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Le père Jean-Michel Albert est responsable au diocèse de Paris de la pastorale des funérailles, l'accompagnement des familles en deuil. Dans la ville qui a connu le plus de décès du Covid-19, il déplore que certaines familles aient été dissuadées de rendre un dernier hommage à leurs morts. Il revient également sur la décision du gouvernement qui a annoncé que les célébrations religieuses avec public ne reprendraient pas avant le 2 juin, provoquant la déception, voire la colère des évêques.
Le Point : Malgré « l'excès exceptionnel de mortalité » à Paris, selon l'Insee, les obsèques n'ont pas augmenté dans les églises de la capitale. Pourquoi ?
Jean-Michel Albert : Tout a commencé le 15 mars avec les règles de confinement édictées. Si les messes ont été interdites, les obsèques étaient le seul événement autorisé dans les églises en respectant des conditions de sécurité : vingt personnes maximum, personnel funéraire compris, toutes espacées d'au moins un siège, les personnes de plus de 70 ans étant fortement dissuadées d'y assister. Mais, en amont, beaucoup a été fait pour que les familles renoncent à accompagner leurs défunts. C'est simple, nous avons noté une baisse des cérémonies de l'ordre de 30 % alors qu'il n'y a pas eu, depuis longtemps, autant de morts à Paris. Le crématorium du Père-Lachaise a quand même doublé son activité. Pourtant 70 % des décès dans la capitale sont d'habitude suivis d'obsèques à l'église, 60 % des Parisiens ayant été baptisés.
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Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Bien sûr, il y a la peur du virus. Les gens ont également été empêchés de circuler de la province à Paris. Mais on voit de tout : certaines sociétés de pompes funèbres – il faut bien le dire, durement éprouvées – ont tendance à précipiter le mouvement, à sauter l'étape de la cérémonie religieuse, oubliant d'ailleurs qu'elle était prévue dans les contrats qu'ils ont fait signer aux personnes décédées. Les services de secours aussi. Des familles me racontent que lors d'un décès à domicile, la suite des événements leur est annoncée ainsi : « Bon, le corps part à la morgue de Rungis, il sera brûlé, on vous préviendra quand vous pourrez venir chercher l'urne. » On ne sort pas indemne de telles épreuves. Ce qui nous différencie des animaux, ce qui fait l'homme, c'est justement de rendre hommage à nos morts. J'ai vu des familles déçues et très tristes à qui on n'avait pas proposé ce qui était possible.
L'activité des églises est considérée comme moins importante que celle des loisirs puisque les magasins ouvriront avant elles.
Comment expliquez-vous qu'on néglige ainsi cet accompagnement ?
C'est un vrai sujet de société. Il y a une situation d'urgence, donc la dimension symbolique est négligée. On est assez vite prêt à l'oublier, qu'on soit croyant ou pas. Mais si cet accompagnement se résume à une minute de silence sur le parking d'un crématorium de banlieue, on n'en sort pas indemne. Si l'on ne peut plus rendre hommage décemment à ses morts, à quoi sert d'être un homme, de se battre pour la vie ? On touche ici du doigt ce qui fait l'enjeu d'une société.
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Dans son discours à l'Assemblée, le Premier ministre, Édouard Philippe, a annoncé que l'activité des églises ne pourrait reprendre normalement qu'à partir du 2 juin. Comment réagissez-vous à cette annonce ?
Cela veut dire que l'activité des églises est considérée comme moins importante que celle des loisirs puisque les magasins ouvriront avant elles. Cela traduit assez bien le fait que pour ceux qui décident, la religion est quelque chose d'agréable et de consolant en temps normal, mais que c'est aussi la première qu'on supprime quand la situation se tend.
La citation est : " le vrai tombeau des morts est le coeur des vivants "
Qui rejoint un proverbe persan : " notre vrai tombeau n'est pas la terre, mais le coeur des hommes. "
Désolé, le confinement vient à toucher mes neurones.
La citation de Cocteau est : " la tombe des morts est le coeur des vivants ".
Je comprends très bien ce que vous ressentez.
Le bon sens et le réalisme doivent guider nos conduites.
Et nous n'oublions pas nos êtres chers.
Nous les accompagnons comme nous pouvons.
Cocteau disait que : " la tombe de l'homme était le coeur de l'homme ".