L’horreur à Molenbeek, une femme de 39 ans défigurée à vie par son ex-mari: “Malgré ses plaintes, la police lui a dit qu’elle ne pouvait rien faire”
Après des menaces de mort vendredi passé, le commissariat avait répondu qu’ "on ne pouvait rien faire".
- Publié le 18-04-2020 à 08h46
- Mis à jour le 20-04-2020 à 07h48
Après des menaces de mort vendredi passé, le commissariat avait répondu qu’"on ne pouvait rien faire".
Lundi passé, une jeune femme âgée de 39 ans a été victime de multiples coups de couteau, portés entre autres dans le visage, alors qu’elle était confinée chez elle avec son petit garçon, rue Osseghem à Molenbeek.
L’auteur présumé des faits, son ex-mari, a été interpellé mardi. Le juge l’a inculpé et placé sous mandat d’arrêt, confirme Stéphanie Lagasse, porte-parole du parquet de Bruxelles.
À l’arrivée des secours, la victime gisait, inconsciente, dans le salon. La police allait faire la découverte de son fils, un petit garçon de 5 ans. L’auteur des faits l’avait enfermé dans la cave.
La jeune femme savait. Elle avait déposé de très nombreuses plaintes depuis cinq ans, et encore le vendredi précédent, après avoir reçu de nouvelles menaces de mort.
"Elle est défigurée. De la façon dont il l’a frappée, c’était pour la tuer. On aurait pu éviter de telles choses si la police et la justice avaient fait le nécessaire."
Les photos, épouvantables, parlent mieux que tous les discours. Elles montrent un visage complètement défiguré. Les cicatrices sont à vif. "Psychologiquement, elle est anéantie, détruite. Elle devra vivre toute sa vie avec ce visage détruit. Des cicatrices comme celles-là ne partiront pas."
Selon les premiers éléments, son ex-mari, Mohamed Daly, 34 ans, de Berchem-Ste-Agathe, avait gardé un double des clés de l’immeuble où la jeune femme vit en appartement. Lundi vers 19 h 40, il s’est introduit dans l’immeuble. Il s’est emparé de l’enfant et l’a enfermé, le laissant hurlant dans le noir total. Puis, montant les escaliers armé d’un couteau, il a frappé son ex qui allait libérer son fils. Daly a frappé dans le crâne, dans la nuque et dans le visage en visant les yeux. Des voisins ont entendu les cris. Et l’auteur a pris la fuite, laissant sa victime pour morte. Celle-ci a été transportée aux urgences.
Condamné en 2006 pour avoir tué un cousin
Le couple a été marié. La jeune femme s’est séparée de son conjoint début 2015. Elle était enceinte et son mari continuait de la battre. Depuis la séparation, depuis cinq ans, elle a déposé de très nombreuses plaintes pour harcèlement, coups et blessures et menaces de mort.
Nous savons que Mohamed Daly a été condamné en 2006 pour avoir tué un cousin, à l’aide d’un couteau, au parc Maximilien.
Les violences envers son ex-femme amènent la police à intervenir. En mai 2016, Mohamed Daly est privé de liberté et conduit chez un juge d’instruction.
Le juge a devant lui six plaintes, certaines émanant de membres de sa propre famille. Le 15 mars 2015, pour avoir saisi l’un d’eux à la gorge et lui avoir donné des coups de pied ; le 25 avril 2015, pour avoir harcelé son ex-femme par SMS et coups de fil ; le 18 août 2015, pour s’être introduit chez elle et l’avoir frappée au visage ; le 29 septembre, pour l’avoir menacée de mort ; le 7 octobre, pour avoir défoncé sa porte. Enfin, le 8, pour avoir frappé sa mère.
Le juge décide de le laisser en liberté (sous conditions, comme celle de chercher du travail).
Son ex-femme a continué de déposer des plaintes, sans effet. Elle ira jusqu’à déménager en province sans donner l’adresse à personne.
Vendredi passé, trois jours avant les faits, elle revient au commissariat après de nouvelles menaces de mort. "La police , nous dit-on, lui a répondu qu’elle ne pouvait rien faire."
Selon le parquet, Mohamed Daly "est inculpé pour coups et blessures volontaires. Il comparaîtra lundi devant la chambre du conseil". Celle-ci décidera, ou non, de prolonger la détention.