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Attaque au couteau à Romans-sur-Isère : un mois après, les rescapés peinent à se relever

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L'attaque au couteau de Romans-sur-Isère (Drôme) a eu lieu il y a un mois, le 4 avril 2020. Ce jour-là, deux personnes ont été tuées et cinq autres blessées par un homme d'origine soudanaise, armé d'un couteau. Pour les survivants, il faut maintenant vivre avec le traumatisme.

La police scientifique sur les lieux de l'attaque au couteau à Romans sur Isère La police scientifique sur les lieux de l'attaque au couteau à Romans sur Isère
La police scientifique sur les lieux de l'attaque au couteau à Romans sur Isère © Radio France - Claire Leys

Madame Breyton ne peut plus passer devant sa boucherie, cours Pierre Didier, à Romans-sur-Isère (Drôme). Ce lieu qu'elle aimait tant et qu'elle gérait depuis 25 ans lui donne aujourd'hui de terribles angoisses. L'une des victimes de l'attaque au couteau du 4 avril y est morte poignardée, sous ses yeux, avec l'un des couteaux de la boucherie. L'assaillant, un réfugié de 33 ans d'origine soudanaise, a sévi en pleine journée, peu avant 11 heures. Dans les rues et les commerces du centre de Romans, il a tué deux personnes et en a blessé cinq autres.

"Ces images sont gravées en elle, explique son mari, Ludovic Breyton. Elle ne va pas bien du tout et dort très mal. Quand on se casse une jambe, on sait qu'un mois plus tard on sera guéri, mais là c'est dans la tête... Et c'est très compliqué". Les Breyton bénéficient d'un suivi psychologique, mais le traumatisme reste ancré. D'autant que l'affaire se poursuit, l'assaillant a été mis en examen pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste". Le couple est donc sollicité par les enquêteurs, doit répondre à des questions précises, se remémorer la scène, revivre le choc.

À quelques mètres de la boucherie des Breyton, un autre couple peine à se reconstruire. Les gérants du bar-tabac "Le Flash" ont été les premières victimes d'Abdallah Ahmed-Osman. Le buraliste de 65 ans a été hospitalisé dans un état grave, après une blessure au couteau. Aujourd'hui, il va mieux mais son commerce reste fermé. Selon Didier Reboulet, un proche du couple, sa compagne et co-gérante n'a "pas du tout la force de retourner travailler. Elle est traumatisée".

Lente guérison 

Difficile aussi pour Emmanuelle Blachon d'oublier le 4 avril 2020. La Romanaise de 48 ans était en train de réparer sa porte d'entrée lorsque l'assaillant s'est présenté face à elle. Il l'a bousculée puis l'a poignardée au niveau de la cuisse. "L’artère fémorale a été touchée, j'ai été transportée en urgence vitale à la clinique Pasteur de Guilherand-Granges. J'ai subi une opération très lourde", détaille-t-elle. 

Un mois après, Emmanuelle a toujours besoin de rééducation. La guérison est lente au niveau psychologique également. "Mon hall d'entrée me fait horreur. Il va falloir trouver des astuces pour effacer ce souvenir. Pour l'instant, je ne sors pas puisque nous sommes confinés... Retourner dehors sera peut-être difficile", admet-elle. La professeure d'EPS à l'université Grenoble-Alpes tente de se ressourcer chez elle, en famille. Mais chaque jour, elle pense aux deux victimes de l'attaque, Thierry Nivon et Julien Vinson. "Leur décès me préoccupe en permanence. Moi j'ai eu cette chance [de survivre], et eux non, malheureusement. Je ressens beaucoup d'injustice, c'est quelque chose que je ne pourrai jamais oublier."

Vivre avec 

Pour permettre aux victimes non pas d'oublier, mais de vivre avec cette épreuve, l'association Remaid - France Victimes 26 a monté une cellule d'information et d'accompagnement, sur demande de la préfecture de la Drôme. Elle se trouve à la Maison de la justice et du droit de Romans-sur-Isère. Les victimes y trouvent un soutien psychologique, mais pas que. "Cette attaque a eu un impact sur de nombreux aspects de leur vie, explique Jonathan Etienne, le coordinateur de cette cellule. C'est pourquoi il est important d'épauler les victimes de manière globale : sur le plan juridique, administratif, professionnel..." 

Cette cellule d'écoute gratuite sera maintenue "le temps qu'il faudra", indique le coordinateur. La route vers l'acceptation du traumatisme est longue. "Et la vie, très courte", conclut Ludovic Breyton. Avec son épouse, ils ont décidé de revoir leurs priorités. "On va essayer de s'accorder plus de temps pour nous, faire du vélo, prendre des week-ends... Des choses qu'on n'a quasiment jamais faites depuis 25 ans. C'est sûr, maintenant, on voit la vie différemment". 

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