Les Romains utilisaient déjà du ciment il y a 2 000 ans. Ils ont bâti des aqueducs, des systèmes de chauffage au sol… Et s’ils étaient aussi des maîtres en recyclage ? C’est ce que suggère Allison Emmerson, une chercheuse américaine spécialisée dans l’archéologie romaine qui a travaillé sur des fouilles à Pompéi, la célèbre citée ensevelie sous les cendres du Vésuve.

Avec d’autres scientifiques avec qui elle publie une étude le mois prochain dans une revue d’Oxford University Press, Allison Emmerson a examiné des quantités de détritus qui étaient empilés sur presque tout le mur extérieur du côté nord de la ville. “Certains des monticules mesuraient plusieurs mètres de hauteur et comprenaient des morceaux de céramique et de plâtre qui pouvaient être réutilisés comme matériaux de construction”, raconte The Guardian. Par exemple, certains murs de la ville étaient constitués de fragments d’amphores cassées, de morceaux de carreaux ou de mortier, le tout recouvert d’une couche de plâtre.

Des déchets pour des chantiers

Jusqu’à présent, on pensait que ces amas avaient été formés à la suite du tremblement de terre qui a secoué la ville dix-sept ans avant l’éruption du Vésuve. Mais, détaille le quotidien britannique, “une analyse scientifique a montré que des déchets avaient été acheminés de la ville vers des sites périphériques comparables aux décharges contemporaines, mais aussi rapatriés à l’intérieur de la ville afin de servir sur des chantiers, par exemple pour faire des sols en terre”.

Les chercheurs ont utilisé des échantillons de sols pour suivre les éventuels “mouvements” des déchets. Ceux qui correspondent aux latrines et aux fosses septiques donnent un sol particulièrement riche en matières organiques, tandis que les déchets accumulés dans la ville pour être réutilisés font un sol plus sablonneux. En outre, “l’hétérogénéité des sols permet de déterminer si les déchets ont été produits à l’endroit où ils ont été trouvés ou s’ils ont été collectés ailleurs afin d’être réutilisés et recyclés”, précise la chercheuse américaine qui conclut :

Les habitants de Pompéi vivaient à proximité de leurs déchets – une cohabitation que la plupart d’entre nous jugeraient insupportable – non parce que la ville n’avait pas les infrastructures nécessaires ou parce qu’ils ne se souciaient pas de la gestion des déchets, mais parce que l’administration urbaine répondait à d’autres principes.”