Après le choix de Vivendi de céder sa filiale SFR à Numericable, le gouvernement va continuer à œuvrer pour une consolidation du marché des télécoms français. Entendu par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, Arnaud Montebourg, le ministre de l'économie, qui avait publiquement pris parti pour Bouygues, l'autre prétendant au rachat de SFR, a défendu l'implication du gouvernement dans ce dossier.
Sans cette intervention, « on n'aurait parlé que de gros sous », a estimé devant les députés le ministre, selon lequel le gouvernement a permis que l'emploi, les investissements et le patriotisme économique soient au cœur des discussions. Le rapprochement SFR-Numericable « va conduire à une redistribution, certainement, des cartes dans le secteur », a estimé Arnaud Montebourg, soulignant qu'il fallait s'interroger sur les perspectives pour les deux autres opérateurs plus petits, Bouygues et Free.
Le ministre a rencontré mardi l'actionnaire majoritaire de Numericable, Patrick Drahi, ainsi que le PDG de Bouygues, Martin Bouygues. Il a réaffirmé que la France avait besoin d'opérateurs puissants, capables d'assumer les investissements nécessaires au déploiement du très haut débit sur le territoire. :
« Il y en a deux petits qui subsistent dont on peut se demander quel sera, pour l'un et pour l'autre, leur avenir s'ils ne fusionnent pas, ce qui ne semble pas pour l'instant d'actualité. Notre politique de reconsolidation du secteur, du retour à trois, reste d'autant plus d'actualité. Nous allons y travailler activement. »
VIGILANCE SUR SFR
Arnaud Montebourg a dit avoir reçu une lettre de Patrick Drahi dans laquelle ce dernier réaffirme ces engagement en matière d'emploi, d'investissements et de très haut débit. L'entrepreneur milliardaire, qui a bâti sa fortune en rachetant des actifs du câble, a également proposé que sa société Altice, la maison-mère de Numericable basée au Luxembourg, soit cotée sur Euronext à Paris et plus seulement aux Pays-Bas. « Des engagements ont été pris et nous les ferons respecter », a ajouté le ministre, avant d'énumérer les points sur lesquels il entendait rester vigilant.
Il a ainsi estimé que les engagements d'investissements du repreneur de SFR sur les projet de réseaux d'initiative publique en fibre optique n'étaient pas totalement au niveau des promesses faites par l'opérateur.
Il a également prévenu que le gouvernement surveillerait l'impact de l'opération sur les sous-traitants, pour lesquels il n'existe pas actuellement de statistiques d'emploi précises. « Nous allons continuer notre amicale pression », a résumé le ministre qui avait à ses côtés la nouvelle secrétaire d'Etat Axelle Lemaire, nommée quelques heures plus tôt et à laquelle incombera le grand chantier du numérique.
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