ENVIRONNEMENT - Une page se tourne. Ce jeudi 16 avril, la maison d’édition espagnole Tusquets Editores a annoncé dans un communiqué le décès de l’un de ses écrivains phares, le romancier chilien Luis Sepulveda. Il est mort à l’âge de 70 ans des suites du coronavirus.
Vivant en Europe depuis les années 1980, Luis Sepulveda est l’auteur d’une vingtaine de romans, chroniques, récits, nouvelles et fables pour enfants traduits dans une cinquantaine de pays, dont son best-seller Le vieux qui lisait des romans d’amour.
Le texte, adapté à au cinéma en 2001 par Rolf de Heer, lui a offert une renommée internationale. Son histoire, elle, se déroule au fin fond de l’Amazonie. Là-bas réside un certain Antonio José Bolivar qui, après le départ des populations, fait le choix de vivre en autonomie, bien décidé à affronter seul une faune et une flore hostiles aux hommes.
Ode à la nature, le récit s’apparente à un “plaidoyer pour la vie”, note L’Express. Pas n’importe laquelle, “une vie qui ne saurait ignorer les lois de la nature”. Quand il paraît en 1992, l’ouvrage d’une centaine de pages témoigne de l’intérêt prépondérant de son auteur pour l’écologie.
Des chats, des chiens, un escargot et des baleines
Cet engagement ne sort pas de nulle part. “J’ai eu la chance d’avoir une formation marxiste. J’ai appris à penser ce dans quoi je vis, même si ça ne me plaît pas”, confiait-il dans les colonnes de Libération au mois de mars 2017, avant d’alerter sur les élevages de saumons bourrés aux antibiotiques.
Luis Sepulveda était un amoureux des animaux. Ils sont le fil rouge de ses histoires. Dans Histoire d’un chien mapuche, un canidé, “affamé et prisonnier”, guide une bande d’hommes à la poursuite d’un Indien dans la forêt d’Araucanie. “En courant après lui, le chien retrouve les odeurs qui ont marqué son enfance [...] et c’est la piste de sa propre histoire qu’il finit par remonter”, note cette chronique de Libération.
Avec Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur, c’est un colimaçon qui prend la parole. Au Mexique, un chat et une souris deviennent amis dans un ouvrage de 2012. En 2019, une baleine blanche livre, elle, son point de vue sur la traque dont elle est victime par les hommes.
La nature reprend ses droits
Ces prédateurs humains, l’auteur les dénonçait déjà en 1992 dans Le monde du bout du monde. Les mots de l’écrivain dans ce conte, qui décrit entre autres d’une chasse illégale de baleines, parlent d’eux-même. “Je trouve parfois les dauphins beaucoup plus sensibles que les êtres humains, et plus intelligents. C’est l’unique espèce animale qui n’accepte pas de hiérarchie. Ce sont les anarchistes de la mer”, peut-on lire dans le roman.
Humaines et sensibles, ses fables animalières sont le reflet émouvant d’un appel au secours d’une faune qui se meurt, comme le souligne ActuaLitté. Elles trouvent écho dans l’actualité de ces dernières semaines.
Ce dimanche 12 avril, deux daims se sont baladés dans les rues désertes de Boissy-Saint-Léger, en banlieue parisienne. Quelques jours plus tôt, des rorquals avaient été aperçus dans les Calanques, près de Marseille. Vidés de leurs touristes, les canaux de Venise attirent, eux, de nouveau les bancs de poissons. À croire que les histoires de Luis Sepulveda ne sont peut-être pas si anodines que ça.
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