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Violences sexuelles dans le patinage : Didier Gailhaguet refuse de quitter le Comité national olympique

L’ex-président de la Fédération française des sports de glace veut rester au conseil d’administration du Comité national olympique et sportif français.

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Publié le 14 mai 2020 à 07h28, modifié le 14 mai 2020 à 11h17

Temps de Lecture 3 min.

Didier Gailhaguet (au centre), le 5 février, à Paris, trois jours avant sa démission de la présidence de la Fédération française des sports de glace.

Le milieu sportif se serait bien passé de cette contrariété, à l’heure de lutter contre le Covid-19 et d’établir un plan de reprise post-confinement. D’après nos informations, trois mois après avoir quitté la présidence de la Fédération française des sports de glace (FFSG) en pleine affaire de violences sexuelles, Didier Gailhaguet entend rester en fonction au Comité national olympique et sportif français (CNOSF).

En qualité de membre du conseil d’administration (un mandat non rémunéré, qui court de 2017 à 2021, après élection par l’assemblée générale), il compte participer à la réunion par visioconférence de cette instance, jeudi 14 mai dans la matinée. Et tant pis pour Denis Masseglia, le président de cette instance, qui tente en vain, et discrètement, d’obtenir son départ.

« J’ai décidé de ne pas démissionner et à ceux qui appelleraient à ma démission, je réclame simplement un peu de décence ! », a fait savoir M. Gailhaguet, la veille au soir, dans un courrier électronique dont Le Monde a pris connaissance. La missive s’adresse à trente-huit autres administrateurs du Comité national olympique, dont M. Masseglia.

La menace de l’« arme atomique »

Il y a trois mois, Didier Gailhaguet a démissionné de la présidence de la Fédération française des sports de glace, à la suite d’un scandale de violences sexuelles sur d’anciennes patineuses ayant mis en cause leurs entraîneurs. Des « faits présumés », dont le sexagénaire assure avoir découvert la teneur seulement « par voie de presse », façon de rejeter les soupçons de complaisance : les témoignages, insiste-t-il, concernent une période antérieure à son long règne (1998-2004, puis 2007-2020).

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Dans son courrier électronique, Didier Gailhaguet explique avoir fini par démissionner de la présidence de la FFSG à cause de la menace de « l’“arme atomique” » brandie par la ministre des sports, Roxana Maracineanu, qu’il ne nomme pas explicitement.

Celle-ci avait tenuu des propos très clairs : soit Didier Gailhaguet acceptait d’abandonner la présidence, soit, au nom d’un dysfonctionnement général depuis de longues années et de la responsabilité morale du dirigeant, elle envisageait de retirer à la fédération sa délégation. Une telle menace est très rare. Sans délégation ministérielle, impossible pour une fédération d’organiser un championnat de France ou de disposer d’une équipe nationale.

Entre-temps, une ancienne championne d’Europe de danse sur glace a pris le contrôle de la FFSG. Nathalie Péchalat a accédé au pouvoir au mois de mars, juste avant le confinement, au terme d’une élection contestée.

Désormais sans mandat électif à la FFSG, Didier Gailhaguet explique qu’il veut rester administrateur du Comité national olympique, parce qu’il n’a « évidemment pas l’intention de [se] laisser accuser sans avoir la possibilité de [se] défendre ».

Le comité de déontologie déjà saisi

Dès le 11 février, le président, Denis Masseglia, a saisi le comité de déontologie du mouvement sportif français sur le cas de M. Gailhaguet. Objectif : trois jours après les adieux à la FFSG, trouver une solution pour que celui-ci quitte le CNOSF, « compte tenu de la médiatisation dont il a été l’objet, de l’émoi suscité auprès du grand public, du lien qui a été fait avec les violences sexuelles dans le sport et en particulier dans le patinage ».

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Le 14 avril, le comité de déontologie est allé dans le sens de M. Masseglia… sans réellement remédier à ce statu quo. D’un côté, il a souligné que, d’un point de vue réglementaire, le Comité national olympique « ne peut mettre unilatéralement un terme au mandat d’administrateur » de Didier Gailhaguet. Mais, d’un autre côté, le comité a aussi expliqué que le maintien de cet administrateur était « de nature à nuire, d’une part, à la cohésion et à l’image du mouvement sportif ; d’autre part, aux relations entre les nouveaux dirigeants de la Fédération française des sports de glace et le CNOSF ».

Cette lettre de saisine comme cet avis figurent en pièces jointes dans le courrier tardif de Didier Gailhaguet, mercredi soir. Ce dernier reproche au comité de déontologie « une forme de condamnation morale, la pire, sans même [l]’avoir entendu ni convoqué ». « Mieux encore, cet avis a été pris à l’unanimité, ce qui signifie qu’il n’y a pas un seul membre du comité qui ait envisagé l’hypothèse qu’eu égard à la gravité des accusations portées, il conviendrait peut-être, à tout le moins, de recueillir mes explications. »

Dans un autre cadre, Didier Gailhaguet avait déjà contre-attaqué une première fois par voie épistolaire. Dans son édition du 9 mai, L’Equipe révélait le contenu d’un courrier rédigé il y a peu par son avocat à l’intention de Caroline Pascal, chef de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche. Ce courrier met en doute « les conditions d’indépendance et d’impartialité » de l’enquête administrative en cours sur les accusations de violences sexuelles à la FFSG.

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