Des milliers de kilomètres de routes menacent la survie des tigres

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Une tigresse et ses deux petits, en Inde. Crédits : Pixabay

Près de 25 000 km de nouvelles routes asiatiques seront construites d’ici le milieu du siècle, menaçant de fragmenter encore davantage l’habitat des tigres, alertent des chercheurs.

Nous savons déjà que la construction de routes n’est pas favorable aux tigres, et ce pour plusieurs raisons. En plus de favoriser les heurts avec les véhicules, les routes ont pour effet de disperser les proies. Ce qui signifie que les prédateurs ont plus de difficultés pour se nourrir. Cette dégradation de leur habitat les exposent également davantage, ce qui fait le bonheur des braconniers.

Il reste moins de 4 000 tigres à l’état sauvage, retrouvés principalement en Asie du Sud et en Asie du Sud-Est, régions qui connaîtront une pression accélérée du développement humain au cours de ces prochaines décennies. Partant de ce constat, Neil Carter et son équipe, écologistes à l’Université du Michigan, ont récemment utilisé un ensemble de données détaillant les différents réseaux routiers existants et à venir pour estimer leurs impacts potentiels sur les populations de tigres.

S’appuyant sur ces données, les chercheurs ont calculé que l’aire de répartition actuelle du tigre, qui s’étend sur 13 pays, contient environ 134 000 kilomètres de routes. Sur la base de la densité moyenne de ces prédateurs, ils estiment aujourd’hui que 57% d’entre eux vivent à moins de cinq kilomètres de ces routes.

Les chercheurs ont finalement prédit que ce réseau routier existant pourrait entraîner une diminution de plus de 20% de la population mondiale de tigres d’ici 2050.

Penser des routes plus « respectueuses »

Par ailleurs, il est prévu que plus de 24 000 kilomètres de routes supplémentaires viennent tapisser l’aire de répartition du tigre d’ici le milieu du siècle, ce qui devrait réduire encore davantage cette proximité.

Les chercheurs évoquent notamment la construction d’un grand réseau routier au Népal, visant à relier ensemble tous les villages du pays. Ils citent également le projet de nouvelle route de la soie – le plus grand projet d’infrastructure au monde – qui prévoit des milliers de kilomètres de voies ferroviaires entre la Chine et l’Europe.

« Notre analyse démontre que, dans l’ensemble, les tigres sont confrontés à une menace omniprésente et croissante des réseaux routiers dans une grande partie de leur aire de répartition de 13 pays« , explique Neil Carter, rappelant que les habitats des tigres « ont diminué de 40% depuis 2006« .

Au regard de ces projections, le chercheur insiste sur la nécessité de « penser », dès aujourd’hui, des moyens de minimiser l’impact de ces nouvelles voies sur les populations locales de tigres. En les construisant à l’écart des populations clés, par exemple, en interdisant la circulation de nuit, ou en construisant des passages adaptés permettant à la faune de les traverser.

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Un tigre du Népal capturé par un piège photographique. Crédits : WWF

Rappelons qu’une initiative internationale historique, appelée TX2, vise à doubler le nombre de tigres sauvages d’ici 2022. Depuis quelques années ces efforts semblent payer. En Inde, par exemple, la population de tigres a augmenté de 33% depuis 2014. Au Népal également, la population de ces prédateurs a doublé au Népal en 10 ans.

Les efforts doivent cependant se poursuivre. Ce que souligne le chercheur, c’est que la construction de routes plus « respectueuses des tigres » sera également cruciale pour atteindre cet objectif.

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