Les trois grandes organisations mondiales du travail, l’Organisation internationale du travail (OIT), la confédération internationale des syndicats et celle des employeurs lancent l’alerte. Elles appellent à un plan d’action global à la hauteur de la crise sociale qui ne cesse de s’amplifier. La situation est pire dans les pays où l’économie informelle domine. L’OIT estime que les mesures de confinement ont un impact sur 81 % des forces de travail dans le monde soit 2,7 milliards de personnes !

"Nous faisons face à un effondrement social sans précédent. Dans de nombreux pays, être confiné cela veut dire ne plus avoir de revenus et donc plus d’accès ni à l’eau, ni à la nourriture", alerte Sharan Burrow, Secrétaire générale de la Confédération Internationale des Syndicats (ITUC). Elle rappelle que seul "un peu plus d’un tiers des travailleurs dans le monde bénéficie d’une forme de protection sociale". Avec Guy Ryder, le dirigeant de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et Roberto Suarez Santos, celui de l’organisation internationale des employeurs (IOE), elle appelle à un plan d’action international à la hauteur de la crise sociale qui va précipiter des millions de foyers dans des situations extrêmement difficiles.
"Nous avons besoin d’une solidarité mondiale qu’elle vienne de l’OCDE, du G20 ou des Nations Unies", ont-ils affirmé tous les trois lors d’un webinar organisé par le Global compact, le 7 avril. Plusieurs milliers de personnes y ont participé un peu partout dans le monde. Les voix sont de plus en plus nombreuses à s’inquiéter de voir s’ajouter, à la crise sanitaire, une crise économique et sociale qui va entraîner une crise humanitaire planétaire. Les chiffres établis par l’OIT en donnent la mesure : sur le seul second semestre 2020, elle estime que 195 millions d’emplois auront disparu.
Un recul de 10 ans sur la pauvreté
Le rapport "Le prix de la dignité" publié par l’ONG Oxfam le 9 avril lui fait écho. Elle estime que les conséquences de la crise Covid 19 pourraient conduire plus de la moitié de la population mondiale à vivre sous le seuil de pauvreté. Cela constituerait un recul de dix ans dans la lutte contre ce mal, voire un recul de 30 ans dans certaines régions comme en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord. Cela éloigne d’autant l’espoir d’atteindre le premier Objectif de Développement Durable (ODD) : l’éradication de la pauvreté.
"Nous devons pourtant utiliser toutes les dimensions qu’offrent les Objectifs de Développement Durable pour reconstruire un monde résilient en faisant enfin la transition économique et sociale qui nous permettra non seulement de sauver les humains mais aussi le climat et la biodiversité", explique Sharan Burrow. Mais pour que cela ne reste pas un vœu pieux, il faudrait une action concertée et globale.
Besoin de leaders mondiaux
Or les difficultés de l’Union européenne à trouver un accord pour mutualiser les dettes qu’engendrent les actions massives des États membres, illustre la très grande inquiétude qu’inspire l’action politique des dirigeants aux prises avec la crise sanitaire. "Tout est à l’échelle nationale", conclut Guy Ryder, Directeur général de l’OIT . "Or ces leaders nationaux doivent aussi être des leaders mondiaux qui doivent utiliser les outils dont ils disposent : les impôts, le versement de revenus directs aux individus, aux toutes petites structures en espérant que les grandes marques maintiennent leurs commandes à leur chaîne de sous-traitance".
Anne-Catherine Husson-Traore,  @AC_HT, Directrice générale de Novethic

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