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Coronavirus : Au Québec, la tragédie dans une maison de retraite désertée par les employés

Des fleurs déposées devant la maison de retraite Herron, à Dorval, où 31 résidents sont morts en deux semaines.
Des fleurs déposées devant la maison de retraite Herron, à Dorval, où 31 résidents sont morts en deux semaines. © REUTERS/Christinne Muschi
La Rédaction , Mis à jour le

Trente et un résidents d'une maison de retraite sont morts en l'espace de deux semaines au Québec, alors que le personnel soignant avait déserté les lieux par peur du coronavirus. 

Les employés apeurés par le coronavirus ont déserté la maison de retraite, laissant ses pensionnaires esseulés et sans soins. Le Québec est sous le choc depuis les révélations de la «Montreal Gazette» sur ce qu'il se passait derrière les murs du centre d'hébergement de soins de longue durée (CHSLD) Herron, à Dorval. Entre le 27 mars et le 11 avril, date d'une allocution du Premier ministre du Québec François Legault, 31 décès ont été recensés dans l'établissement de 130 résidents, dont cinq qui sont liés avec certitude au coronavirus. Avant la pandémie mondiale, l'Ehpad déclarait 3 ou 4 décès de causes naturelles par mois, précise le quotidien anglophone. 

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Le premier décès officiel du coronavirus à Herron est daté du 27 mars. Ce jour-là, sept infirmières et étudiantes infirmières ont arrêté de travailler - tous ont ensuite été testés positifs au coronavirus. Le lendemain, trois autres morts ont été recensés et la majorité du personnel a évacué la maison de retraite, dont le loyer est compris entre 3 000 et 10 000 dollars par mois pour les pensionnaires. «Tout s'est passé en trois jours, a expliqué la co-propriétaire des lieux, Katherine Chowieri à la "Montreal Gazette". On a passé des appels pour convaincre le personnel de revenir. Ils avaient peur de venir et d'être en contact avec des malades du COVID-19». Pour inciter les employés à reprendre leurs postes, des augmentation de salaires ont été proposées, sans succès.

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Des résidents pas nourris, pas lavés, deux morts découverts dans leurs lits...

Le Premier ministre du Québec a reproché aux propriétaires de la résidence Herron de ne pas avoir informé le CIUSSS (un organisme public du ministère de la Santé et des Services sociaux) de leur situation. C'est une infirmière dans un hôpital -cherchant à joindre par téléphone l'Ehpad et qui est allée sur les lieux après avoir prévenu les autorités sanitaires et la police- qui a découvert dans quelle détresse se trouvaient ses résidents. Certains d'entre eux n'avaient pas bu ni mangé depuis plusieurs jours, d'autres, qui n'avaient pas été changés, étaient couverts d'excréments. Deux autres ont également été retrouvés sans vie dans leurs lits. Quand l'infirmière a donné l'alerte, il ne restait que deux employés dans l'établissement selon le journal. 

Depuis l'éclatement de l'affaire, les propriétaires de la maison de retraite et les autorités sanitaires se renvoient la responsabilité face à cette situation. Dans les médias, le passé judiciaire du président du groupe Katasa -qui possède l'établissement- a refait surface. Samir Chowieri a notamment été condamné pour complot d’importation de drogue et à six mois de détention pour complot pour fraude dans les années 80 et a également à son actif des «infractions aux lois fiscales impliquant ses entreprises», relate «La Presse» .

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Cette situation «n'est pas acceptable», a réagi François Legault. «On s’assure que les employés n’ont pas de passé criminel, mais on aurait peut-être accepté que des dirigeants, des propriétaires de CHSLD aient un passé criminel. Donc, j’ai demandé qu’on revoie tout ça». Le Premier ministre a ordonné plusieurs enquêtes, dont une de la police criminelle, pour faire la lumière sur ce drame. Une procédure de demande d'action collective a par ailleurs été déposée au nom des 130 résidents contre le centre Herron, réclamant au total plus de 5 millions de dollars canadiens pour «traitement inhumain et dégradant». 

François Legault a également lancé un appel pour des renforts de personnels soignants dans les établissements pour personnes âgées au Québec, estimant un besoin d'environ 2 000 de travailleurs de la santé dans ce type de lieux. 

Le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a lui annoncé vendredi l'envoi de 125 membres des forces armées pour aider le personnel des CHSLD du Québec. La province comptait vendredi 17 avril 688 morts du coronavirus, soit la moitié du bilan national de 1 354 décès. 

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