Christophe: «Pardonnez le désordre, il va falloir que je sévisse»
En novembre 2019, le musicien, décédé jeudi, jouait en solo à Morges. Nous reproposons une rencontre, à la nuit tombée, dans son appartement parisien, à évoquer une vie à chercher, parmi les bruits, la musique
Le chanteur d'«Aline» et les «Mots Bleus», et de sublimes albums dans les années 2000, est mort à 74 ans des suites d'une maladie pulmonaire.
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«Pardonnez le désordre, il va falloir que je sévisse.» Sur la table, à côté de la chaise à encadrement rouge, siège tapissé de panthère, il a déposé une flûte de roseau, deux haltères minuscules et mauves, une incroyable boîte à réverbération qu’on a dessinée pour lui, deux œuvres d’art pliées, du vin argentin, une lampe en cristal gravé, une ancienne édition des Fleurs du mal, une histoire du film de vampires, du vin argentin, des vêtements de peau. Les hommes doivent ici voler leur place aux choses. Ce n’est pas un inventaire, c’est un diorama. L’appartement de Christophe sur un boulevard parisien. Pour qu’on reconnaisse la porte, il a laissé sur le bouton un signe d’hôtel où il est inscrit: Marilyn.
Il parle si doucement, la bouche pleine de chuintantes, des miroirs bleus toujours posés sur le regard, tellement timide qu’intimidant, on a oublié que Christophe est d’une drôlerie cinglante. Il passe sa vie à se moquer de lui-même, de ses obsessions, de son petit pull de marin rouge. A 74 ans, il sort comme un enfant la vidéo de ses dernières vacances sur un bateau de bois vieux, il y a sa copine jeune qui houle sur la houle, il rigole, il aimerait repartir illico. «Si je n’avais pas besoin d’argent, je resterais sur l’eau, pour l’éternité. Enfin, je dis ça, comment, ce n’est pas certain. J’aime le son.»