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VIDÉO - Hiver 1969 : la grippe de Hong-Kong revenait par le Sud-Ouest

Entre l’été 1968 et le printemps 1970, la grippe A2, dite “grippe de Hong-Kong”, tuait près d'un million de personnes dans le monde. En France, durant l’hiver 1969-1970, plus de 30.000 personnes ont péri en deux mois. La deuxième vague du virus, était arrivée dans le pays par le Sud-Ouest.

C’est la dernière pandémie qu’a connu la France. Après la grippe espagnole de 1918-1919 (20 à 40 millions de morts) et la grippe asiatique de 1957 (2 millions), la grippe dite “de Hong-Kong” - car elle y avait été repérée pour la première fois durant l’été 1968, bien qu’elle fut née en Chine - fut la première “pandémie de l’ère moderne”. Durant l’hiver 1968-1969, la première vague passe quasi inaperçue. La deuxième vague est d’abord rapportée dans les médias de l’époque dans le Sud-Ouest de la France, avant de s’étendre à tout l’Ouest du pays, ainsi qu’à l’Est.

Le 30 novembre 1969, le journal Le Monde rapporte que la maladie sévit particulièrement en Dordogne. La distribution du courrier n’est plus assurée à Périgueux. Plus de la moitié des postiers gardent la chambre. 35% des professeurs, élèves et personnels administratifs du lycée de garçons est grippé. Le personnel de la Sécurité sociale est également atteint. “À Bergerac et à Ribérac, 50 % des effectifs des compagnies de gendarmes sont touchés” , rapporte le journal.

Le 1er décembre 1969, un médecin de Toulouse, interrogé sur “l’emprise” de la maladie dans la région, parle d’environ un quart de la population touchée. Deux jours plus tard, un reportage diffusé à la télévision estime que toute l’Aquitaine est grippée, parlant de fermetures de l’école normale d’institutrices de Mont-de-Marsan, ou encore d’un lycée d’Arcachon particulièrement frappé par la maladie. 

L’épidémie s’étend

Le 5 décembre, on peut lire dans Le Monde : “La grippe, qui sévissait jusqu'à présent surtout dans le Sud-Ouest, s'étend maintenant sur une grande partie de la France." 

Même son de cloche dans le journal Sud-Ouest daté du 10 décembre : “Du Sud-Ouest, où elle a - en principe - pris corps, et où elle serait en voie de régression, l'épidémie de grippe,  à la faveur de la vague de froid qui s'est abattue sur les trois quarts de la France, s'étend peu à peu à de nombreuses autres régions. Un peu partout , actuellement, des familles entières sont frappées, certaines administrations - P.T.T. et S.N.C.F. entre autre - ont, perdu, _jusqu'à 30 % de leurs effectifs__, et de nombreuses écoles ont dû fermer leurs portes. Le vaccin, qui n'est d'ailleurs efficace qu'au bout de trois semaines, est devenu souvent introuvable.”_

Le journal détaille : “Dans le Lot-et-Garonne, la situation s'est aggravée. Les services de la Sécurité sociale sont décimés par l'épidémie. Dans le Tarn-et-Garonne, un quart de la population est au lit. À Rodez (Aveyron), une école, l'institution Saint-Joseph, a fermé ses portes. À Toulouse, le lycée agricole d'Auzeville n'est plus qu'un hôpital. La situation n'est pas meilleure au lycée de Foix, dans l'Ariège.”

Le journal poursuit sa litanie : à Marseille, “une dizaine de milliers de personnes se voyaient contraintes de s'aliter”. À Perpignan, ce sont les C.R.S. qui sont frappés, un quart des 200 policiers. Dans l’Ouest, le Maine-et-Loire , la Loire-Atlantique , la Vendée, la Sarthe, sont les départements les plus éprouvés. Des usines et des chantiers sont à l’arrêt en Loire-Atlantique 

Les hôpitaux débordés

Le vaccin, qui avait été mis au point l’année précédente est introuvable dans la Drôme, et en Haute-Savoie, rapporte encore Sud-Ouest le 10 décembre. “Les stocke ont été épuisés surtout par les demandes massives des usines”, précise le journal. “Dimanche , à Annecy, le service d'urgence a été successivement doublé puis triplé, puis quadruplé, pour faire face à la situation au cours de la journée.”

À Bordeaux, l’hôpital Saint-André est débordé. Dans Sud-Ouest, on peut encore lire : “Dans la période actuelle, les hospitaliers n'ont pas échappé à l'épidémie et à un afflux de malades graves, fait face un personnel à effectif réduit. La question de la sécurité est posée pour le malade mais aussi pour l'équipe soignante : c'est le surmenage, le travail intensif à la limite du possible.” Le CHU de Pellegrin est encore sur les rails, il ouvrira quelques années plus tard.  

Une mortalité passée inaperçue

À la fin du mois de décembre 1969, les Etats-Unis annoncent un bilan effrayant. “Mille morts aux U.S.A. en une semaine”, peut-on lire dans Sud-Ouest le 29. Deux semaines après : “Grippe : 2 850 morts en une semaine' en Grande-Bretagne.” Mais dans les médias français, aucune mention n’est faite d’un nombre de morts important dans l'hexagone. 

Il faudra attendre 2003, et les recherches de l’épidémiologiste français de l’Inserm, Antoine Flahault qui s'est penché sur les chiffres de la surmortalité à cette période pour mettre en évidence que ce mois de décembre 1969 a été meurtrier en France. Très meurtrier. 25.068 morts seraient dûs à la grippe. 6.158 en janvier 1970, soit 31.226 en deux mois.

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