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Le chanteur Idir, l’un des principaux ambassadeurs de la chanson kabyle, est mort

L’artiste, mort samedi à Paris à l’âge de 70 ans, a connu une carrière internationale. Sa chanson en langue berbère « Vava Inouva » a fait le tour du monde.

Le Monde avec AFP

Publié le 03 mai 2020 à 03h42, modifié le 03 mai 2020 à 07h53

Temps de Lecture 3 min.

Idir, le 26 mai 2011 à Rabat (Maroc).

Le chanteur Idir, qui fut l’un des principaux ambassadeurs de la chanson kabyle à travers le monde, est mort, samedi 2 mai, à l’âge de 70 ans, a annoncé sa famille sur les réseaux sociaux. Hospitalisé vendredi à Paris, il a succombé à une maladie pulmonaire et devrait être enterré en région parisienne, selon son entourage.

« Nous avons le regret de vous annoncer le décès de notre père [à tous], Idir, le samedi 2 mai à 21 h 30. Repose en paix, papa », est-il écrit dans un message publié sur la page Facebook officielle du chanteur, installé en France.

« J’ai appris avec une immense tristesse la nouvelle du décès » d’Idir, « une icône de l’art algérien », a salué dans un tweet le président algérien, Abdelmadjid Tebboune. « Avec sa disparition, l’Algérie perd un de ses monuments. »

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Malgré une discographie peu abondante, avec sept albums studio depuis A Vava Inouva (1976), portant le nom de son plus fameux titre, diffusé dans 77 pays et traduit en quinze langues, plus une compilation et un enregistrement public, il est devenu l’un des ambassadeurs de la communauté kabyle. Il remplissait les salles, où qu’il passe. Sa popularité dépassait ainsi largement la communauté. De lui, le sociologue Pierre Bourdieu disait : « Ce n’est pas un chanteur comme les autres. C’est un membre de chaque famille. »

« La chanson m’avait choisi »

Fils de berger, né le 25 octobre 1949 à Aït Lahcène, un village de Kabylie, Idir — de son vrai nom Hamid Cheriet — fait figure de héros pour la communauté kabyle, dont il n’a eu de cesse de défendre l’identité et la culture.

Alors qu’il se destinait à être géologue, un passage en 1973 sur Radio Alger change le cours de sa vie : il remplace au pied levé la chanteuse Nouara et sa chanson en langue berbère Vava Inouva fait le tour du monde à son insu pendant qu’il fait son service militaire. « Je suis arrivé au moment où il fallait, avec les chansons qu’il fallait », racontait en 2013 à l’Agence France-Presse Idir, imprégné dès son enfance par les chants qui rythmaient tous les moments de la vie quotidienne.

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Quand il quitte l’Algérie pour venir s’installer à Paris, en 1975, c’est sur la suggestion de la maison de disques Pathé Marconi. Il avait terminé son service militaire, ses études (DEA de géologie), alors pourquoi pas quitter ce pays « avec un seul parti, un seul journal, où l’on nous envoyait des profs pour nous enseigner les fondements du marxisme et faire de nous de parfaits petits révolutionnaires », raconte-t-il. « Je suis venu enregistrer un 33-tours avec A Vava Inouva, qui a bien fonctionné, et j’ai commencé à envisager de rester ici puisque la chanson m’avait choisi, mais toujours avec une valise prête à partir dans ma tête. »

« J’ai tout aimé des manifestations » populaires en Algérie

Il disparaît de la scène pendant dix ans de 1981 à 1991, mais sa carrière est ensuite relancée. En 1999, il publie l’album Identités, sur lequel il chante avec Manu Chao, Dan Ar Braz, Maxime Le Forestier, Gnawa Diffusion, Zebda, Gilles Servat, Geoffrey Oryema et l’Orchestre national de Barbès. En 2007, il avait publié l’album La France des couleurs, en pleine campagne pour l’élection présidentielle française marquée par des débats sur l’immigration et l’identité.

Après une absence d’une trentaine d’années, le baladin kabyle a présenté en tournée son album Ici et ailleurs, composé en majorité de duos, en 2017.

Dans une interview au Journal du dimanche, en avril 2019, il évoquait les manifestations populaires en Algérie et le départ d’Abdelaziz Bouteflika :

« J’ai tout aimé de ces manifestations : l’intelligence de cette jeunesse, son humour, sa détermination à rester pacifique (...) J’avoue avoir vécu ces instants de grâce depuis le 22 février comme des bouffées d’oxygène. Atteint d’une fibrose pulmonaire, je sais de quoi je parle. De toute façon, nous sommes condamnés à réussir. Continuons donc à réfléchir en termes de nation algérienne vers le progrès. Si nous restons unis, rien ni personne ne pourra nous défaire ».

Le Monde avec AFP

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