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Margot Ladiray 0

« Les premiers trajets SNCF à bord de trains autonomes avec des passagers auront lieu en 2025 »

Cette interview est issue de la 7e édition du MOOK. En 196 pages, TOM convie ses lecteurs à une visite guidée des innovations technologiques marquantes en 2019 dans les deux secteurs. Le Magazine/Book mêle également des interviews d’experts en technologies, qu’il s’agisse d’acteurs du Tourisme, du Voyage d’Affaires ou d’autres secteurs, des dossiers de fonds consacrés aux innovations majeures, des études menées par des spécialistes de l’industrie, ainsi que des pages Fun plus décalées.

 


Charles Etoroma

SNCF et Thales se sont associés afin de développer conjointement les trains autonomes qui circuleront d’ici à quelques années sur le réseau ferroviaire. Conférencier lors de l’édition 2019 de VivaTech, Amine Arezki, chef de produit et stratégie sur le projet des trains autonomes pour Thales, revient sur l’impact de ses nouveaux appareils sur la mobilité de demain.

Amine Arezki, chef de produit et stratégie sur le projet des trains autonomes pour Thales

En quoi le train autonome va-t-il disrupter l’industrie ferroviaire? Quel impact cela va-t-il avoir sur le voyageur et les opérateurs ?

Le véritable objectif du train autonome est avant tout d’adresser un service de qualité aux voyageurs et aux opérateurs. La ponctualité va être améliorée grâce à des trains qui vont être en mesure de démarrer au bon moment. La conduite va être optimisée et nous allons pouvoir économiser de l’énergie. Résultat, la capacité des trains ainsi que les flux pourront être augmentés. En parallèle, nous allons pouvoir renforcer la sécurité grâce à des satellites et des systèmes qui vont nous permettre de suivre un train en temps réel. Concernant la France, les premiers essais vont avoir lieu en 2023 et les trajets avec passagers devraient débuter d’ici à 2025, selon le planning établi avec la SNCF.

Cela veut-il dire qu’il n’y aura plus de conducteur de train ?

Le train pourra effectivement fonctionner de façon totalement autonome. Ce sera aux opérateurs de décider sous quel scénario le train circulera sans conducteur, mais toujours avec une personne responsable à bord. Cela va dépendre des opérateurs, des régions et de la difficulté du trajet. Mais oui, la technologie va le permettre. Dans tous les cas, il y aura toujours des personnes qui assurent la sécurité des trains, à bord et à distance. Contrairement aux lignes de métros automatiques, comme la ligne 14 à Paris, le train autonome demandera beaucoup plus de surveillance et d’intelligence. Les conditions extérieures sont bien plus complexes.

Quel impact la 5G va-t-elle avoir sur le développement du train autonome ?

Quand on parle de train autonome, il faut toujours penser à la sécurité et au mode ‘dégradé’ en cas de problème. L’une des solutions pour palier à ce type de problématique est de pouvoir prendre le contrôle à distance du train pour l’emmener d’un point A à un point B en cas de panne. Grâce à la 5G, nous pourrions prendre les commandes et régler ce problème de latence. Un conducteur pourrait ainsi se mettre en immersion totale grâce à un système vidéo et lui permettre de piloter l’appareil comme s’il était à bord. Comme à bord du train, nous avons besoin de communiquer avec les passagers afin de leur délivrer de l’information durant leur voyage ou simplement la nécessité de faire remonter un problème lié au train. La 5G va nous permettre d’accélérer considérablement le développement du système.

Quels sont vos principaux défis à relever ?

Des défis d’ordre technologique et d’acceptabilité. Concernant la technologie, notre défi principal et d’être capable de développer une IA certifiable et explicable. A ce jour, si l’IA d’un chatbot se trompe, ce n’est pas grave. En revanche, cela peut avoir des répercussions beaucoup plus graves pour un avion par exemple. Il faut que nous soyons capables de développer un système pouvant prendre la bonne décision et d’expliquer ce processus pour pouvoir le certifier. Pour résumer, nous travaillons assidûment sur le cerveau du train. Ensuite, il y a le développement des capteurs et pour cela nous nous inspirons beaucoup du secteur aéronautique, notamment avec les capteurs Lidar. En parallèle, il faut travailler sur l’acceptabilité par l’humain. Les voyageurs n’ont pas peur de monter dans un métro automatique car l’appareil est fiable. Pour le train autonome il faut que les citoyens comprennent que c’est la même chose. La peur du robot n’est pas justifiée puisque nous ne mettrons jamais au volant une technologie si nous ne sommes pas certains d’avoir le contrôle dessus. De même que la sécurité est primordiale. Nous devons être les seuls à pouvoir prendre le contrôle de ces trains et un hacking doit être impossible.


Cette interview est issue de la 7e édition du MOOK. En 196 pages, TOM convie ses lecteurs à une visite guidée des innovations technologiques marquantes en 2019 dans les deux secteurs. Le Magazine/Book mêle également des interviews d’experts en technologies, qu’il s’agisse d’acteurs du Tourisme, du Voyage d’Affaires ou d’autres secteurs, des dossiers de fonds consacrés aux innovations majeures, des études menées par des spécialistes de l’industrie, ainsi que des pages Fun plus décalées.

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