INTERVIEW. Faire le deuil d'un proche en plein confinement, "un processus complexe"

Michel Adam est président de l'association Vivre son deuil Normandie. Il a une formation pour écouter les endeuillés. Pour lui, le confinement peut perturber le processus de deuil.

Le confinement mis en place en France n'épargne pas les obsèques: les funérailles dans la plus stricte intimité sont désormais appliquées à la lettre, perturbant l’indispensable travail de deuil.
Le confinement mis en place en France pendant la crise du Covid-19 perturbe l’indispensable travail de deuil de ceux qui ont perdu leurs proches. (©Illustration/Adobe stock)
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Pour Michel Adam, le président de l’association Vivre son deuil Normandie, qui possède six antennes dans la région, le processus du deuil est très perturbé pendant la crise sanitaire du Covid-19 et le confinement.

Pendant le confinement, les cérémonies d’obsèques sont fortement perturbées. Elles sont limitées à 20 personnes du premier cercle familial de la personne décédée, et impossible pour les proches qui vivraient éloignés de s’y rendre.

Celui qui a une formation pour écouter les endeuillés, comme la plupart des bénévoles de l’association, assure que sans les rituels, la perte d’un proche peut être encore plus douloureuse.

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Normandie-actu : En plein confinement, le fait de ne pas pouvoir faire les rituels funéraires peut-il engendrer un deuil plus difficile ?
Le fait de ne pas voir son proche une dernière fois, de ne pas pouvoir assister à la mise en bière, de ne pas pouvoir organiser de funérailles, de rassemblements… risque d’engendrer des deuils plus complexes. Les rituels funéraires existent depuis la nuit des temps, et en être privé peut perturber les endeuillés.

Cependant, même sans les rituels, le processus de deuil s’enclenche. Et c’est souvent entre six mois et deux ans après le décès de la personne proche que les gens nous appellent ou viennent nous voir. Quand la personne prend vraiment conscience que son proche n’est plus là.

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C’est là qu’intervient souvent la culpabilité du proche : « Je n’ai pas pu lui dire ça, faire ça… avant qu’il ou elle parte. » Comme nous vivons une situation que nous n’avions encore jamais connue jusqu’à présent avec le Covid-19, on ne sait pas du tout comment les gens vont réagir par rapport à cette culpabilité.

Vont-ils être encore plus perturbés ? Ou au contraire, l’être un peu moins ? Car s’ils n’ont pas pu être là pour leur proche, ce n’est pas de leur faute. Le Covid-19 est un cas de force majeure.

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Organiser une cérémonie après le confinement

Que faire pour mieux vivre son deuil en plein confinement ?
Organiser une cérémonie après le confinement peut être une bonne idée. Mais la clef pour mieux vivre un deuil, c’est d’en parler entre proches, entre amis, entre individus. Nos bénévoles sont d’ailleurs toujours au bout du fil pour ceux qui le souhaitent.

C’est très important de parler car « lorsque les mots ne viennent pas au bout des lèvres, ils s’en vont hurler au fond de l’âme ». C’est une citation du poète Christian Bobin qui est notre devise dans l’association. Quand la souffrance reste interne, elle est source de beaucoup de maladies, des maladies souvent sous-jacentes qui se déclenchent après un deuil, comme de l’eczéma, du psoriasis…

Dans la vie, on s’attache constamment à quelque chose, que ce soit une maison, un animal, un homme, une femme… Et quand il y a des ruptures avec cet attachement, cela provoque le même mécanisme qu’un deuil. C’est pour cela qu’il faut en parler avant que cela ne se transforme en mal-être profond.

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Recevez-vous plus d’appels en ce moment sur la ligne téléphonique de Vivre son deuil ?
Non, pas spécialement. C’est comme si le confinement repliait les gens sur eux-mêmes. Pourtant, notre ligne est toujours accessible six jours sur sept, du lundi au samedi.

Il ne faut pas hésiter à nous appeler, car parler à une personne extérieure peut faire du bien. Même si nous ne nous substituons pas à un proche, nous pouvons apporter des compléments et aider à dénouer des nœuds. 

Infos pratiques :
Six jours sur sept, du lundi au samedi, vous pouvez téléphoner à Vivre son deuil Normandie pour discuter avec un écoutant au 02 31 28 20 16.

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