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Violences conjugales : « Le confinement est devenu un instrument supplémentaire pour les agresseurs »

Alors que les violences conjugales représentent l’essentiel des gardes à vue depuis le début du confinement, police, justice et acteurs associatifs doivent s’adapter pour protéger au mieux les victimes.

Par  et

Publié le 25 avril 2020 à 05h10, modifié le 25 avril 2020 à 20h11

Temps de Lecture 11 min.

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Manifestation des Femen à Paris, le 5 octobre 2019.

Mercredi 1er avril, tribunal judiciaire de Nanterre. Dans l’enceinte, fermée au public, résonnent les pas des policiers. Une seule salle d’audience est ouverte, où sont tranchées les demandes de mise en liberté de certains détenus, entendus depuis leur prison par visioconférence. Sont jugés, aussi, de rares prévenus en comparution immédiate, surtout pour non-respect du confinement. Quand soudain, profitant d’une suspension d’audience, la procureure de Nanterre, Catherine Denis, s’invite dans la salle et interpelle le magistrat qui préside les débats du jour.

Mme Denis souhaite qu’un certain Saïd, poursuivi pour avoir frappé à plusieurs reprises son ex-compagne, soit jugé, comme cela avait été initialement prévu un mois plus tôt. Or la procureure vient d’apprendre que l’affaire risque fort d’être renvoyée. « Là, il est là. Qu’est-ce qui s’oppose à ce qu’on le juge ?, s’étonne Catherine Denis auprès du président. Avouez que c’est quand même ubuesque. » Avant de s’en aller, elle conclut : « Je vous aurai fait part de mon incompréhension. »

Les faits : Saïd, un grand gaillard maigre d’une trentaine d’années, est poursuivi pour avoir frappé sa femme. Coups de poing, de pied, tirage de cheveux, voilà plus de sept ans que ça dure. Plusieurs plaintes ont été déposées, son casier judiciaire s’est rempli. Sa compagne a dénoncé des violences sur leurs deux enfants, de 9 et 8 ans. Le 4 mars, il a été placé en détention en attendant son procès, fixé au 1er avril. Fin mars, en pleine épidémie, sa demande de mise en liberté a été acceptée. Alors Saïd est sorti de prison, avec interdiction d’entrer en contact avec son ex-compagne. Mais il n’a pas respecté cette condition, a multiplié les menaces, et la jeune femme, inquiète, a dû quitter l’hébergement d’urgence qu’elle occupait. Nouvelle interpellation donc, le 31 mars. Le débat procédural tient en une question : Saïd, qui devait comparaître libre le 1er avril, doit-il être jugé alors qu’il est sous main de justice, et que le juge des libertés et de la détention ne s’est pas encore prononcé sur son cas ?

Nombreux reports d’audiences

Tandis que Saïd, veste de jogging et masque sur le visage, vient de s’installer dans le box vitré, la représentante du parquet, en écho à Catherine Denis, se dit favorable à une incarcération : « Je ne sais pas ce qu’il faut pour que monsieur comprenne. La seule solution c’est que monsieur soit derrière les barreaux. » Le tribunal reporte l’affaire au 13 mai. Quelques heures plus tard, ce 1er avril, le juge des libertés et de la détention a décidé de ne pas réincarcérer Saïd. « Il a maintenu le contrôle judiciaire. Fin de l’histoire, et pour l’instant sa femme est toujours en vie », raconte au Monde Catherine Denis, mi-avril. Mais la magistrate, devant les nombreux reports d’audiences, s’inquiète pour « la sécurité des victimes ».

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