Las Pozas, le jardin surréaliste perdu dans la jungle mexicaine, à voir une fois dans sa vie

Niché dans une région reculée à la végétation luxuriante, Las Pozas, dans le village de Xilitla, est un jardin bétonné construit par un poète millionnaire à l'imagination débridée. Un lieu à visiter au moins une fois dans sa vie.
Las Pozas
Angelo Hornak/Corbis via Getty Images

Depuis México, il aura fallu plus de sept heures pour y parvenir. Ce n’est pas tant que Xilitla se trouve loin de la capitale mexicaine, non, c’est plutôt que les routes sont tellement sinueuses qu’il faut rouler doucement. Très doucement. Au son d’une playlist pétrie de cumbia, le voyageur est obligé de prendre son mal en patience s’il veut arriver en vie à destination. Et arriver en vie est un impondérable ; Las Pozas est le genre d'endroit que l’on visite une seule fois au cours de son existence. Autant ne pas rater le coche. À voir défiler les paysages à travers la fenêtre, on comprend pourquoi Sir Edward James, collectionneur et poète anglais « immensément riche », selon Salvador Dalí, a décidé d’installer ici le jardin de ses rêves. La Huasteca Potosina est une région isolée et luxuriante, le lieu idéal pour qui veut avoir la paix et se mettre au vert.

Angelo Hornak/Corbis via Getty Images

À la fin des années 30, Sir Edward James est à Londres. Il a hérité d’une fortune colossale de son père entrepreneur et d’un somptueux carnet d’adresses de sa mère, fille illégitime du Roi Édouard VII. Mais la vie ne lui sourit pas pour autant : sa carrière de poète ne décolle pas, son mariage est un fiasco et il dilapide sa fortune à vitesse grand V en finançant des œuvres extravagantes de Dalí, Picasso ou encore Magritte. Las de son mode de vie farfelu, il s’exile à Los Angeles auprès de Man Ray et Isamu Noguchi, avant d'atterrir au Mexique, un pays qui lui ressemble. Enfin ! Il découvre alors le village de Xilitla et en tombe éperdument amoureux. Il y a là une atmosphère unique au monde mais surtout des cascades qui le séduisent particulièrement. Il achète la propriété adjacente et décide d’y cultiver des fleurs, puis d’y faire construire son éden bétonné en pleine jungle, tout simplement. Nous sommes en 1962.

Angelo Hornak/Corbis via Getty Images

Le résultat est étonnant : des palmiers gigantesques en pierre, des colonnes imitation bambou qui ne soutiennent aucun plafond, des escalier tortueux ne menant nulle part… Las Pozas est unique, décadent, baroque et saugrenu. Pour financer ce projet colossal qui emploie les meilleurs artisans de la région, Sir Edward James vend sa collection d’art surréaliste. Il n’en verra pourtant jamais le bout, à sa mort en 1984, les lieux sont toujours inachevés.

Margaux Vanwetswinkel

Aujourd’hui, en se baladant à travers ces structures labyrinthiques splendides et peu fréquentées, on ne peut s’empêcher de penser à tout ce qui a pu s'y dérouler : des festivités déjantées, des cérémonies new age truculentes, des orgies endiablées. Ces constructions biscornues sont un hymne à la liberté dont les symboles dansent encore sous nos yeux pendant le long trajet du retour vers la capitale. Un lieu de pérégrination des amateurs du beau mais surtout du bizarre. Un sanctuaire hors de l'espace, hors du temps, comme il en reste peu.

Angelo Hornak/Corbis via Getty Images
Angelo Hornak/Corbis via Getty Images