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Résilience secondaire : le fantasme de la maison de campagne

Difficile à entretenir, paumée et un brin plan-plan, la maison secondaire est désormais le lieu idéal du confinement. Pour de nombreux citadins, la question de la réinstallation en ville se pose sérieusement.

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Publié le 08 mai 2020 à 15h15, modifié le 09 mai 2020 à 09h21

Temps de Lecture 4 min.

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Ile aux moines, dans le golfe du Morbihan, le 15 mars.

Ce fut l’un des plaisirs de la période de confinement. Remonter un petit pan de mur en pierre sèche, écroulé depuis des lustres, avec la patience de ceux pour qui la vie s’est ralentie. Dans leur nid d’aigle avec vue sur les hauts plateaux ardéchois, voilà déjà près de deux mois que Maïa, son compagnon et leurs deux fils savourent la pause forcée. Achetée il y a treize ans, « dans un hameau paumé », leur maison de campagne, une bâtisse entourée de châtaigniers, s’est substituée au quatre-pièces urbain. Le lieu des week-ends entre amis et des étés en famille est devenu abri, isolé des nouvelles angoisses que sont la foule, les poignées de portes d’immeubles ou les barres de maintien des transports en commun.

« C’est la première fois que nous y passons autant de temps et que nous y vivons sans être en vacances », raconte cette fonctionnaire territoriale, élevée à la campagne en Provence et que les hasards de la vie ont fait s’installer à Paris. « Et franchement, on en redécouvre tous les atouts. L’espace, le calme, la nature magnifique en ce printemps, les oiseaux… On savait que cet endroit était précieux, on en a vraiment la preuve. » Malgré l’absence de Wi-Fi et l’envol de leurs forfaits téléphoniques – utilisés à haute dose en partage de connexion pour l’école des enfants et le télétravail du couple –, la famille teste « grandeur nature » et de façon « temporaire » un nouvel usage de leur résidence secondaire.

Volets à repeindre et taxes foncières

On la disait en perte de vitesse, trop onéreuse, synonyme aussi de vacances plan-plan et un brin obligées. Un boulet à une époque où Internet et les vols low cost rendent simples et accessibles les voyages à l’étranger, et voilà que longères normandes, penty bretons, mas provençaux ou simples maisons de village, redeviennent ports accueillants en ces temps d’avis de tempête sanitaire. De leur antre savoyard, ou de leur refuge bourguignon, les heureux propriétaires des quelque 3,5 millions de maisons secondaires (soit 10 % du parc immobilier total) en oublieraient presque les volets à repeindre, les jardins à débroussailler et les taxes foncières supplémentaires, qu’ils pourfendaient autrefois. Au point que certains professionnels de l’immobilier parient déjà sur un retour des acheteurs et une remontée des prix qui, depuis 2008, avaient, dans certains endroits isolés, dégringolé de plus de 30 %.

« Quelle chance de ne pas s’en être débarrassé après le décès de ma mère », témoigne Christine, cadre bancaire parisienne, et propriétaire en indivision avec ses trois sœurs et frères « d’une vieille baraque dans le Limousin ». Aujourd’hui, les signes de fatigue de la toiture, la décoration un brin datée, les heures de route et le casse-tête pour savoir qui profite de la maison à la mi-juillet se sont effacés face au soulagement d’avoir un lieu de repli « au cas où les grandes villes deviendraient invivables ».

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