Christian Estrosi veut étendre le périmètre des plages privées de Nice: la proposition fait polémique

Plages : 15 m de galets en plus qui font polémique.... Le projet du maire de Nice, Christian Estrosi, d’élargir les concessions privées pour compenser la perte de transats en raison des règles sanitaires est critiqué à gauche. Les plagistes s’expliquent

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Veronique mars Publié le 27/04/2020 à 07:20, mis à jour le 27/04/2020 à 08:02
Selon René Colomban, président du syndicat des plagistes, « les plages publiques occupent 80% du domaine public maritime». Par rapport à cette photo de l’été 2017, il faudra se plier à la distanciation sociale sur les galets en évitant d’étaler sa serviette en mode collé-serré. Cyril Dodergny

Entre les jours fériés et le beau temps, mai représente, d’habitude, pour les plagistes, le tremplin de la saison. Cette année, il aura un goût amer en raison de la crise du coronavirus. Si une bonne partie des activités sera déconfinée le 11 mai, ce ne sera pas le cas des plages, dont la date de réouverture n’est toujours pas fixée.

Pour aider les plagistes dans cette traversée du désert, le maire de Nice, Christian Estrosi, a annoncé une série de mesures : la prolongation d’un an des concessions qui viennent d’être renouvelées, l’exonération des plagistes des loyers du deuxième et troisième trimestres auprès de la Métropole pour les plagistes, l’exonération des taxes d’occupation du domaine maritime et enfin l’élargissement de leur établissement. Ils gagneront 15 mètres de galets pour installer les transats et parasols en gardant une distanciation sociale de rigueur. À peine annoncée, cette décision a suscité, à gauche, de vives réactions.

Attaques et répliques

Dans un tweet, l’avocate Mireille Damiano, tête de la liste ViVA ! (LFI, PCF, Ensemble ! et Génération.s) éliminée au premier tour des élections municipales, lance qu’« Estrosi invente le droit censitaire à la plage. » Son colistier Robert Injey, leader du PC à Nice, enfonce le clou, dans un communiqué : « Et pour les autres, touristes ou habitants qui veulent se baigner ? Entre les distances à respecter et le périmètre déjà réduit des plages publiques, Estrosi propose à ceux qui ne peuvent pas se payer un transat à la journée, d’aller voir ailleurs. » (...) Et de pester contre cette « illustration de ségrégation urbaine » en faisant référence au couvre-feu imposé dans certains quartiers.

En réponse, Rudy Salles, adjoint au maire délégué au Tourisme, fait valoir sur Twitter qu’en raison des mesures sanitaires, « les plages vont perdre la moitié des surfaces exploitables ». Et de répliquer : « Pensez aux nombreux salariés qui (y) travaillent et plus globalement qui vivent du tourisme, plutôt que de chercher des polémiques stériles. »

"Nos anciennes dimensions"

Réactions justifiées, ou bien tempête dans un verre d’eau ? Que représentent ces 15 m linéaires en plus octroyés, pour la saison, aux quatorze enseignes en baie des Anges ? Et que reste-t-il pour les plages publiques ?

« Toutes les plages privées n’auront pas 15 m de plus. L’espace accordé oscillera entre 12 à 15 mètres, nuance René Colomban, président du syndicat des plagistes. On retrouvera nos dimensions d’avant le décret 2006 sur l’occupation du domaine public maritime. » Pour le représentant des plagistes, ces 12 à 15 m de galets de plus permettront d’ajouter 30 à 40 matelas par plage. « Soit une petite bouffée d’oxygène quand un établissement de 200 matelas devra en supprimer la moitié pour respecter les règles sanitaires. »

"C’est très dur financièrement"

Et les plages publiques ? René Colomban est formel : « même avec ces 15 m de galets en moins, elles occupent toujours 80 % du domaine public maritime. »

Cet espace en plus et deux trimestres de loyers à ne pas verser à la Métropole sont des gestes que les plagistes attendaient pour « sauver les meubles ». « C’est très dur financièrement et il faut avoir les reins solides pour tenir, lâche René Colomban. Les plagistes ont fait beaucoup d’investissements dans le cadre du renouvellement des concessions pour moderniser leurs installations. Ce sont autant de commandes passées, de travaux lancés et réglés, alors que depuis la mi-mars, il n’y a aucune rentrée dans les caisses. »

Cette agitation autour des 15 m de galets en plus, l’agace. « Parce que c’est totalement stérile ! Ces gens-là feraient mieux de défendre l’emploi, fulmine Colomban. Avec le décret de 2006, les plages niçoises ont perdu 50 emplois. Si on doit diviser par deux notre capacité d’accueil, on va réduire le nombre de nos salariés. Voilà la réalité. »

Quant à la réouverture des plages, le patron des plagistes l’espère autour du 15 juin. Reste à savoir si les 14 établissements seront au rendez-vous. Avec les « gros frais d’installation et les trois mois de fermeture », le risque, selon lui, est de voir une à deux plages plonger.

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Nice-Matin

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