Au Salvador, les autorités mélangent à nouveau les détenus de gangs rivaux
Les autorités salvadoriennes ont pris une décision controversée : ne plus séparer les détenus issus de gangs rivaux, au risque d'un regain de violences en pleine pandémie de Covid-19.
Assis à même le sol, alignés les uns contre les autres, mains dans le dos, certains portant des masques... les images prises dans une prison salvadorienne ont de quoi marquer. Elles illustrent une décision controversée prise par les autorités du pays : ne plus séparer les détenus issus de gangs rivaux, au risque d'un regain de violences en pleine pandémie de Covid-19. Cette politique était en vigueur depuis 2002 mais a été remise en question après que les autorités ont recensé 22 meurtres vendredi, 12 samedi et cinq autres dimanche, après plusieurs semaines de calme relatif lié aux mesures de confinement. Elles estiment que les donneurs d'ordre se trouvaient derrière les barreaux.
«Les maras profitent de ce que presque toutes nos forces de sécurité sont occupées à contrôler la pandémie», a dénoncé le président salvadorien Nayib Bukele, dimanche sur Twitter. Samedi, il avait déjà déclaré l'état d'urgence dans les prisons du pays afin d'empêcher tout passage d'ordre de détenus -17 000 «maras» sont emprisonnés à travers le Salvador- à leurs troupes à l'extérieur. Vendredi 24 avril, il a ordonné pour 24 heures un rassemblement des détenus d'Izalco, où ont été prises les images montrant les hommes en caleçon et masque, collés les uns aux autres sous la surveillance de gardes armés.
Mais cette décision de mélanger les détenus de gangs rivaux «fait courir un risque absolu de mutineries ou d'assassinats sélectifs ou collectifs», a mis en garde Miguel Montenegro, coordinateur de l'ONG Commission des droits de l'Homme au Salvador (CDHES), interrogé par l'AFP. Il a déploré «une bombe à retardement», qui risquerait d'«exploser» et de faire de nombreuses victimes.