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"Ça a anéanti ma vie" : Tara Reade détaille son agression présumée par Joe Biden

Joe Biden
Joe Biden est accusé d'avoir agressé sexuellement Tara Reade, ce que son équipe de campagne dément. (Detroit, le 9 mars 2020.) Abaca

Tara Reade, une ancienne employée du Sénat, affirme que Joe Biden l'a agressée sexuellement au début des années 1990. Elle a détaillé l'incident dans une interview accordée à l'animatrice Megyn Kelly, le 8 mai. Le candidat démocrate à la présidentielle américaine a démenti ces accusations.

Les faits se seraient déroulés durant le printemps 1993, dans les sous-sols d'un bâtiment de Capitol Hill, à Washington. Tara Reade, 56 ans, affirme qu'à l'époque Joe Biden, alors sénateur, l'aurait plaquée contre un mur de l'institution. Il aurait ensuite soulevé sa jupe et l'aurait pénétrée avec ses doigts. "Il me chuchotait à l'oreille et essayait de m'embrasser en même temps, et il disait : "Veux-tu aller ailleurs ?", précisait-elle récemment dans un article de l'agence Associated Press. Je me souviens d'avoir voulu dire stop, mais je ne sais pas si je l'ai dit à haute voix ou si je l'ai juste pensé." Depuis, la quinquagénaire a de nouveau évoqué l'incident dans une interview accordée le 8 mai à Megyn Kelly, ex-présentatrice phare de Fox News et NBC News, qui avait dénoncé le harcèlement sexuel perpétué par Roger Ailes, le président déchu de Fox News.

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Au cours de cet entretien, Tara Reade a détaillé plus amplement sa présumée agression. Elle a ainsi affirmé qu'elle apportait un sac à Joe Biden dans le bâtiment Russell du Sénat américain lorsque l'assaut s'est produit. "Il avait ses mains sous mes vêtements et c'est arrivé tout d'un coup", a-t-elle relaté. L'homme politique lui aurait alors proposé qu'ils partent ensemble, avant de lui lancer : "Je veux coucher avec toi." Un détail que Tara Reade n'avait pas mentionné dans son premier récit de l'incident.

Joe Biden aurait été "choqué et surpris" qu'elle le repousse. "Il m'a regardée et m'a dit : "Allez, on m'a dit que tu m'aimais bien", a-t-elle expliqué à Megyn Kelly. Il a pointé le doigt vers moi et a dit : "Tu n'es rien pour moi"." Déjà, en avril 2019, Tara Reade et sept autres femmes accusaient Joe Biden de les avoir touchées de manière inappropriée, notamment en les étreignant contre leur gré. L'ancienne assistante se souvient qu'il aurait caressé sa nuque en public, aurait passé les mains dans ses cheveux et lui aurait demandé de ne pas "s'habiller aussi sexy". "Quand il faisait ça, je m'immobilisais et j'attendais qu'il arrête", confiait-elle il y a un an à The Union, un site d'actualités du comté de Nevada, en Californie, où elle réside. Mais, à l'époque, Tara Reade aurait eu "peur" de formuler une accusation d'agression sexuelle à son encontre, et aurait voulu protéger sa fille en bas âge.

Des accusations démenties

Jusqu'à présent, Joe Biden opposait un silence presque assourdissant. Après que plusieurs de ses pairs l'ont incité à réagir personnellement, le candidat démocrate à la Maison-Blanche a formellement démenti ces accusations, vendredi 1er mai dans l'émission matinale "Morning Joe". "Ce n'est pas vrai. Je le dis sans équivoque, cela n'est jamais arrivé", a-t-il affirmé sur la chaîne américaine MSNBC. Depuis, il a de nouveau nié ces accusations lors d'un meeting de campagne virtuel à Tampa, le jeudi 7 mai.

À la mi-avril, son équipe s'était déjà fendue d'un démenti ferme, auquel elle ne cessait de renvoyer depuis. Puis, plus rien jusqu'au 29 avril. Depuis son domicile dans le Delaware où il est confiné à cause du coronavirus, l'ancien vice-président de 77 ans s'était exprimé sur les agressions sexuelles dans l'armée. Sans un mot sur les graves accusations de Tara Reade, il a saisi cette opportunité, lors d'une levée de fonds par visioconférence, pour rappeler qu'il avait coprésenté une loi adoptée en 1994 pour lutter contre les violences faites aux femmes. "Toutes les options sont, selon moi, sur la table pour en finir avec ce fléau" dans l'armée, a-t-il déclaré. Avant de rappeler qu'il avait œuvré, sous la présidence de Barack Obama, pour lutter contre les agressions sexuelles dans les universités.

De son côté, Tara Reade a déposé plainte pour agression sexuelle le jeudi 9 avril, soit près de trois décennies après les faits présumés, a révélé le New York Times dans une enquête parue le dimanche 12 avril. Si le nom de Biden n'est pas cité dans la partie du dossier accessible au public, Tara Reade a confirmé au journal qu'il s'agissait bien de lui. Son geste serait, selon elle, destiné à se protéger d'éventuelles menaces. Et elle n'a que faire des dénégations de Joe Biden. "Que les gens me croient ou non ne me préoccupe par vraiment, a-t-elle confié à Megyn Kelly. J'ai dû vivre avec ça et c'est juste l'une de ces choses qui ont anéanti et impacté ma vie. Ça a tout changé dans ma vie."

Deux amis de Tara Reade et son frère ont, de leurs côtés, souligné qu'elle avait évoqué l'incident en leur présence. Le premier a tenu à rester anonyme. Il a confié à Associated Press, le dimanche 12 avril, qu'elle lui avait bien parlé de l'agression sexuelle en 1993. Le second, également anonyme, a rencontré Tara Reade plus de dix ans après les faits présumés, et affirme avoir eu une conversation avec elle en 2007 ou 2008 au sujet des accusations de harcèlement sexuel qu'elle porte aujourd'hui. Il ne fait cependant pas mention d'une éventuelle agression.

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Aucun témoin ?

Ce qui est clair au sujet de cette plainte : elle est fausse

Kate Bedingfield, porte-parole de Joe Biden

Tara Reade a également indiqué avoir, à l'époque, accusé Joe Biden de harcèlement sexuel - mais jamais d'agression sexuelle - au cours de plusieurs réunions avec ses supérieurs. Notamment avec Marianne Baker, alors chef de cabinet de l'ancien sénateur. Celle qui a travaillé durant vingt ans avec l'homme politique le dément, aujourd'hui, catégoriquement : "Je n'ai jamais été témoin, et n'ai jamais entendu ou reçu de rapport concernant une conduite inappropriée, ni de la part de Mme Reade, ni de quiconque", a-t-elle déclaré dans un communiqué. Kate Bedingfield, la porte-parole actuelle du candidat démocrate à l'élection présidentielle, a, elle aussi, nié fermement ces allégations.

Elle a expliqué dans un communiqué envoyé à NBC que Joe Biden avait "dédié sa vie publique à changer la culture et les lois autour des violences faites aux femmes". "Ce qui est clair au sujet de cette plainte : c'est qu'elle est fausse, a-t-elle ajouté. Cela n'est absolument pas arrivé." Mais dans son enquête, le New York Times affirme avoir interrogé une douzaine d'employés de Joe Biden et sept victimes présumées de gestes inappropriés. Aucune ne l'accuse d'agression sexuelle. Cependant, plusieurs d'entre elles ont affirmé croire au récit de Tara Reade. Le quotidien américain a également interrogé d'anciens collègues de la quinquagénaire. Ces derniers n'auraient aucun souvenir qu'elle ait fait mention d'un tel incident.

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Des gestes inappropriés

Deux anciens stagiaires du bureau en question ont, quant à eux, expliqué au quotidien américain qu'ils n'avaient jamais entendu parler de ces accusations. Même son de cloche de la part des cinq employés ou anciens employés de Joe Biden interrogés par Associated Press, le dimanche 12 avril. Ces derniers, parmi lesquels Dennis Toner, chef de cabinet adjoint de Joe Biden à l'époque, ne se rappellent pas avoir été informés d'un tel incident. Tara Reade a pourtant déclaré qu'elle avait alors rempli un rapport dans le bureau du personnel après son agression présumée. Mais elle n'aurait pas réussi à en obtenir une copie.

Lucy Flores, ancienne députée du Nevada, avait elle aussi accusé Joe Biden de l'avoir embrassée et touchée de manière inappropriée durant un meeting de campagne en 2014, alors qu'il était vice-président au sein de l'administration Obama. Elle affirmait récemment dans les colonnes de The Cut : "Biden ne se contente pas de câliner. Biden envahissait clairement l'espace des femmes sans leur consentement d'une manière qui les mettait mal à l'aise." Le principal intéressé avait alors promis de "faire plus attention à respecter l'espace personnel des gens dans le futur". La police juge, elle, ce dossier "classé". Consciente que les faits étaient prescrits, Tara Reade a expliqué au journal conservateur Washington Examiner être prête à faire une déclaration sous serment.

*Cet article, initialement publié le 15 avril 2020, a fait l'objet d'une mise à jour.

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13 commentaires
  • Parigo

    le

    Autant Trump est un séducteur et abuseur avéré et assumé (il l'écrit lui-même), autant Biden est plutôt un père-la pudeur plutôt tristus (n'en déplaise à Sandrine R). Cette histoire a l'air faisandée et n'a d'ailleurs été étayée par aucun fait… Quand on regarde les photos de la donzelle (merci Google), on doit se dire qu'elle ne risque pas grand chose ni en Russie ni aux USA ni même dans un vestiaire de rugbymen affamés de sexe depuis six semaines.

  • Nonos 38

    le

    La mémoire lui est soudainement revenue au bout de tente ans, bizarre car moi je ne me rappelle plus ce que j'ai fait le 15 mars 2000 et pourtant j'ai une excellente mémoire.

  • Le Marquis de Mâcres-Blues

    le

    L'ennui .... c'est que je n'ai pas du tout envie de le croire !!! Allez savoir pourquoi ??? Peut-être parce que ses semblables démocrates se sont tellement acharnés avec une mauvaise foie flagrante contre Trump, que l'on n'a pas envie de compatir ... ou peut-être parce qu'après les accusations de soupçons de fraudes du fils (habilement noyées par les accusations contre Trump) on se dit que l'on ne voit pas pourquoi le père aurait un meilleur sens moral et éthique ... le chiens ne font pas des chats !

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