Covid-19. Des agents de l'hôpital du Rouvray victimes d'une « chasse aux lanceurs d'alerte » ?

Une enquête administrative a été lancée au sein de l'hôpital du Rouvray de Sotteville-lès-Rouen à la suite de « propos injurieux et diffamatoire », en pleine crise du coronavirus.

Une enquête administrative a été ouverte par la direction de l'hôpital du Rouvray de Sotteville-lès-Rouen pour confondre les opposants à la gestion de la crise du coronavirus.
Une enquête administrative a été ouverte par la direction de l’hôpital du Rouvray de Sotteville-lès-Rouen dans le but de sanctionner les personnels ayant tenu des propos « injurieux et diffamatoire ». (©RT/76actu/archives)
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Des sanctions disciplinaires à l’encontre de plusieurs agents du centre hospitalier du Rouvray de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), pourraient être prononcées à l’issue d’une enquête administrative ouverte début avril 2020, en pleine crise sanitaire du coronavirus. « La direction ayant était informée de la publication sur les réseaux sociaux de propos injurieux et diffamatoires de la part de certains agents », indique l’hôpital.

Selon nos informations, depuis le 2 avril, sept agents de fonctions différentes ont été convoqués. Certains avaient ouvertement dénoncé le manque de masques pour se protéger du Covid-19. D’aucuns sont persuadés qu’il s’agit d’une « chasse aux sorcières » pour « intimider les lanceurs d’alerte ». Mais cette enquête administrative ne serait que les stigmates du combat mené au printemps et à l’été 2018.

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Propos injurieux, « likes » de commentaires Facebook…

Tout est parti d’une publication Facebook datée du 30 mars et de prises de positions tenues dans notre média 76actu. La page des Blouses noires diffusait une note interne de la direction dans laquelle il était écrit que les masques portés par les soignants devaient être mis à sécher et réutilisés. De plus, toujours selon cette note, le port du masque pour les patients potentiellement atteints du Covid-19 est jugé « inutile ». « Un scandale d’État », pour le syndicat Sud.

https://www.facebook.com/PageBlousesNoires/posts/2803522019768571

Cette publication Facebook a été partagée et commentée allègrement, avec virulence parfois. C’est alors que les convocations ont débuté pour « propos injurieux » à l’égard de la direction, non respect du devoir de réserve, utilisation abusive du mailing de l’hôpital et même des « likes » de commentaires sur Facebook jugés inappropriés. Pourtant, la direction elle-même a reconnu avoir « alerté l’Agence régionale de santé (ARS) de la pénurie de masques au sein de l’établissement », « dès le début du mois de mars ».

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Seulement, une ligne semble avoir été franchie. Des captures d’écran ont été faites, avec constatations par huissiers et présentées lors des entretiens. « Pour certains d’entre nous, nos comptes sont bien verrouillés, donc il y a dû avoir de la délation », s’inquiète une personne salariée de l’établissement. « Nous nous attendons à d’autres convocations de personnels qui sont actuellement en arrêt maladie », glisse une autre.

Ces agents hospitaliers risquent au mieux un blâme, au pire un licenciement. De nombreuses personnes contactées ont d’ailleurs accepté de témoigner sous couvert de l’anonymat. « C’est une chasse aux sorcières menée à l’arrache pour nous faire taire. Et ça marche, parce qu’on l’ouvre un peu moins depuis », constate une autre personne.

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« Ils veulent savoir qui se cachent derrière les Blouses noires »

Pour une des personnes potentiellement inquiétées, le fond de l’affaire est « qu’ils cherchent à démasquer ceux qui se cachent derrière le groupe des Blouses noires, actif dans l’hôpital, qui a gêné à de multiples reprises la direction ». Selon elle, « on nous en veut encore d’avoir arraché 30 postes à l’ARS en 2018 ».

Cette source fait référence ici au combat mené par une large partie du personnel de la psychiatrie dans lequel l’hôpital du Rouvray s’est révélé être l’épicentre. Les agents convoqués par la direction de l’hôpital de Sotteville-lès-Rouen sont tous syndicalistes ou personnels militants biens connus, engagés dans différentes luttes.

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Les Blouses noires ont été créées durant le combat du centre hospitalier du Rouvray de mars à juin 2018.
Les Blouses noires ont été créées durant le combat du centre hospitalier du Rouvray de mars à juin 2018. (©RT/76actu/archives)

« La réserve de masques est satisfaisante »

Pour Marc-Aurélien Ducourtil, syndicaliste Sud, il s’agit « d’une chasse aux lanceurs d’alerte » :

Si on n’avait pas gueulé, on serait toujours en train d’étendre nos masques sur une corde à linge. En contrepartie, on se retrouve convoqué.

Car tous reconnaissent que la situation s’est améliorée depuis la divulgation de la note interne. Le 24 mars, l’établissement a été destinataire d’une dotation de 7 800 masques, « alors même que le besoin hebdomadaire minimum s’élève à 10 000 masques afin d’équiper l’ensemble des professionnels de santé, au regard de la situation actuelle », indique la direction dans un communiqué de presse daté du 2 avril.

Le centre psychiatrique affirme avoir, le 31 mars, « réceptionné une dotation de 25 300 masques chirurgicaux ». Dotation renouvelée chaque semaine. Pour la direction du centre, « la réserve de masques chirurgicaux du CH Rouvray est à ce jour satisfaisante ». Pour les soignants, l’affaire semble réglée, « mais nos patients n’ont toujours pas de masques », s’inquiète une employée.

Selon nos informations, au 19 avril, trois patients ont été testés positifs au Covid-19 et une soixantaine d’agents du Rouvray présentaient les symptômes de la maladie.

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