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Arabie saoudite : « la majorité » de la population de La Mecque pourrait être infectée

Des sources médicales saoudiennes affirment à Middle East Eye que 70 % des habitants de la ville pourraient avoir attrapé le COVID-19
Les autorités saoudiennes ont autorisé un nombre limité de fidèles à entrer dans la grande mosquée pendant le Ramadan, le 27 avril 2020 (AFP)
Par MEE

Des tests récents ont indiqué que la propagation réelle du coronavirus en Arabie saoudite pourrait être considérablement plus élevée que les estimations officielles, affirment des sources médicales à Middle East Eye

Trois sources médicales saoudiennes haut placées estiment que près de 70 % des plus de deux millions d’habitants de La Mecque seraient porteurs du virus, selon de récents tests aléatoires effectués dans la ville sainte.

L’Arabie saoudite a jusqu’à présent enregistré 21 402 cas et 157 décès. Ce sont les chiffres les plus élevés parmi les six pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG). 

« La propagation réelle de la maladie pourrait être trois à quatre fois plus élevée que celle déclarée », assure une source à MEE sous couvert d’anonymat. « Les autorités sanitaires saoudiennes s’attendent à ce que le pic survienne en juin. »

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Les patients ont initialement été admis dans les hôpitaux publics, mais « les instructions sont désormais de les soigner dans des hôpitaux privés, car les hôpitaux publics sont débordés », ajoute une source.

Le 2 avril, l’Arabie saoudite a imposé un couvre-feu de 24 heures dans les villes saintes de La Mecque et de Médine dans le cadre des mesures visant à contenir la maladie.

Le couvre-feu a été assoupli le 26 avril, après le début du Ramadan, mais des restrictions à La Mecque sont restées en vigueur.

Un confinement national a été instauré dans le royaume le 25 mars, et il s’est accompagné d’une interdiction d’entrée et de sortie de La Mecque, Médine et Riyad, ainsi qu’une restriction des mouvements entre les treize provinces.

Il est largement admis que La Mecque, où a été imposé le confinement le plus strict, est l’épicentre de l’épidémie dans le royaume. Le hadj, le pèlerinage annuel qui voit des millions de musulmans affluer à La Mecque, doit commencer en juillet mais devrait être annulé ou raccourci.

Selon une source médicale, d’autres gouvernorats pourraient revenir au confinement total si le nombre de cas augmentait de 20 %.

Cette source précise qu’un nouvel hôpital de 500 lits a été ouvert dans la ville de Djeddah, au bord de la mer Rouge, ainsi que deux autres établissements, pour traiter le nombre croissant de cas.

MEE a contacté les autorités saoudiennes pour obtenir une réaction mais n’a reçu aucune réponse au moment de la publication.

Des « dizaines » de membres de la famille royale infectés

Mercredi, le prince Turki ben Fayçal al-Saoud, membre de la famille royale et ancien chef du renseignement, a minimisé les informations des médias suggérant que l’épidémie était plus répandue que ce qui était dit officiellement.  

Répondant à un article du New York Times publié le 8 avril, l’ancien diplomate a nié que 150 membres de la famille royale aient attrapé le virus, accusant le journal de faire de la désinformation et affirmant que le nombre réel de malades était inférieur à vingt cas.

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Le quotidien américain a rapporté que les médecins de l’hôpital King Faiçal à Riyad, où les membres de la famille royale sont traités, préparent jusqu’à 500 lits pour faire face à l’augmentation attendue du nombre de patients atteints du COVID-19 dans la famille des Saoud.

Il a également écrit que l’hôpital comprenait une aile spéciale pour traiter les membres de la famille royale, en particulier le roi Salmane, 84 ans, et ses frères. 

Le New York Times a ajouté que tous les membres du personnel malades seraient désormais traités dans un hôpital moins élitiste pour faire de la place à la famille royale susceptible d’arriver. 

Selon l’article, des dizaines de membres de la famille, dont le prince Fayçal ben Bandar ben Abdelaziz al-Saoud, gouverneur de Riyad, ont été soignés. 

Le mois dernier, MEE signalait que l’hôpital King Fayçal avait été temporairement fermé après le diagnostic positif effectué sur un membre du personnel. 

« La vérité est que seulement moins de vingt membres de la famille al-Saoud ont été infectés. Et l’hôpital n’a pas été mis à leur service. L’hôpital traite tous les citoyens et tous les habitants », a écrit le prince Turki dans le quotidien saoudien Al-Sharq Al-Awsat.

Traduit de l’anglais (original).

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