L’anthropologue polonais Bronislaw Malinowski a été le premier à décrire le phénomène, preuves scientifiques à l’appui, dès 1923. Les Anglo-Saxons l’appellent le small talk, l’échange de banalités, le fait de parler de tout et de rien, de la pluie et du beau temps. Personnellement, ce n’est pas trop ma tasse de thé. Je dirais même plus : en temps normal, j’en ai une sainte horreur. Qu’on en vienne aux faits, sans passer par quatre chemins ! Je préfère quand les questions sont de vraies questions, quand le demandeur a vraiment envie de connaître la réponse. Les gens qui parlent pour ne rien dire ? Ils ont tendance à m’agacer. Mais vous savez quoi ? Contre toute attente, le confinement a changé ma vision des choses. Malinowski avait raison.

Ces échanges de platitudes, on les trouve dans toutes les cultures. Réflexions vides de sens, discussions oiseuses, fadaises et commentaires stériles, poncifs et lieux communs… Moi aussi, j’en ai besoin. Pourquoi ? Parce que je suis un être humain et parce que le langage ne sert pas qu’à transmettre des informations factuelles. Il est, avant toute chose, un instrument qui rapproche, qui donne confiance. Si le bavardage me manque désormais, c’est que, précisément, on ne peut plus se rapprocher et que tous les messages sont porteurs d’informations. Aujourd’hui, tous ceux qui prennent encore la parole le font pour donner des directives, recenser des morts, nous expliquer le pourquoi du comment. Fini le blabla, terminés les babillages. Et cette absence m’empêche de dormir.

Le bruit de fonds d’une plaine de jeux

Mort d’une fillette de 12 ans. Chute du cours de Johnson & Johnson. Des supermarchés en grève. La communication défaillante, qui laisse les téléspectateurs avec leurs interrogations et leurs doutes. Ces chiffres qui nous submergent, qui nous assomment, qui n