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En plus du Covid-19, la Thaïlande redouble d’efforts pour lutter contre une épidémie de peste équine

Plusieurs centaines de chevaux en sont déjà morts

Luttant déjà activement pour enrayer la propagation du nouveau coronavirus, la Thaïlande doit aujourd’hui faire face à une épidémie de peste équine (AHS) ayant entraîné la mort de plusieurs centaines de chevaux au cours des trois dernières semaines.

Un virus dévastateur

Alors que les propriétaires d’équidés isolent leurs animaux afin d’éviter qu’ils ne soient piqués par les moucherons, responsables de la propagation de la maladie, et que les autorités vétérinaires du pays multiplient les tests de dépistage et ordonnent la vaccination de milliers de chevaux, ânes et mules, certains scientifiques soupçonnent les zèbres importés d’Afrique d’avoir conduit à son apparition soudaine sur le territoire thaïlandais. Selon les experts, il s’agit de la première épidémie majeure de la maladie en dehors du continent africain depuis trois décennies.

« Une épidémie durable et persistante de peste équine qui s’étendrait à d’autres pays serait dévastatrice, non seulement pour les animaux et l’industrie des courses hippiques, mais également pour certains des travailleurs les plus pauvres de la région qui dépendent des chevaux, des ânes et des mulets de traits », estime Simon Carpenter, entomologiste au Pirbright Laboratory (Royaume-Uni).

Infectant les chevaux, les ânes et les zèbres, le virus de la peste équine est généralement transmis par des moucherons de type Ceratopogonidae, que l’on retrouve dans les régions aux climats chauds et tropicaux. « Le virus provoque des maladies cardiaques et pulmonaires graves, qui tuent au moins 70 % des chevaux infectés, mais épargne les zèbres et la plupart des ânes, qui servent de réservoirs pour le virus », explique Evan Sergeant, épidémiologiste à l’AusVet Animal Health Services de Canberra (Australie).

Malheureusement, les options de traitement sont principalement limitées aux soins palliatifs, bien que l’euthanasie soit parfois recommandée en raison de la brutalité de la maladie, qui provoque de fortes fièvres, un gonflement des yeux, des difficultés respiratoires, des écoulements nasaux mousseux, des hémorragies internes et une mort subite.

Le virus n’avait plus été signalé en Asie depuis une épidémie majeure s’étant terminée en 1961, qui avait entraîné la mort de centaines de milliers de chevaux — DuxX / Shutterstock.com

Des centaines de décès déjà enregistrés en Thaïlande

À l’heure actuelle, le seul vaccin AHS disponible est basé sur une version vivante et affaiblie du virus, produisant parfois des symptômes bénins et pouvant même se propager à d’autres chevaux, mais celui-ci a permis d’éradiquer les épidémies précédentes. Selon Simon Carpenter, « bien qu’il ne s’agisse pas d’un vaccin idéal, il est loin d’être aussi mauvais que la maladie elle-même ».

L’épidémie serait apparue en Thaïlande fin février, avec la mort inexpliquée d’un cheval de course dans le district de Pak Chong, près de Bangkok. Fin mars, suite à de fortes pluies ayant favorisé le développement des populations de moucherons, plus de 40 chevaux supplémentaires ont été déclarés morts, ce qui a poussé les autorités vétérinaires thaïlandaises à lancer une vaste opération de dépistage de peste équine et à geler tous les déplacements de chevaux. Le 10 avril, la dernière mise à jour officielle du département thaïlandais du développement de l’élevage faisait état de 192 décès de chevaux dans 37 fermes équestres de course, de sport et de loisir, mais selon une source proche du ministère, un total de 302 décès avait été déclaré aux autorités 4 jours plus tard, et les chiffres continuent d’augmenter.

Les autorités vétérinaires ont ordonné des tests et la vaccination des chevaux indemnes dans une zone de 50 kilomètres autour du site initial de l’épidémie, tandis que le gouvernement a annoncé la mise en place de subventions afin d’alléger le fardeau des propriétaires d’équidés déjà durement touchés par les conséquences économiques de l’épidémie de coronavirus.

Le vaccin étant susceptible de créer des nouveaux foyers de la maladie, chaque animal vacciné est placé sous une moustiquaire dont les mailles resserrées laissent difficilement filtrer la lumière afin d’éviter qu’ils ne soit piqué par des moucherons. À l’heure actuelle, les services vétérinaires thaïlandais disposeraient d’environ 4 000 doses de vaccin.

L’importation de zèbres comme cause probable de l’épidémie

Pour certains scientifiques et propriétaires, les zèbres constituent la source la plus probable de l’épidémie. Selon eux, leurs importateurs auraient bénéficié de failles de biosécurité ayant permis de faire entrer un grand nombre d’animaux originaires d’Afrique sur le territoire thaïlandais. Un manque de contrôle contrastant fortement avec les mesures déployées pour les importations de chevaux (quarantaines strictes et inspections rigoureuses).

Comme l’explique Evan Seargeant, « les moucherons ne transmettent pas le virus par l’intermédiaire des cadavres, de la viande ou des peaux, et ils n’ont pas été documentés comme transportant le virus par voie aérienne à plus de 150 kilomètres sur terre ou 700 kilomètres au dessus de l’eau ».

Si la législation adoptée il y a deux semaines place les zèbres sous la juridiction département thaïlandais du développement de l’élevage afin de contrôler l’épidémie, le gouvernement reste extrêmement discret en ce qui concerne les importations de zèbres au cours des derniers mois et les résultats des tests actuellement menés.

La situation que traverse actuellement la Thaïlande a contraint l’Organisation mondiale de la santé animale à lui retirer son statut de « pays sans peste équine », ce qui signifie que le pays doit stopper ses importations et exportations d’espèces équines, qu’elles soient sauvages ou domestiques, et qu’une période de deux ans minimum devra être observée avant qu’il ne puisse à nouveau prétendre à ce statut.

Par Yann Contegat, le

Source: Science Mag

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