuxième album consistant, soutenu par deux bijoux « All my Loving » et « Hold me Tight ». « Little Child » – rien à voir avec l'œuvre de Gabriel Matzneff – sera écrite à la va-vite pour remplir l'album. Ça se sent.

222. Lend Me Your Comb (1995)

Une nouvelle reprise présente dans Anthology dont on aurait pu se passer.

221. The Sheik of Araby (1995)

Alors, oui, la séparation des Beatles en 1970 fut ressentie comme une tragédie. Oui, après avoir écouté 25 fois Abbey Road ou Sgt. Pepper's, on peut ressentir un manque. Mais ce n'est pas pour ça qu'il était indispensable en 1995 de racler les fonds de tiroir. Cette chanson, comme la plupart des inédits de Anthology, n'a aucun intérêt.

220. Step Inside Love (1996)

Enregistré en 1968 lors des sessions de l'album blanc, ce titre de McCartney a été offert à Cilla Black, elle aussi originaire de Liverpool, (très bonne version d'ailleurs) avant que la démo ne soit intégrée à Anthology en 1996.

219. Boys (1963)

On n'a pas beaucoup de choses à raconter sur cette chanson qui ressemble comme deux gouttes d'eau à « What'd I Say » de Ray Charles (« Est-ce que tu le sais » par Dick Rivers, pour les plus franchouillards). Lennon, McCartney, Harrison et Starr (Starkey de son vrai nom) vivent à Liverpool, une ville durement touchée par la crise économique. Lennon et McCartney se rencontrent en juillet 1957 lors d'une kermesse. Les deux jeunes sympathisent et se lient d'amitié. McCartney rejoint le groupe formé par Lennon, Les Quarry Men. Début 1958, c'est George, ami de Paul, qui se retrouve dans ce groupe qui va compter jusqu'à sept personnes. Les aléas de la vie et les inspirations musicales font qu'un noyau dur se forme : Lennon, McCartney et Harrison. Les Quarry Men changent de nom : Beatles (mélange de « Beat » pour rythme et « Beetles » scarabées). Avec Pete Best, premier batteur du groupe, ils fréquentent les clubs, dont le Cavern, où Brian Epstein, disquaire, les découvre et les prend sous son aile. En 1962, Ringo remplace Best et les quatre garçons signent un premier contrat avec George Martin. La grande aventure peut commencer.

218. My Bonnie (1995)

Il devrait y avoir une règle : ne jamais racler les fonds de tiroir.

217. Love of the Loved (1962)

Une chanson enregistrée lors de l'audition chez Decca. Les Beatles croient tenir (enfin) leur premier contrat. Mais la sanction tombe : c'est non, au motif que « la mode des groupes à guitares est passée ». Ça s'appelle avoir du nez !

216. You Know What to Do (1995)

L'une des premières chansons écrites par George Harrison en 1964. Rien de bien de transcendant (méditez !).

215. Bad Boy (1965)

Une reprise énergique de John. En 1965, les Beatles ne sont pas encore de mauvais garçons.

214. The Inner Light (1968)

Troisième (et dernière, ouf !) composition de Harrison inspirée de la musique classique indienne, sortie en face B de Lady Madonna alors que le quatuor s'initiait à la méditation transcendantale chez leur yogi. On sait bien que George est désormais intouchable, mais l'abus de sitar caste les oreilles.

213. Wild Honey Pie (1968)

Une chanson un peu tarte.

212. It's Only Love (1965)

Laissons John juger sa composition : « J'ai toujours pensé que cette chanson était mal foutue, les paroles sont épouvantables. J'ai toujours détesté cette chanson. »

211. A Taste of Honey (1963)

Une reprise. Encore ratée.

210. If You've Got Trouble (1996)

Une chanson dans Anthology. Encore ratée.

209. Devil in Her Heart (1963)

Une énième reprise. Il faut bien percer.

208. Good Morning Good Morning (1967)

Quoi ? Un titre de Sgt. Pepper's aussi mal classé ? Comment est-ce possible ? John Lennon a qualifié cette chanson de « médiocre ». Ça tombe bien, c'est lui qui l'a écrite.

207. All Together Now (1969)

Un exercice pour vos enfants lors du confinement :

« A B C D

Can I bring my friend to tea ?

E F G H I J

I love you. »

N'oubliez pas de bien mettre cet exercice dans votre espace numérique de travail.

P.S. Les supporteurs de football la chantent régulièrement. Ou plutôt la chantaient. Merci le Covid-19.

206. Slow Down (1964)

Un rock énergique pour réclamer de ralentir.

205. Like Dreamers Do (1995)

Encore un titre chanté lors de l'audition chez Decca. Chant assez insupportable de Macca qui joue les chanteurs de charme. Une sorte de Julio Iglesias de la Mersey.

204. Only a Northern Song (1969)

Un fond de tiroir des sessions de Sgt. Pepper's, ressorti pour l'album Yellow Submarine. Du Harrison dépressif, dissonant et psychédélique, qui se plaint de sa place financière dans la société Northern Songs Ltd. gérant les droits des chansons des Beatles. Derrière ses airs de mystique taiseux, l'auteur de « Taxman »était près de ses sous.

203. Another Girl (1965)

Une chanson de McCartney écrite lors de vacances en Tunisie pour remplir les trous de Help !. Ces informations suffisent à expliquer la position de cette chanson dans notre classement.

202. Everybody's Trying to Be My Baby (1964)

Du sous-Elvis.

201. It's All Too Much (1968)

Un titre hypnotisant, psychédélique, résultat d'un trip sous LSD. On a connu Harrison plus inspiré.

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200. Anna (Go to Him) (1963)

Désolé Anna, on préfère « Michelle ».

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Commentaires (42)

  • bernard_31540

    Classement parmi tant d'autres ! Chacun a ses gouts, ses préférences avec quelque chose de personnel : sa sensibilité.

  • SiriusBr

    J adore voir comment tous ces titres des années 60, 70 ont ont évolué ds l imaginaire des gens.
    J aimerai encore plus lire les critiques de l'époque, des "spécialistes" et des journaux de bases. Grande grande rigolade en perspective...
    On a tous notre classement, mais bravo pour l'initiative. Harrison est placé à sa juste valeur (For you blue, 162, blasphème). George était trop simple et gentil pour pouvoir exister et se faire une place parmi ces 2 "monstres" de la musique.
    A la prochaine

  • Checasino

    À mon avis, pour juger une production artistique, musicale dans ce cas, il est préférable d’avoir suivi la carrière de l’artiste. Je doute que vos ´ experts ´ soient nés lorsque les Beatles ont commencé à écrire, ce qui ne leur donne une vision que sur les titres récents sujets à certains poncifs. Ce n’est pas mon cas, ayant découvert les Beatles lors de vacances ´ culturelles ´ en Angleterre en 1964.
    Mon classement est donc le suivant : tell me why, can’t buy me love, love me do, she’s a woman, I feel fine, help, in my life, here there and everywhere, here comes the sun, ticket to ride, lady Madonna, with a little help from my friends, penny lane, rain, paperback writer, hey bulldog, get back, I am the walrus, blackbird, because, day tripper…. J’arrête pour aujourd’hui….