Il y a quelques semaines, le télescope spatial Hubble avait pointé des quasars dont les vents, comparés à des tsunamis cosmiques, étaient capables d’affecter la matière à l’échelle d’une galaxie entière. Aujourd’hui, des chercheurs annoncent avoir mis la main sur un quasar à l’origine d’une tempête encore plus violente. 


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    Il est situé à quelque 10 milliards d'années-lumière de notre Terre. Les astronomesastronomes l'appellent SDSS J135246.37+423923.5. Et des chercheurs du National Optical-Infrared Astronomy Research Laboratory (NOIRLab - États-Unis) viennent de l'identifier comme le quasar à l'origine du ventvent le plus énergétique jamais observé. Ce dernier souffle dans sa galaxie hôte à près de 13 % de la vitesse de la lumière !

    Rappelons que les quasars sont des objets extraordinairement lumineux, dont le nom renvoie à l'apparence quasi stellaire de ce type de sources radio. On les trouve au centre de galaxies massives. Ils sont constitués d'un trou noir supermassif entouré d'un disque de gaz. Leur luminositéluminosité peut éclipser celle de toutes les étoilesétoiles d'une galaxie. Et leur souffle peut être tellement puissant qu'il balaie littéralement la matièrematière dont la galaxie se sert pour former des étoiles.

    Le souffle de SDSS J135246.37+423923.5 est fou et puissant.

    « Des vents à grande vitesse avaient déjà été observés dans des quasars. Ils étaient minces et vaporeux. Ils ne transportaient qu'une quantité relativement faible de matière », précise Sarah Gallagher, astronome à l'Université Western (Canada) dans un communiqué du NOIRLab. « Le souffle de SDSS J135246.37+423923.5, en comparaison, entraîne une énorme quantité de matière à des vitessesvitesses incroyables. Il est fou et puissant et nous ne comprenons pas comment c'est possible. »

    Cette vue d’artiste montre la partie centrale de la galaxie hôte du quasar SDSS J135246.37+423923.5 vu aux longueurs d’onde infrarouges. Le vent qui en émane est transparent à ces longueurs d’onde. De quoi offrir une vue dégagée sur le quasar. © <em>International Gemini Observatory/NOIRLab/NSF/AURA/P. Marenfeld</em>
    Cette vue d’artiste montre la partie centrale de la galaxie hôte du quasar SDSS J135246.37+423923.5 vu aux longueurs d’onde infrarouges. Le vent qui en émane est transparent à ces longueurs d’onde. De quoi offrir une vue dégagée sur le quasar. © International Gemini Observatory/NOIRLab/NSF/AURA/P. Marenfeld

    D’autres quasars de ce type à découvrir

    « La tempêtetempête que déclenche SDSS J135246.37+423923.5 est tellement épaisse, qu'il est difficile de distinguer la signature du quasar lui-même à des longueurs d'ondelongueurs d'onde visibles », raconte Hyunseop Choi, coauteur de l'étude. C'est grâce aux données recueillies par le spectrographe infrarouge du télescopetélescope Gemini Nord (Hawaï) et à une nouvelle méthode de modélisationmodélisation informatique que les chercheurs du NOIRLab ont pu s'en faire une image plus précise.

    Le fait que ce quasar avait déjà été observé, sans attirer l'attention, laisse imaginer qu'il pourrait se cacher d'autres objets de ce type ailleurs dans l'UniversUnivers. « D'autant que SDSS J135246.37+423923.5 ne présente ni les raies d'émissionémission marquées ni la couleurcouleur bleue que les logicielslogiciels utilisent habituellement pour identifier les quasars », ajoute Hyunseop Choi.

    À noter par ailleurs que les chercheurs du NOIRLab sont aussi parvenus à déduire de leurs travaux la massemasse du trou noir alimentant SDSS J135246.37+423923.5. Il s'agirait d'un objet monstrueux. De 8,6 milliards de fois la masse de notre SoleilSoleil, soit environ 2.000 fois celle du trou noir situé au centre de la Voie lactéeVoie lactée !