VIDÉO. Danse déconfinée à Paris : "J'ai fait une connerie, j'ai été hypnotisée par un moment de joie"

Une vidéo montrant un groupe de personnes danser dans le 18ème arrondissement de Paris a suscité l'émoi, en plein confinement. Une participante raconte... et regrette.

Marion, comme une trentaine d'autres personnes, a dansé dans la rue, samedi 25 avril 2020, dans le 18ème arrondissement de Paris. Une scène qui a choqué et fait le tour des réseaux sociaux, en plein confinement.
Marion, comme une trentaine d’autres personnes, a dansé dans la rue, samedi 25 avril 2020, dans le 18ème arrondissement de Paris. Une scène qui a choqué et fait le tour des réseaux sociaux, en plein confinement. (©Capture d’écran Twitter / Corentin Chrétien-Droz @CocoChrist)
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« Mais quelle connerie… » Marion s’en veut, d’avoir mis le nez dehors samedi 25 avril 2020, juste avant les applaudissements. Elle s’en veut surtout de s’être laissée aller à quelques pas de danse, « seule et à distance des autres », sur un titre de Dalida joué sur enceinte dans une rue du 18ème arrondissement de Paris. « J’ai fait une connerie, j’ai été hypnotisée par un moment de joie. »

« J’ai craqué, j’ai dansé »

D’habitude, Marion entend les notes grimper par la fenêtre de son appartement de 24 m² de la rue Caulaincourt. « Ça me fait du bien, je danse à la fenêtre », raconte-t-elle. Chaque samedi depuis le début du confinement, un habitant de la place Pecqueur, adjacente, se la joue DJ « et envoie du son, pas longtemps, mais assez pour nous permettre de nous sortir la tête ».

Samedi 25 avril, le rituel hebdomadaire a pris des allures de scandale sanitaire, avec la diffusion d’une vidéo vue six millions de fois d’un groupe de personnes dansant sur Dalida – dont le buste est à quelques encablures – sur la place du 18ème. Marion, qui n’est pas reconnaissable sur la vidéo, fait partie de la troupe « déconfinée ». Elle explique à actu Paris

Je savais qu’il y aurait de la musique. D’habitude, je profite de ma sortie en fin d’après-midi. Je l’ai reculée pour voir les gens applaudir depuis la rue, pour une fois. J’étais dehors quand j’ai entendu la musique.

Marion s’est approchée. « Et là, j’ai craqué, j’ai dansé », dit-elle comme si elle avouait un crime. « C’est un délit, il n’y a pas la case ‘laissez-moi danser’ sur l’attestation », juge Marion, qui avait bien rempli son sésame pour faire le tour du quartier.

« On a trois torts : être dehors, être Parisiens, être dans le 18ème »

La scène a duré quelques minutes, « trois ou quatre,  je ne sais pas ». Jusqu’à l’arrivée de la police, dont le commissariat est proche. « Je les ai vu arriver, j’ai réalisé ce qu’il se passait, qu’on faisait n’importe quoi, je suis rentrée. » Vite partie, Marion n’a pas été verbalisée. Elle ne saurait dire si les autres l’ont été, ce qui ne semble pas avoir été le cas. La dispersion a été rapide.

Sévère avec elle-même, Marion l’est d’autant plus à la lecture des réactions aux vidéos diffusées, dont la violence a été « terrible » sur les réseaux sociaux. « J’ai l’impression d’avoir tué », lâche la jeune femme heureuse de ne pas être identifiable. Cette violence « quand même incroyable », Marion l’explique de plusieurs façons sans se dédouaner :

On a trois torts. D’abord, être dehors, bien sûr. Ensuite, d’être Parisiens, mais surtout d’être dans le 18ème arrondissement. Ça arrange tout le monde de nous fracasser, c’est facile.

Un arrondissement déjà « catalogué » comme irresponsable depuis le jour du confinement et les scènes de marché à Château-Rouge, un kilomètre plus loin. « C’était le 18ème populaire, samedi c’était le 18ème bobo », scinde Marion. « Dans tous les cas, c’est le 18ème ultra-dense, pas ultra-danse », image-t-elle. L’arrondissement compte 23 000 habitants au kilomètre carré.

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« Dès qu’il y a dix personnes dehors, on dirait qu’on est des centaines, là on était 30 max », déplore-t-elle. Elle promet : « J’ai fait une connerie, j’ai cherché un moment de joie, je n’ai pas réfléchi, je n’ai pas pensé aux soignants. Hors de question que je recommence, je danserai à ma fenêtre. Mais il faut juste comprendre qu’être cloîtrée dans 24 m², c’est pas drôle. »

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