Une étudiante infirmière de Pontivy : « Nous ne sommes pas des larbins »

Pierre Bernard

Par Pierre Bernard

Marie (*), étudiante à l’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) de Pontivy, est en stage à l’hôpital de Kério, en cette période de pandémie de Covid-19. Elle est payée 38 € la semaine. Et aimerait davantage de considération.

Une étudiante infirmière de Pontivy : « Nous ne sommes pas des larbins »
(François Destoc)

« Nous ne sommes pas des larbins ! » Plus qu’un souffle de désespoir, c’est un véritable cri du cœur. Un cri qui résonne dans les entrailles de l’hôpital Kério où s’escriment chaque jour, depuis le début de la crise sanitaire, de jeunes étudiants infirmiers. Des apprentis peu ravis de leur sort, selon Marie.

« Si nous n’étions pas là, il y aurait un manque, c’est évident »

38 € par semaine


Elle est Pontivyenne et a 22 ans. Infirmière, c’était son rêve de gosse. Un idéal qui depuis quelques semaines, n’est plus vraiment. « Comme d’autres, j’ai été envoyée dans un service spécifique à la mi-mars pour aider le personnel de Kério, explique-t-elle. Bien sûr, c’est très enrichissant pour nous, qui ne sommes qu’étudiants, mais je déplore les conditions de travail ». Entre les lignes, il y a les cadences infernales. « Des horaires à rallonge : 45 heures par semaine, parfois ! » Et des jours de repos au compte-gouttes. « Sur les quinze derniers jours, je n’ai eu que trois journées à la maison », s’étonne cette étudiante en deuxième année. Le tout pour… 38 € par semaine, statut de stagiaire oblige. Si elle était en troisième année, elle toucherait 12 € de plus chaque semaine.


Souvenir d’un printemps cafardeux


Et puis, aussi, il y a ce manque de statut, de reconnaissance. « Finalement, nous ne savons pas si nous sommes employés en tant qu’aides-soignants ou si nous sommes de simples stagiaires. En tout cas, si nous n’étions pas là, il y aurait un manque, c’est évident », pense l’étudiante qui, en attendant, se fait « la porte-parole de la promo ». Une promotion 2020 qui se souviendra longtemps de ce printemps cafardeux. « Il y a des coups de blues légitimes mais les étudiants sont globalement assez satisfaits de ces stages », nuance, de son côté, la directrice de l’Ifsi de Pontivy, Pascale Saint-Jalmes.

« Je ne suis plus certaine de vouloir exercer ce métier de soignant… »
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« Le but est de finaliser les stages. Quant aux indemnités, elles sont réglementaires. Nous vivons une situation de crise exceptionnelle, le dispositif est donc exceptionnel. On a proposé un accompagnement psychopédagogique aux étudiants. Cette expérience va les aider pour plus tard et cette période les a grandis professionnellement. Ils ont pris une année, ils ont pris de la bouteille ». Mais pour Marie, ces temps difficiles remettent en cause une vocation. « Je suis un peu dégoûtée par le métier, regrette la Pontivyenne. Nous sommes beaucoup à être déçus. Nous ne sommes pas reconnus ! Je vais terminer mon cursus mais je ne suis plus certaine de vouloir exercer ce métier de soignant par la suite… »

* Prénom d’emprunt.
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