Coronavirus Covid-19 : pourquoi plutôt des hommes, en surpoids ou obèses ?

Tous les services de réanimations en France sont unanimes et constatent une proportion très importante de patients, plutôt de sexe masculin, en surpoids ou obèses.
V.M.M. - 10 avr. 2020 à 11:43 | mis à jour le 10 avr. 2020 à 20:53 - Temps de lecture :
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Photo d'illustration/Julio PELAEZ
Photo d'illustration/Julio PELAEZ

Quelles sont les populations en première ligne face au Covid-19 ?

Tous les services de réanimations en France sont unanimes et constatent une proportion très importante de patients en surpoids ou obèses, selon le docteur Matthieu Schmidt, de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Parallèlement, "les trois quarts de nos patients" sont des hommes, précise-t-il.

"Les patients les plus touchés sont très clairement des personnes immuno-déprimées, par exemple âgées de plus 70 ans, sous traitement immuno-suppresseur ou dénutries, notamment par manque de vitamine D" nous précise Véronique Liesse, nutritionniste (1), mais "un autre groupe de patients a été clairement identifié" : il s'agit de personnes souffrant de maladies chroniques (diabète, obésité, maladies cardio-vasculaires ou respiratoires, hypertension, cancer...).

Infographie Visactu
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Un dénominateur commun : l'inflammation

"Toutes ces personnes ont comme dénominateur commun l'inflammation. Celle-ci peut être latente, silencieuse, et, au moment où ces patients sont exposés à un virus, et que l'immunité doit répondre idéalement, de façon adaptée, ça ne se passe pas bien" souligne la spécialiste. Aujourd'hui, la majorité des décès est liée à un orage cytokinique, c'est-à-dire une réaction hyper-inflammatoire de l’organisme, plutôt qu'au virus.

Parmi eux, les personnes obèses, qui "ont une charge virale plus importante, avec une augmentation d’environ 42%". On sait aussi qu'elles sont plus contagieuses et qu'elles sont sujettes à plus de complications, notamment en raison de leur capacité respiratoire, qui est diminuée. "Ces personnes présentent un risque d'hospitalisation qui est multiplié par trois" ajoute-t-elle. 

Deux facteurs aggravants

Parmi les sujets obèses, on note ainsi une fréquence accrue des cas de diabète et d’hypertension. Or, la tension élevée (en permanence) et le diabète sucré (quand le taux de sucre dans le sang est anormalement élevé) sont deux facteurs aggravants pour le Covid-19.

Quant au fait que les hommes soient plus touchés que les femmes, plusieurs pistes sont avancées par les chercheurs, dont une fréquence accrue des pathologies multiples chez les hommes, ainsi que de meilleures défenses naturelles des femmes par rapport aux hommes face aux virus.

(1) Diététicienne, nutritionniste, micronutritionniste et nutrithérapeute, Véronique Liesse est également enseignante dans le cadre d'un diplôme universitaire en physionutrition à l'université de Grenoble (Isère). Elle a publié plusieurs livres, dont "Le grand livre de l'alimentation, spécial énergie" en avril 2019, aux éditions Leduc, 19 euros.