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La pandémie «n’est pas une guerre», mais un «test d’humanité»

La pandémie «n’est pas une guerre», mais un «test d’humanité»
AFP


Le président allemand a pris samedi le contre-pied du président français Emmanuel Macron, assurant que la pandémie de Covid-19 « n’est pas une guerre », mais constitue un « test de notre humanité ».  

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« Non, cette pandémie n’est pas une guerre. Les nations ne s’opposent pas à d’autres nations, les soldats à d’autres soldats. C’est un test de notre humanité », a assuré Frank-Walter Steinmeier lors d’une rare allocution télévisée.  

Cette crise « fait ressortir le meilleur et le pire des gens. Montrons aux autres ce qu’il y a de meilleur en nous », a-t-il demandé à ses concitoyens.   

« Et s’il vous plaît, montrez-le-nous aussi en Europe ! », a-t-il ajouté, car l’Allemagne ne pourra pas « sortir de la crise forte et saine » si ses voisins « ne deviennent pas eux aussi forts et sains ».  

« Nous, Allemands, ne sommes pas seulement appelés à faire preuve de solidarité en Europe, nous sommes obligés de le faire ! », a-t-il estimé, alors que l’Europe commémore cette année les 75 ans de la fin de la Deuxième Guerre mondiale et de la victoire sur la tyrannie du régime nazi.  

M. Steinmeier prend ainsi le contre-pied du président français Emmanuel Macron qui, martial, avait martelé à la télévision française mi-mars être « en guerre » contre la pandémie et annoncé un confinement généralisé de sa population.  

Une voie que n’a jusqu’ici pas suivi l’Allemagne qui n’applique pas un confinement strict. Avec un nombre de décès officiellement liés au Covid-19 contenus à ce stade à quelque 2500 morts, le pays semble pour le moment mieux faire face à la pandémie que nombre de ses voisins européens.  

Cette solidarité devrait aussi être mise à l’œuvre pour trouver un vaccin, a souligné le président allemand: « veillons, dans le cadre d’une alliance mondiale, à ce que les pays les plus pauvres, qui sont les plus vulnérables, y aient également accès ».  

M. Steinmeier a également rendu un hommage appuyé aux « piliers invisibles » de la société allemande, notamment les caissières, chauffeurs de bus et routiers, boulangers, paysans ou encore les éboueurs.  

« Le danger n’a pas encore été écarté. Mais nous pouvons déjà dire aujourd’hui que chacun d’entre vous a radicalement changé de vie, chacun d’entre vous a sauvé des vies et en sauve de plus en plus chaque jour », a-t-il estimé.

L’Allemagne condamne des actes anti-français

Le ministre allemand des Affaires étrangères a condamné samedi des agressions verbales ou vexations subies récemment par des Français en déplacement dans les zones frontalières allemandes, moins touchées par le Covid-19.

« Le coronavirus ne connaît pas de nationalité. C’est la même chose pour la dignité humaine. Cela fait mal de voir comment nos amis français sont parfois insultés et attaqués à cause du Covid-19. Un tel comportement n’est pas possible. Nous sommes dans le même bateau!”, a twitté Heiko Maas.

Il faisait écho à une déclaration de la ministre de l’Économie de la Sarre, région limitrophe du Grand Est français, Anke Rehlinger, qui a récemment présenté ses excuses de la part de l’Allemagne.

« On entend dire que les Français sont insultés et qu’on leur jette des œufs. Quiconque fait cela pèche contre l’amitié de nos peuples », avait-elle regretté le 8 avril sur le même réseau social.

« Je présente mes excuses à nos amis français pour ces incidents isolés », avait-elle ajouté.

« Inacceptable »

Les faits remontent au mois de mars pour l’essentiel. A l’époque plusieurs maires de villes de Sarre, région limitrophe du nord-est de la France, se sont émus d’insultes à l’égard de Français se trouvant dans la région, dans le contexte de la pandémie de nouveau coronavirus.

Celui de Sarrebruck, la capitale régionale de Sarre, Uwe Conrad, les a jugées « innaceptables ».

Michael Clivot, maire de la petite commune allemande de Gersheim, a aussi constaté « une certaine hostilité envers nos amis français » dans sa région.

« Certains sont insultés et arrêtés dans la rue », « certains Français n’osent plus venir ici », s’est-il alarmé dans une interview récente au site d’information t-online. Avec plusieurs de ses collègues, il s’est adressé à ses administrés dans des messages vidéo diffusés sur Facebook.

Des Français l’ont approché pour lui pour dire qu’on leur avait craché dessus lors de promenades ou à la caisse de supermarchés. L’un d’eux s’est entendu dire « Retourne dans ton pays du corona! », a-t-il expliqué.

Incidents « isolés »

La consule de France en Sarre, Catherine Robinet, a confirmé samedi à l’AFP la réalité d’incidents « isolés » en mars visant des Français dans cette région allemande, après la décision des autorités sanitaires allemandes de déclarer le Grand Est français zone à risque concernant le coronavirus.

Des commentaires hostiles avaient également été constatés sur certains forums internet.

Elle a indiqué que « plusieurs femmes de ménages françaises » travaillant en Allemagne pour une société de nettoyage, pour certaines depuis des années, « se sont vues refuser du jour au lendemain l’entrée dans leur entreprise » et ont été « choquées ».

Une Française venue acheter du paracétamol dans une pharmacie allemande s’est elle entendu dire au guichet « Pourquoi vous venez en acheter ? Y’en a pas en France ? ». 

Une autre résidant à Forbach en Moselle était venue rendre visite à sa sœur résidant à Sarrebruck. Alors qu’elle se trouvait dans un grand magasin, avant leur fermeture en Allemagne pour cause de pandémie, une personne l’a interpellée en ces termes : « Vous n’avez rien à faire ici, allez faire vos courses en France! ».

La consule de Sarre a toutefois appelé à ne pas « généraliser » un sentiment anti-français. Elle a indiqué avoir aussi reçu en parallèle de nombreux messages de sympathie et souligné que « l’inverse est aussi vrai » avec des réactions de mauvaise humeur de certains Français en France contre des Allemands. 

L’Allemagne et la France ont réintroduit des contrôles à leur frontière en raison de la pandémie, mais des exceptions sont prévues pour les travailleurs frontaliers.

Avec plus de 2 000 personnes officiellement décédées, la région Grand est constitue le premier foyer de contamination en France alors que sa voisine allemande, la Sarre, ne comptabilise de son côté que 41 victimes officiellement recensées par l’institut Robert Koch.

Globalement, l’Allemagne affiche un taux de mortalité très inférieur à la France pour un nombre de cas avérés similaire. 

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