Voici une tra­duc­tion brute des don­nées, sur la vio­lence à l’é­gard des femmes en Turquie, suiv­ie d’ un commentaire.

Türkçe Bianet | English Bianet | Français

Le Cen­tre de recherche sociopoli­tique de ter­rain, basé à Diyarbakır, a pub­lié son “Rap­port de recherch­es sur les effets du Covid-19 sur les femmes et la vio­lence con­tre les femmes et les enfants en Turquie”.

Le rap­port a été pré­paré sur la base des enquêtes aux­quelles ont par­ticipé 1 873 femmes de 28 provinces, dont İst­anb­ul, Ankara, İzmir, Diyarbakır, Van et Mardin du 3 au 8 avril. L’é­tude visait à déter­min­er com­ment les femmes étaient affec­tées par le proces­sus de la pandémie, com­bi­en d’en­fants et de femmes étaient vic­times de vio­lences et de quel type.

Comment la pandémie a‑t-elle affecté la vie domestique ?

Les par­tic­i­pants à l’en­quête ont d’abord été inter­rogés sur la ques­tion suiv­ante : “Y a‑t-il quelqu’un dans votre ménage qui a per­du son emploi pen­dant la pandémie ?” Alors que 59,3 % ont répon­du “Non”, 40,7 % ont répon­du par l’af­fir­ma­tive. Alors que le taux de ceux qui ont répon­du “oui” était le plus faible par­mi les diplômés uni­ver­si­taires, il était le plus élevé par­mi les par­tic­i­pants anal­phabètes avec 88,9 %.

Lorsqu’on leur a demandé “si les mem­bres de la famille, y com­pris les hommes, ont partagé les tâch­es ménagères pen­dant la quar­an­taine”, 34,8 % des par­tic­i­pants ont répon­du “Oui”, tan­dis que 33,1 % ont répon­du “En par­tie” et 32,1 % “Non”. L’é­tude a mon­tré que plus le niveau d’é­d­u­ca­tion et le revenu étaient élevés, plus le taux de par­tic­i­pants ayant répon­du par l’af­fir­ma­tive était élevé.

On a égale­ment demandé aux par­tic­i­pants à l’en­quête “s’ils avaient eu des dis­putes ou des con­flits domes­tiques pen­dant la quar­an­taine”, 69,4 % ont répon­du “Oui” tan­dis que les 30,6 % restants ont répon­du “Non”. Comme dans le tableau ci-dessus, plus le niveau d’é­d­u­ca­tion et le revenu men­su­el du ménage étaient élevés, moins les gens répondaient “oui”.

On a égale­ment demandé à ceux qui ont déclaré “avoir eu des dis­putes ou des con­flits domes­tiques pen­dant la quar­an­taine”, “si les dis­putes domes­tiques étaient plus intens­es avant ou pen­dant la quar­an­taine”. Alors que 52,6 % d’en­tre eux ont répon­du que “c’é­tait la même chose pen­dant les deux péri­odes”, 39,5 % ont déclaré que “c’é­tait plus intense main­tenant” et 7,9 % ont déclaré que “c’é­tait plus intense avant”.

À la ques­tion “avec quels mem­bres de la famille ont-ils eu le plus de con­flits ?”, 32,4 % ont répon­du “con­joint”, 16,3 % “frères et sœurs”, 15,7 % “fils/fille” et 13,2 % n’ont pas répondu.

En réponse à une ques­tion sur les sujets de dis­pute les plus fréquents, 14,6 % ont répon­du “net­toy­age”, 10,6 % “besoins matériels/argent”, 8,8 % “caprices per­son­nels”, 7,6 % “inter­ven­tions domes­tiques” et 7,2 % “travaux ménagers/repas”.

Vio­lence con­tre les enfants et les femmes

Les par­tic­i­pants à l’é­tude se sont égale­ment vu pos­er la ques­tion suiv­ante : “Com­ment la péri­ode de quar­an­taine affecte-t-elle votre état d’e­sprit ?” Alors que 38,3 % ont répon­du “néga­tive­ment”, 26 % ont répon­du “très néga­tive­ment” et 2,5 % ont répon­du “pos­i­tive­ment”.

À la ques­tion “La péri­ode de quar­an­taine déclenche-t-elle des vio­lences con­tre les femmes et les enfants”, 45,9 % des par­tic­i­pants ont répon­du par l’af­fir­ma­tive, tan­dis que 39 % ont répon­du “en par­tie” et 17,2 % ont répon­du “non”.

À la ques­tion “Au cours de la péri­ode de quar­an­taine, à quelle vio­lence avez-vous été soumise ?”, 23,7 % des femmes ont déclaré avoir subi des vio­lences psy­chologiques, 10,3 % des vio­lences économiques, 4,8 % des vio­lences numériques, 1,7 % des vio­lences physiques, 1,4 % des vio­lences sex­uelles et 1,1 % du har­cèle­ment. 57 % ont déclaré n’avoir subi aucune de ces formes de violence.

On a égale­ment demandé aux femmes : “Avez-vous subi des vio­lences à l’in­térieur de la mai­son pen­dant la quar­an­taine ?” Alors que 84,8 % ont répon­du “Non”, 15,2 % ont répon­du par l’affirmative.

Cepen­dant, à la ques­tion précé­dente, 57 % ont déclaré n’avoir subi aucune vio­lence pen­dant la quar­an­taine. En d’autres ter­mes, les résul­tats de l’en­quête ont mon­tré que la vio­lence con­tre les femmes a aug­men­té de 27,8 % pen­dant la pandémie.

De plus, il a été con­staté que si le taux des per­son­nes ayant subi des vio­lences aupar­a­vant dimin­ue en fonc­tion de l’âge, ce sont les per­son­nes âgées de 65 ans et plus qui sont le plus sou­vent vic­times de vio­lences, qui étaient aupar­a­vant, l’exception.

Que faire contre la violence ?

À la ques­tion “Quelles sont, selon vous, les pré­cau­tions à pren­dre pour prévenir la vio­lence domes­tique pen­dant la quar­an­taine ?”, les par­tic­i­pants ont don­né les répons­es mul­ti­ples ci-dessous :

  • Des groupes de sou­tien devraient être créés pour les femmes/la con­di­tion des femmes devrait être sur­veil­lée (15,3 %)
  • La loi 6284 sur la pro­tec­tion de la famille et la préven­tion de la vio­lence à l’é­gard des femmes devrait être appliquée effi­cace­ment (13,7 %)
  • Les mécan­ismes de plainte et de demande doivent être numérisés pour en faciliter l’ac­cès (12,3 %)
  • Les publications/émissions d’information/alerte sur la vio­lence domes­tique et le sex­isme devraient être réal­isées sur des plate­formes numériques ou des télévi­sions à env­i­ron (11,9 %)
  • Un sou­tien juridique/psychologique devrait être fourni en ligne/ sur Inter­net (11,9 %)
  • Les rapports/informations de tiers doivent être pris en con­sid­éra­tion (11,9 %)
  • Les abris doivent présen­ter les con­di­tions néces­saires pour être pro­tégés con­tre les coro­n­avirus (11,8 %)
  • Des annonces de ser­vice pub­lic devraient être faites (11,2 %)
  • Des réglementations/dispositions socio-économiques devraient être intro­duites (0,1 %)

Alors que la con­nais­sance de la loi n° 6284 était élevée dans toutes les tranch­es d’âge, le taux de con­nais­sance était le plus élevé dans la tranche d’âge 45–54 ans avec 81,8 %. Plus le niveau d’é­d­u­ca­tion et le revenu men­su­el du ménage aug­men­taient, plus la sen­si­bil­i­sa­tion des par­tic­i­pants augmentait.

Enfin, lorsqu’on a demandé aux femmes “si elles con­nais­saient les lignes d’ur­gence et de sec­ours en cas de vio­lence con­tre les femmes”, 68,1 % ont répon­du par l’af­fir­ma­tive, tan­dis que 31,9 % ont répon­du “non”. Bien que ce taux soit élevé dans toutes les tranch­es d’âge, il est le plus élevé dans la tranche d’âge 45–54 ans avec 72,4 %.

Le rap­port a égale­ment con­clu qu’à quelques excep­tions près, plus le niveau d’é­d­u­ca­tion et le revenu men­su­el du ménage sont élevés, plus la sen­si­bil­i­sa­tion des par­tic­i­pants est élevée.

Ajouts et commentaire lapidaire de Kedistan

Nous avons tenu à ren­dre compte de cette enquête. Comme toute enquête, elle ne fait que refléter un échan­til­lon­nage de pop­u­la­tion et, sur ce sujet très sen­si­ble reste au dessous de la réal­ité. Elle mon­tre que cette ques­tion cen­trale de l’aug­men­ta­tion de la vio­lence faite aux femmes, comme celle des vio­lences intra-famil­iale sur les enfants, est cristallisée par des sit­u­a­tions de quar­an­taine et de con­fine­ment, et ce, à l’échelle mondiale.

Dans chaque pays les mêmes chiffres, sachant qu’ils ne seront véri­fiés que dans quelques mois, et à la hausse, alertent.

Les formes de dom­i­na­tion patri­ar­cales et les con­séquences d’un fonc­tion­nement exac­er­bé de celles-ci en milieu clos aboutis­sent-elles inéluctable­ment à des vio­lences, physiques, gen­rées, sex­uelles, ou ren­for­cent-elles celles exis­tantes ? Quelles class­es sociales sont le plus con­cernées ? Quelles résis­tances par l’éducation ?

Les expéri­ences sociales inédites vécues par la moitié de l’hu­man­ité, imposées par la quar­an­taine, inter­ro­gent d’au­tant sur toutes les formes de vio­lences faites aux femmes, dans le patri­ar­cat “ordi­naire”, et dans des con­di­tions où silence et huis clos banalisent la violence.


Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Kedistan en précisant la source et en ajoutant un lien afin de respecter le travail des auteur(e)s et traductrices/teurs. Merci.
KEDISTAN on EmailKEDISTAN on FacebookKEDISTAN on TwitterKEDISTAN on Youtube
KEDISTAN
Le petit mag­a­zine qui ne se laisse pas caress­er dans le sens du poil.