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Les Etats-Unis expulsent des centaines d'enfants migrants «en raison du coronavirus»

Au cours du seul mois d'avril, ce sont plus de 600 mineurs, parfois arrivés seuls et au péril de leur vie, qui ont été expulsés. [Photo d'illustration / PAUL RATJE / AFP].

En vertu d'une déclaration d'urgence mise en place par l'administration Trump censée aider à combattre l'épidémie de Coronavirus sur le sol américain, des centaines de migrants mineurs sont depuis plusieurs semaines expulsés des Etats-Unis.

Défendue pour des raisons sanitaires par les partisans du président républicain, la mesure est décriée par les associations de migrants qui y voient «une double peine».

D'après une longue enquête de l'agence de presse américaine Associated Press (AP), au cours du seul mois d'avril 2020, ce sont ainsi plus de 600 mineurs, dont beaucoup d'enfants, qui ont été contraints de quitter le territoire américain, alors que selon les textes habituellement en vigueur, ils auraient pu être autorisés à vivre avec leur famille installée aux Etats-Unis dans l'attente que leur cas soit traité devant les juridictions compétentes.

Mais dans le contexte de la pandémie de coronavirus, l'administration républicaine actuellement au pouvoir a décidé de suspendre cette mesure obligeant des dizaines de jeunes migrants et demandeurs d'asile à repartir chez eux, alors même que beaucoup, venus pour la plupart d'Amérique centrale, sont arrivés seuls dans des conditions épouvantables, nageant à travers le fleuve Rio Grande, ou marchant pendant des dizaines de kilomètres sous un soleil de plomb à travers champs. Certains étant âgés d'une dizaine d'années seulement.

Un pallier supplémentaire de franchi, selon les associations

Suivant le discours officiel, les douanes américaines disent qu'elles doivent restreindre les demandes d'asile et les passages frontaliers le temps de la pandémie pour empêcher la propagation du SARS-CoV-2.

Mais les défenseurs des migrants dénoncent au contraire un prétexte permettant à une administration connue pour son hostilité aux minorités de se passer des protections fédérales protégeant les enfants. Beaucoup d'entre elles disent d'ailleurs que la mesure s'inscrit dans la droite ligne d'autres programmes similaires tels que la politique de «la tolérance zéro», qui si elle a depuis été annulée, avait entraîné des milliers de séparations familiales parmi les populations de déplacés et par là autant de traumatismes. 

Parmi les multiples témoignages recueillis par les journalistes de l'AP, celui d'une mère de famille hondurienne et de son petit garçon de 10 ans, qui disent être restés pendant des mois dans un «camp sordide» de la ville Matamoros, au Mexique, situé juste en face de la ville américaine de Brownsville, au Texas.

Lorsque cette femme, restée anonyme pour les besoins de l'enquête par crainte de représailles, a su qu'elle ne pourrait jamais aller aux Etats-Unis, elle a fait le terrible choix de laisser son enfant nager à travers le Rio Grande dans l'espoir qu'il soit pris en charge par la patrouille frontalière et mis à l'abri chez son oncle, en Amérique.

Après six jours d'angoisse et sans aucune nouvelle, la mère reçoit finalement un appel d'un refuge situé au Honduras et apprend que son fils y a été conduit sans plus de considération et au mépris de toutes les règles internationales régissant le droit des enfants.

«Ils l'ont jeté là-bas et nous ne savions rien»

«Ils l'ont jeté là-bas et nous ne savions rien», résume la mère du petit garçon qui, lui, vit maintenant avec un membre de sa famille dans la capitale du Honduras, Tegucigalpa. Restée de son côté aux Etats-Unis, la femme reste confrontée à présent à un dilemme de poids : un autre membre de sa famille lui dit qu'il peut ramener son fils dans leur village, mais seulement si elle accepte de revenir. 

Alors que faire ? Tenter de gagner malgré tout les Etats-Unis dans l'espoir d'offrir à son fils, même à distance, un avenir meilleur ou revenir au pays en prenant le risque de revoir le père de son fils, qui les a maltraités et menacés tous les deux, les poussant avec la misère justement à fuir ?

Leur cas a été signalé pour la première fois par la chaîne d'information CBS News et Amy Cohen, une psychiatre qui dirige le groupe de défense Every Last One et qui leur vient en aide, a critiqué le traitement qui leur est fait par le gouvernement américain et qui concerne d'innombrables autres femmes et enfants.

«A 10 ans, ce petit garçon a déjà traversé plusieurs traumatismes, le dernier en date consistant à vivre l'expérience d'être placé seul dans un avion et de s'envoler vers un pays où plus personne ne l'attendait revenir», analyse la spécialiste. 

Un récapitulatif effroyable propre à des milliers de familles.

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