Montpellier. Coronavirus / Philippe Saurel : "Je demande aux parents de ne pas mettre leurs enfants à l'école"

Si le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé la réouverture des écoles le 11 mai, le maire de Montpellier Philippe Saurel exprime son incompréhension.

Philippe Saurel fustige la communication du gouvernement.
Philippe Saurel fustige la communication du gouvernement. (©Métropolitain)
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Édouard Philippe a présenté mardi à l’Assemblée nationale, le plan du gouvernement pour sortir du confinement. Parmi les sujets abordés, la réouverture des écoles est confiée à la responsabilité des maires. À Montpellier, si Philippe Saurel prépare les 126 écoles comme cela est demandé, il marque cependant sa désapprobation totale à revoir les plus de 22 000 petits montpelliérains dans les salles de classe le 11 mai.

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Qu’avez-vous pensé des annonces d’Édouard Philippe ?

Je suis très partagé. Commençons par la partie positive. Le Premier ministre a clairement indiqué qu’il fallait des tests, des masques et qu’il fallait isoler les personnes atteintes de covid+. C’est ce que je dis depuis deux mois. Pas seulement moi, mais le comité scientifique, le conseil de l’ordre national des médecins, l’INSERM et de très nombreux professeurs de médecine, des infectiologues, des virologues…

Le point négatif c’est que nous sommes toujours dans la même imprécision pour les écoles. Rien de nouveau si ce n’est qu’il a insisté davantage sur le port des masques généralisés et, là je m’adresse plutôt aux enseignants, aux personnels et aux parents. Il a oublié d’expliquer que la rentrée se ferait par niveau ce qui montre que peut-être le gouvernement a déjà tourné la page. Les collèges et les lycées ouvriront plus loin dans le temps. En tout cas, il a clairement chargé les maires de faire le boulot.

Plus généralement, je considère que le gouvernement veut tester la fin du confinement et a demandé aux maires, plutôt à imposer aux maires, de le faire à sa place. L’éducation est la seule compétence où l’État est maître d’ouvrage et où les maires sont obligés de suivre. En ouvrant les écoles, je n’ai pas les moyens de m’y opposer même si j’ai expliqué toute ma réticence, mon incompréhension et ma désapprobation.

Allez-vous quand même mettre en place les conditions pour l’accueil des élèves dans les écoles ?

Nous avons commencé à faire une analyse très précise des 126 écoles. Certaines pourront recevoir les classes nouvellement réorganisées et pour d’autres ce sera plus compliqué. Je ferai cette analyse avec le Préfet, le Rectorat et l’ARS. Chaque fois qu’il y aura un doute, j’expliquerai pourquoi et l’école restera fermée si on n’a pas les moyens de mettre en place la réorganisation liée à la crise sanitaire.

D’autant qu’il y a un autre élément qui s’est ajouté au débat avec la maladie de Kawasaki. Cela a été dénoncé par plusieurs articles dans la presse et pour lequel Olivier Véran, sur les ondes ce matin et dans Le Monde, a dit « Je suis très inquiet ». Alors si le ministre de la Santé est inquiet pour la réouverture des écoles, je ne vois pas pourquoi le maire de Montpellier ne le serait pas au centuple puisque le gouvernement a chargé les maires de faire le travail.

 J’invite les parents à rester chez eux et je leur demande de ne pas envoyer leurs enfants à l’école.

On l’impression que le doute principal est dans l’esprit des parents qui peuvent avoir des craintes ?

Le doute principal est dans la transmission du virus. Le doute est aussi du fait de beaucoup d’atermoiements au niveau du gouvernement sur la prise de parole. Et ce n’est pas parce que l’on décrète que l’on réouvre les écoles le 11 mai que l’épidémie s’arrête. Si l’épidémie a marqué un plateau de stabilité, c’est parce que l’on a dit aux gens de rester chez eux. À partir du moment où on réouvre, on prend des risques et on le voit en Allemagne, en Chine ou encore au Japon, à Singapour et au Canada qui ont reconfiné.

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Tant qu’il n’y a pas de grande politique de santé où on teste massivement la population, et pas uniquement les clusters ou les gens malades, que l’on isole les personnes porteuses du covid-19 et que l’on incite de façon généralisée le port du masque, comme nous n’avons pas de vaccin, nous devons nous soumettre à ces règles là qui, pour moi, ne sont pas réunies. Je suis obligé d’ouvrir les écoles mais j’invite les parents à rester chez eux et je leur demande de ne pas envoyer leurs enfants à l’école.

D’autant qu’il y a la responsabilité des maires. Avez-vous des craintes vis à vis de cela ?

Il y a les responsabilités des maires et des parents car c’est sur la base du volontariat. Le gouvernement est dans la logique de « ce n’est pas nous mais les autres ». Cela ne marche pas comme cela et c’est pourquoi j’alerte depuis plusieurs semaines sur ce sujet.

Christian Estrosi à Nice a déjà lancé la distribution de masques à la population. Où en est-on à Montpellier ?

Nous n’avons pas encore reçu les masques. Dès que nous les aurons, sans doute la semaine prochaine, j’expliquerai comment nous allons faire pour les distribuer de façon équitable. Aussi bizarre que cela puisse paraître, Christian Estrosi a mis en place une plateforme numérique et il a ouvert 50 lieux dans la ville de Nice pour pouvoir les distribuer. Nous, nous n’avons pas la liste des habitants, personne ne l’a.

 

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