“Suède : fausse route ou voie royale ?” s’interroge à la une Die Tageszeitung, observant avec curiosité ce pays qui a fait figure d’exception en ne confinant pas ses citoyens, et en ne fermant ni écoles ni bars et restaurants.

En assouplissant prudemment ses mesures de restriction (début de réouverture des écoles, grandes surfaces, services…), l’Allemagne se voit avancer vers une situation à la suédoise et marcher sur les pas de ce que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qualifie de “modèle” pour la “nouvelle normalité” vers laquelle nous tendons, à base de distanciation sociale et de protection des plus vulnérables. Le cours “libéral” emprunté par Stockholm – où seuls les rassemblements de plus de 50 personnes font l’objet d’un “interdit absolu” – était-il plus pertinent que le confinement décrété, à des degrés divers, par les autres pays européens ?

Avec 2 679 morts du Covid-19 à la date du 3 mai, le bilan suédois est, “proportionnellement à la population, trois fois plus lourd que celui du Danemark et près du double de celui du Bade-Wurtemberg ou de la Bavière”, tempère le quotidien berlinois. À cela s’ajoute qu’une partie de la population – précaire et immigrée, fournissant la main-d’œuvre indispensable aux services – a payé un très lourd tribut. “Nous ne nous attendions pas à un bilan aussi élevé” et, en effet, ce “prolétariat des bas salaires” n’a pas été suffisamment protégé, concède l’épidémiologiste Anders Tegnell, qui incarne la stratégie suédoise.

Mais demeure la question centrale : la Suède a-t-elle adopté une meilleure stratégie et a-t-elle pris une longueur d’avance par rapport à l’Allemagne et à bon nombre de pays européens ? À terme, il se pourrait que les taux de mortalité des uns et des autres se rapprochent, estiment certains épidémiologistes. Un pronostic qu’Anders Tegnell qualifie de “spéculatif”. “Un jour, nous pourrons dresser le bilan, affirme-t-il. Dans un ou deux ans.”