“Le téléphone de la police n’arrête pas de sonner”, constate Der Standard, car “les Français dénoncent leurs voisins”. C’est le cas de “monsieur Dupont” qui, “debout derrière ses rideaux, regarde les enfants jouer dans la rue, avant de composer le 17”, décrit le quotidien autrichien. Ou bien, parfois, dans une lettre qu’il laisse anonyme, “il se plaint de quelques riverains qui ne respectent pas le confinement”.

Si d’autres “informateurs sont plus subtils” que M. Dupont, les dénonciations, pourtant assez “taboues” en France, sont de plus en plus courantes pendant cette pandémie, poursuit le journal. Dans certaines zones de l’Est de la France, elles représentent même près de 70 % des appels d’urgence, explique un membre du syndicat de police Alternative :

On nous dit qu’une personne a promené son chien quatre ou cinq fois dans la même journée ; qu’une autre est allée faire des courses à plusieurs reprises ou encore que des jeunes ont fait du sport.”

Dans certains cas, inspirée par la volonté de nuire, la dénonciation confine à la délation. Sans compter les plaintes qui ciblent les personnels soignants : mi-avril, un couple a même été condamné à Bayonne parce qu’il envoyait des lettres à des voisines infirmières, les incitant à déménager.

La figure du corbeau

“La raison de ces comportements est, bien sûr, la crainte d’une infection par le Covid-19”, indique Der Standard. Et, dans la plupart des cas, “ceux qui s’autoproclament ‘gardiens de l’ordre public’ restent anonymes. Un peu comme la légendaire figure du ‘corbeau’, présent dans de nombreux films policiers français”.

Mais ces attitudes divisent. Si certaines municipalités sont allées jusqu’à les encourager – comme à Montgeron, dans l’Essonne, où la maire a invité les habitants à signaler les entorses aux mesures du confinement –, d’autres appellent au contraire “ouvertement à s’abstenir de dénoncer”.

C’est le cas dans le XXe arrondissement de Paris, rapporte le journal autrichien. Interrogée, la municipalité souligne ainsi : “Nous recevons une avalanche de dénonciations, d’appels téléphoniques, de mails, voire de photos. Mais il est tout simplement interdit de prendre en photo, depuis sa fenêtre, des parents qui se dégourdissent les jambes avec leurs enfants !” Surtout, rappellent les élus, “les numéros d’urgence, comme leur nom l’indique, doivent être réservés aux situations d’urgence”.