Les luttes de Davi Kopenawa Yanomami

Davi Kopenawa, à la Fondation Cartier à Paris, le 28 janvier 2020. - AFP
Davi Kopenawa, à la Fondation Cartier à Paris, le 28 janvier 2020. - AFP
Davi Kopenawa, à la Fondation Cartier à Paris, le 28 janvier 2020. - AFP
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"Claudia Andujar, la lutte Yanomami", est une exposition qui retrace son combat et celui notamment de Davi Kopenawa, porte-parole des Yanomami. Retour sur une figure emblématique.

Quand Davi Kopenawa naît dans les années 1950, cela fait une dizaine d’années seulement que ses parents ont vu apparaître des Blancs sur leurs terres, au Nord de l’Amazonie. Et ces premières incursions ont bouleversé de manière indélébile la civilisation Yanomami. D’abord des épidémies de grippes, de rougeoles ou de tuberculoses qui déciment une partie de la population. Puis les garimpeiros, 40 000 orpailleurs illégaux qui envahissent le territoire avec la bénédiction de la dictature militaire. En sept ans,  20% de la population Yanomami est décimée.

Après avoir eu envie de devenir "blanc", il décide de devenir chaman

Davi Kopenawa raconte qu’après avoir perdu sa famille, il a d’abord eu envie de devenir un Blanc, et apprend même le portugais. C’est quand il travaille comme interprète au sein de la Funai, l’agence gouvernementale des indigènes, qu’il prend conscience de l’unité culturelle et linguistique du peuple Yanomami, et de la menace que représentent les blancs pour leur survie. Il décide alors de suivre une vieille intuition donnée par ses rêves depuis l’enfance : devenir un chaman. Sa formation chamanique se mélange à son expérience du « monde blanc » pour former ses convictions ethno-politique et depuis, Davi Kopenawa est le porte parole de la lutte Yanomami et une figure emblématique de la lutte des Indiens d’Amazonie. Il parcourt désormais la planète pour récolter des soutiens pour son combat et recevait même, en septembre dernier, le prix « nobel alternatif » en compagnie de Greta Thunberg...

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Claudia Andujar, la lutte yanomami

Davi Kopenawa était donc à Paris cette semaine à l’occasion de l’inauguration d’une exposition bouleversante à la Fondation Cartier. Une exposition qui retrace l’œuvre et le parcours militant d’une des plus grandes photographes brésilienne, Claudia Andujar. Depuis 1971 et son premier voyage chez les Yanomami, cette suisse, rescapée des camps de Dachau et passée par New York, décide de consacrer sa vie à la protection et à la démarcation de leurs terres. Et elle forme tout au long de ces années un corpus photographique et artistique inédit. Davi Kopenawa dit de Claudia Andujar qu’elle lui a fourni l’arc et les flèche de la parole pour défendre son peuple.

Photo extraite de l'exposition Claudia Andujar, la lutte Yanomami, jusqu'au 10 mai 2020 à la Fondation Cartier, Paris.
Photo extraite de l'exposition Claudia Andujar, la lutte Yanomami, jusqu'au 10 mai 2020 à la Fondation Cartier, Paris.
- Fondation Cartier pour l'art contemporain.

Depuis 1992 et grâce à leur combat, le parc Yanomami est un des plus grand territoire sous contrôle autochtone au monde. Mais depuis l’élection de Jair Bolsonaro en janvier dernier, c'est le spectre de la dictature militaire des années 1970 et 1980 qui plane sur les Indiens d’Amazonie. 

La déforestation a presque doublé en un an, les assassinats d’activistes indiens augmentent et Jair Bolsonaro multiplie les attaques contre ces territoires qu’il considère trop grands par rapport à la population amérindienne. La semaine dernière, le journal du plus puissant groupe médiatique du pays, O’Globo a révélé un projet de loi qui veut casser l’inviolabilité des terres amérindiennes pour accéder à leurs riches ressources en minerais. En attendant d’y parvenir légalement, le gouvernement ferme les yeux sur les activités des garimpeiros, ces orpailleurs illégaux qui sont massivement de retour en terre Yanomami. Le président d’extrême droite, évoquant les bénéfices des activités agro-forestière et minière pour le progrès a déclaré je cite, que “l’Indien évolue et devient chaque jour un peu plus humain, comme nous”. La phrase laisse songeur..  

Mardi à la Fondation Cartier, Davi Kopenawa a expliqué que son nom avait deux origines. Davi c’est David, et les missionnaires lui ont donné ce nom, parce que dit-il “malgré sa petite taille, le roi David a affronté un ennemi beaucoup plus grand que lui”. Et puis kopenahua, c’est le frelon en Yanomami, “qui se défend lorsqu’on attaque sa maison”. Davi Kopenahua est un guerrier qui porte un nom de guerre, et sa maison est attaquée une fois de plus.

Post de l'acteur américain Léonardo Di Caprio sur Instagram
Post de l'acteur américain Léonardo Di Caprio sur Instagram

Pour en savoir plus :
http://hutukara.org/index.php

https://www.survivalinternational.org/tribes/yanomami

http://www.proyanomami.org.br/v0904/index.asp?pag=htm&url=http://www.proyanomami.org.br/quem.htm

http://apib.info/apib/?lang=es

par Mattéo Caranta

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