Coronavirus : en France, l'épidémie ne serait pas venue directement de Chine ou d'Italie
Une étude génétique menée par l'Institut Pasteur laisse entendre que la diffusion de l'épidémie dans l'Hexagone serait pour très peu liée à des cas importés de Chine ou d'Italie. Une troisième souche à l'origine pour l'instant inconnue expliquerait la forte diffusion de l'épidémie dans l'Hexagone.
Par Claude Fouquet
Alors que le Premier ministre vient d'esquisser le scénario de la levée du confinement en France , une étude, impliquant plusieurs scientifiques de l'Institut Pasteur vient bousculer ce que l'on pensait des origines de cette épidémie dans l'Hexagone. Et illustre la difficulté à la contenir.
Dans ces travaux, supervisés par Sylvie van der Werf (responsable du centre national de référence des virus respiratoires de l'Institut Pasteur) et Etienne Simon-Lorière (virologue dans ce même institut), les chercheurs avancent en effet que l'apparition et la diffusion du coronavirus sur le territoire français ne sont pas uniquement liées à des infections provoquées par des malades revenus de Chine, épicentre de l'épidémie, ou bien encore d'Italie (tout premier foyer d'infection déclaré en Europe).
Un groupe génétique particulier dans l'Hexagone
En procédant à des analyses pointues, les chercheurs ont en effet découvert que la principale souche du virus présente en France était liée à un groupe génétique (un « clade » dans le langage des scientifiques) qui n'avait aucun lien avec ces deux pays.
L'épidémie qui a, à ce jour, infecté 129.859 personnes et provoqué le décès de 23.660 malades en France aurait « été principalement ensemencée par une ou plusieurs variantes de ce clade », écrivent les chercheurs dans leur étude publiée sur le site bioRxiv.org . Elle se serait diffusée en France, notamment à partir du Nord, sans être repérée ni sans que l'on sache depuis quand elle était présente. Sans doute parce que les porteurs présentaient peu ou pas de symptômes et n'étaient donc pas identifiables aisément.
Cette souche a notamment été découverte chez un patient de ce groupe génétique qui n'avait pas voyagé hors de France auparavant et n'avait pas non plus été en contact avec des personnes de retour de l'étranger. D'autres patients appartenant à ce même groupe se sont par contre rendus dans d'autres pays européens, aux Emirats arabes unis, à Madagascar ou bien encore en Egypte, mais les scientifiques ne disposent d'aucune preuve laissant penser qu'ils avaient contracté la maladie dans ces pays étrangers.
Efficacité des mesures d'isolement des premiers cas
Faute de pouvoir dire d'où provient cette souche et depuis combien de temps elle circulait dans l'Hexagone sans avoir été détectée, les chercheurs estiment que leurs travaux permettent de tirer la sonnette d'alarme sur la nécessité notamment de mieux surveiller les malades asymptomatiques.
Ils estiment aussi, que les mesures d'isolement et par extension sans doute de confinement, mises en place rapidement après que les premiers cas ont été officiellement détectés le 24 janvier dans l'Hexagone, s'avèrent particulièrement efficaces puisqu'ils n'ont pas trouvé de preuve de la transmission des souches chinoise ou italienne à partir des premiers cas qui avaient été détectés.
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Claude Fouquet