Le président du Vénézuela, Nicolas Maduro, le 25 juillet 2019.

Le président du Vénézuela, Nicolas Maduro, le 25 juillet 2019. (illustration)

afp.com/HO

Quinze personnes, dont deux Américains, ont été arrêtées lundi pour une tentative ratée "d'invasion" par mer du Venezuela, a affirmé le président du pays Nicolás Maduro. Le parquet vénézuélien a accusé le leader de l'opposition Juan Guaido d'avoir recruté des "mercenaires" à cette fin.

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Alors que les États-Unis nient toute implication dans cet événement, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a indiqué ce mercredi que "tous les moyens" seront utilisés pour "tenter de rapatrier" ces deux Américains. L'Express fait le point.

Que s'est-il passé ?

Tout commence lundi dernier, lorsque le président socialiste du Venezuela, Nicolás Maduro, indique que quinze personnes, dont deux Américains, ont été arrêtées en deux jours pour une tentative "d'invasion" par mer. Sur la chaîne publique VTV, Nicolás Maduro a présenté les deux Américains arrêtés comme étant des "membres de la sécurité" du président des États-Unis Donald Trump. Brandissant leurs passeports, le président vénézuélien les a ensuite présentés comme étant Luke Denman, 34 ans, et Airan Berry, 41 ans.

Plus tôt dans la journée, le parquet vénézuélien avait accusé, dans un scénario douteux, le dirigeant de l'opposition Juan Guaido d'avoir recruté des "mercenaires" avec des fonds du pays pétrolier bloqués par des sanctions américaines, pour fomenter une tentative d'"invasion" maritime du pays. Des "mercenaires" ont signé des "contrats" pour 212 millions de dollars avec l'argent "volé à [l'entreprise pétrolière d'État] PDVSA" et "des comptes appartenant [à Caracas] qui ont été bloqués à l'étranger", a déclaré à la presse le procureur général Tarek William Saab, mettant en cause un ancien militaire américain du nom de Jordan Goudreau.

"Ce contrat est public. On peut y voir la signature (...) du citoyen Juan Guaido" et de "Jordan Goudreau lui-même", a-t-il affirmé en référence à un document présumé dévoilé par une journaliste vénézuélienne basée à Miami, Patricia Poleo. Le représentant du ministère public a également diffusé une vidéo où Jordan Goudreau, qui a fondé une société privée de sécurité appelée Silvercorp USA, affirme qu'une opération contre Nicolás Maduro est en cours.

Plusieurs enquêtes ouvertes contre Juan Guaido

Le président par intérim du Venezuela, reconnu président par près d'une soixantaine de pays à travers le monde, a rejeté lundi ces accusations, niant tout lien avec cette société de sécurité. Le parquet a ouvert plusieurs enquêtes contre Juan Guaido, sans pour autant émettre de mandat d'arrêt.

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Cette tentative d'"invasion" présumée intervient un peu plus d'un an après l'appel au soulèvement de l'armée lancé par Juan Guaido. Le 30 avril 2019, il avait, en vain, tenté d'inciter les casernes à se rebeller contre l'"usurpateur" Nicolás Maduro. Selon le numéro deux du régime, Diosdado Cabello, le capitaine dissident Antonio Sequea qui comptait parmi la trentaine de militaires à s'être soulevés le 30 avril 2019, a été arrêté lundi avec d'autres personnes dans la localité côtière de Chuao.

Le pouvoir chaviste accuse régulièrement Juan Guaido d'être impliqué dans des "complots" contre le président socialiste, avec l'aide de la Colombie et des États-Unis. Nicolás Maduro continue à jouir du soutien de l'état-major de l'armée, pièce maîtresse du système politique vénézuélien, mais aussi de la Chine, de la Russie et de Cuba.

Donald Trump nie toute implication

De leur côté, les États-Unis ont estimé mardi que la tentative d'"invasion" dénoncée par Caracas pouvait faire partie d'une "campagne de désinformation majeure" menée par le président Nicolás Maduro. "Nous nous efforçons d'en apprendre davantage, y compris au sujet des activités des deux ressortissants américains" dont les autorités vénézuéliennes ont annoncé l'arrestation, a déclaré un porte-parole du département d'État américain.

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Le président américain Donald Trump a nié toute implication. "Cela n'a rien à voir avec notre gouvernement", a-t-il assuré. "Il y a une campagne de désinformation majeure menée par le régime Maduro, ce qui rend difficile de distinguer les faits de la propagande", a également commenté la diplomatie américaine, précisant tenter de faire la lumière également sur les agissements de Jordan Goudreau.

"Nous allons aussi étudier de près le rôle du régime Maduro dans ce mélodrame et notamment du très important appareil de renseignement cubain au Venezuela", a ajouté le porte-parole du département d'État. "Maduro et ses complices sont connus pour leurs mensonges et manipulations", a-t-il encore souligné, appelant à "ne pas prendre à la lettre" les accusations des autorités vénézuéliennes.

Pour Washington, "ce qui est sûr", c'est que ces dernières "utilisent cet événement pour justifier une répression accrue". Le département d'État note par ailleurs que "ces événements" interviennent peu après un "massacre de détenus" lors d'une mutinerie qui a fait 47 morts et 75 blessés dans une prison de l'ouest du Venezuela.

"Tout sera fait" pour rapatrier les deux Américains

Face à ces récents événements, les États-Unis vont "utiliser tous les moyens à leur disposition pour tenter de rapatrier" les deux Américains arrêtés, a déclaré ce mercredi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.

"Il n'y a aucune implication directe du gouvernement américain dans cette opération", a de nouveau affirmé le secrétaire d'État lors d'une conférence de presse, avant d'ironiser sur son échec : "Si nous avions été impliqués, cela se serait déroulé différemment". "Je ne peux pas partager davantage d'informations sur ce que nous savons", a ajouté Mike Pompeo.

Mercredi soir, Nicolas Maduro a annoncé que les deux hommes seront jugés "de façon juste" par un tribunal vénézuélien.

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