Angéla Kpeidja et Pricile Kpogbeme: ces journalistes béninoises "victimes" de harcèlement sexuel

  • Ndèye Khady LO
  • Senior Journaliste/Digital
Angéla Kpeidja et Pricile Kpogbeme

Crédit photo, Facebook

Légende image, Angéla Kpeidja et Pricile Kpogbeme

L'affaire ressemble à bien des égards à un Metoo à la sauce béninoise.

Deux journalistes béninoises, Angéla Kpeidja de la télévision nationale et Pricile Kpogbeme, au chômage, ont témoigné sur le "harcèlement sexuel et les abus" commis dans les rédactions au Bénin.

La première a saisi l'occasion du 1er mai, la fête du travail, pour fustiger les humiliations subies, selon elle, par plusieurs femmes journalistes. Sa publication sur Facebook est devenue virale.

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Sa consœur, Pricile Kpogbeme, lui a emboîté le pas le 3 mai, jour de la célébration de la liberté de la presse.

Dans une vidéo postée sur sa page Facebook, la journaliste détaille les différentes abus auxquels elle a fait face dans sa carrière.

Selon elle, les femmes sont considérées comme des "objets sexuels" au sein des organes de presse du pays.

Son chômage serait lié, d'après elle, à son refus de céder aux avances.

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Audience avec le président béninois Patrice Talon

Sur sa page Facebook, le chef de l'Etat béninois, Patrice Talon annonce avoir rencontré les responsables de la télévision nationale béninoise Ortb et la première lanceuse d'alerte, Angéla Kpeidja.

Il a aussi donné son point de vue sur la question du harcèlement sexuel dans les médias béninois.

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"J'ai tenu, ce mardi 5 mai 2020, une séance de travail avec les responsables de l'Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (ORTB), certains membres de mon Gouvernement dont le Ministre de la Communication et Mme Angela KPEIDJA suite à sa dénonciation de faits graves dont elle aurait été victime. Je me suis intéressé au sujet, convaincu que de nombreuses femmes béninoises, dans le cadre de leur travail, peuvent être sujettes à ces pratiques répréhensibles. En effet, dans la société moderne que s'emploie à bâtir au quotidien notre Gouvernement avec l'ensemble du peuple béninois, les pratiques liées aux harcèlements, aux violences basées sur le genre, ne doivent pas avoir droit de cité et ne doivent pas rester impunies", écrit M. Talon.

Il a exhorté les responsables de l'ORTB de tout mettre en œuvre pour que les faits allégués, qu'ils soient fondés ou non (ce qu'il appartiendra à la justice d'établir), n'aient pas droit de cité.

"Cela est valable pour cet office comme pour l'ensemble des administrations publiques et privées de notre pays. D'ores et déjà, j'ai la conviction que l'acte posé par Mme Angela KPEIDJA sera le déclencheur d'une aube nouvelle pour faire en sorte que les victimes d'abus à caractère sexuel soient mieux protégées dans notre pays", ajoute le président béninois.

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La réaction de l'Ortb

La télévision nationale béninoise qui emploie Angéla Kpeidja a réagi à ses accusations dans un communiqué.

"Nous voudrions porter à votre connaissance qu'à ce jour, la Direction générale de l'ORTB n'a reçu aucune plainte portant sur harcèlement moral, sexuel ou pour viol sur un personnel féminin. Des faits qui, s'ils existent, sont suffisamment graves pour être seulement dénoncés Angela Kpeidja", indique le texte.

L'ORTB ajoute qu'en parfaite harmonie avec ses valeurs à savoir Professionnalisme, Innovation et Esprit d'Equipe, l'ORTB demeure une entreprise au sein de laquelle les droits et devoirs des travailleurs sont garantis".

Sur les réseaux sociaux, les deux femmes reçoivent aussi bien le soutien de leurs pairs et des internautes mais également des critiques de personnes souhaitant qu'elles citent des noms pour éviter que des innocents soient soupçonnés.