"C'est un monstre". Une tortue alligator découverte dans un parc de la Côte d'Azur

Aussi imposant qu’inhabituel, l’animal a été trouvé mardi dans le parc départemental de Vaugrenier (Alpes-Maritimes). Il a été confié à un particulier en attendant un accueil durable

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Laurent Quilici Publié le 30/04/2020 à 07:42, mis à jour le 30/04/2020 à 07:43
« Je lui ai donné un steak. Elle l’a avalé en un clin d’œil », s’exclame Patrick Villardry, ex-président de la société locale de défense des animaux. Photo François Vignola

"Elle m’a sectionné net le manche d’un balai d’un coup de mâchoire. C’est un monstre!" Patrick Villardry, ex-président de la Société de défense des animaux, n’en revient pas.

Mardi matin, un homme l’appelle. Il vient de trouver une tortue inhabituelle au parc de Vaugrenier (situé entre Villeneuve-Loubet et Antibes, dans les Alpes-Maritimes).

Grande et d’un aspect redoutable. Le spécimen s’avérera une tortue alligator, une espèce rare et en voie de disparition. Et très dangereuse.

La carapace hérissée de pointes, l’animal semble surgi de la Préhistoire.

"Je l’ai ramenée chez moi dans le coffre de ma voiture. Et j’ai appelé un ami animalier. Il ne voulait pas me croire. Il a fallu que je lui envoie une photo. Il m’a tout de suite dit de faire attention. Je lui ai donné un steak. Elle l’a avalé en un clin d’œil. Ça fait peur!", certifie le soldat du feu qui en a pourtant vu d’autres.

Un précédent au lac de Saint-Cassien?

Elle mesure une cinquantaine de centimètres et pèse une quinzaine de kilos. L’alligator est la plus grande tortue d’eau douce.

En 2013, une de ces tortues a sectionné le tendon d’Achille d’un enfant, sur le lac d’Irsee, en Allemagne. La ville avait offert une récompense de 1.000 euros à qui capturerait l’animal, qui n’a, semble-t-il, pas été retrouvé.

On n’en avait jamais trouvé en milieu naturel dans les Alpes-Maritimes. Des anciens se souviennent d’un spécimen qui aurait été découvert il y a des années dans le lac de Saint-Cassien (Var).

"On a appelé la direction départementale des services vétérinaires et l’Office national de chasse et de la faune sauvage. On a fini par trouver un particulier avec le certificat de capacité pour la garder. En attendant de la placer durablement", fait savoir Patrick Villardry.


"Un animal rare, protégé, et dangereux"

"Quand Patrick m’a appelé, je ne l’ai pas cru. Je suis animalier depuis l’âge de 14 ans, mais je n’en avais jamais vu, témoigne Sébastien Adde. Je ne suis pas spécialisé en reptiles mais c’est un animal rare. Et dangereux."

"C’est bien une tortue alligator, confirme Karim Daoues, gérant de la Ferme tropicale à Paris et spécialiste reconnu des reptiles. Elle a sans doute une vingtaine d’années. L’espèce est classée dangereuse en France depuis 1997. Elle n’est pas très véloce. Mais son cou a une détente rapide. Dans l’eau, elle n’attaque généralement que ses proies habituelles. En dehors, elle peut se montrer très agressive. Ses morsures sont sévères et elle souffle en même temps, ce qui est impressionnant. Les plus âgées peuvent aller jusqu’à 100 kilos.

C’est assez rare d’en trouver, ça arrive à peu près une fois par an en France."

Depuis combien de temps était-elle à Vaugrenier? "Peut-être depuis un moment. Elle était peut-être hors de l’eau parce qu’on venait de l’y abandonner. Mais peut-être aussi parce qu’elle cherchait à changer de point d’eau. C’est une espèce originaire de Louisiane [États-Unis], qui s’adapte bien au sud de la France. Son propriétaire a sans doute voulu s’en débarrasser.

"C’est une espèce protégée, qu’on ne trouve plus en animalerie en France depuis 2004, mais qu’on pouvait y acheter avant cette date. On peut aussi en trouver encore dans plusieurs pays d’Europe, qui ont chacun leurs propres règles de détention. En France, sa détention est réglementée, il faut un certificat de capacité et une autorisation d’ouverture d’établissement pour l’accueillir.

Au changement de législation en 2004, il fallait la déclarer. Peut-être qu’elle ne l’était pas. Le puçage de ces tortues n’est obligatoire que depuis quatre mois. Il y a peu de chance qu’on retrouve la personne qui l’a laissée là."

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Nice-Matin

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