droits LGBTQILa France dégringole dans le classement du Rainbow Index de l'ILGA-Europe

Par Antoine Patinet le 15/05/2020
La gay pride de Paris 2021 a lieu le 26 juin

La France dégringole dans le Rainbow Index de l'ILGA-Europe, qui classe les pays en fonction des droits et des libertés accordés aux personnes LGBT+.

Une nouvelle chute pour la France. Comme chaque année, l'ILGA-Europe a publié son Rainbow Index, qui note 49 pays européens en fonction des droits et libertés accordés aux personnes LGBT+. Parmi les plus de 70 critères, on en compte de nombreux sur les législations contre les discriminations en raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre, mais aussi l'égalité face au mariage, à l'adoption, la reconnaissance des seconds parents, l'auto-détermination ou la possibilité de changement d'état-civil pour les personnes trans... Et le constat, en Europe, est alarmant pour l'association. En un an, près de 50% des pays n'ont apporté "aucun changement positif" pour les personnes LGBT+.

Pire, pour la deuxième année consécutive, plusieurs pays sont tombés dans le classement, suite à la disparition de protections existantes. C'est notamment le cas de la Hongrie, dont le score chute de plus de 8 points, suite aux récentes procédures entamées par le gouvernement pour faire figurer le sexe de naissance sur les documents officiels. Parmi les mauvais élèves, on compte aussi la Russie, l'Azerbaidjan, la Turquie, et plus étonnant, Monaco, qui ne remplit presque aucun des critères requis. Mais aussi et surtout, la France, fait partie des pays qui régressent.

"Pas d'action concrète"

En effet, l'Hexagone remplit les critères à 56 %, comparé à 63 % en 2019 et 73 % en 2018 et  passe de la 9e à la 13e place, notamment à cause de "l'expiration du plan d'action du gouvernement", selon l'ILGA-Europe. En effet, le plan d'action LGBTI, initié par le gouvernement de François Hollande en 2016 n'a pas été remplacé par la majorité actuelle. L'étude pointe également la hausse des LGBTphobies, l'échec des législateurs à intégrer plusieurs éléments important dans le projet de révision de la loi bioéthique. Notamment, l'interdiction les mutilations génitales pour les personnes intersexes, ou encore l'accès des personnes trans à la PMA. L'absence de reconnaissance automatique du second parent en cas de PMA ou de GPA, toujours un chemin de croix pour les personnes concernées, est également montrée du doigt.

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"Ce que montre ce classement, c'est que depuis le mariage pour tous, en France, il ne s'est pas passé grand chose. La protection et la promotion des droits LGBT en France semble ne pas être une priorité" analyse Sébastien Tüller, responsable des questions LGBTI chez Amnesty France. "C'est un peu paradoxal : les agressions sont plus visibles, le sujet des droits des personnes LGBT a pris sa place dans l'espace public, médiatique, mais il n'y a aucune action concrète qui est menée." 

Droits fondamentaux

Dans un communiqué, Homosexualité et Socialisme (HES) dénonce un "angle mort de la politique du gouvernement". "Au niveau légal, hélas, aucune avancée n’a été réalisée depuis l’arrivée au pouvoir de la majorité en mai 2017, se désole l'association. La PMA si attendue, seule vraie réforme promise par un gouvernement jouant au matamore progressiste, a été sans cesse repoussée."  Elle pointe aussi le silence "assourdissant" des autorités sur les évènements en Hongrie ou en Pologne, qui laisse prospérer des "zones sans LGBT" dans une partie du pays.

"On se satisfait trop vite d'être le pays des droits de l'Homme, explique Sébastien Tüller. Mais le pays des droits de l'Homme, et à fortiori, toute démocratie, devrait remplir 100% des critères de l'ILGA. Respecter les droits humains,  assurer la dignité et l'égalité des personnes, ce sont des droits fondamentaux basiques." L'île de Malte semble l'avoir bien compris, puisque pour la cinquième année consécutive, elle est à la première place du classement, répondant à 89% des critères. Lui succèdent notre voisins et amis, la Belgique et le Luxembourg, puis le Danemark et la Norvège, avec des scores avoisinant les 70%.

Pour les rattraper, il faudrait aller "au delà des petits ajustements", selon Sébastien Tüller. "Mettre fin à l'homophobie et à la transphobie permet de sauver des vies, surtout en ce moment. Le covid-19 est un accélérateur d'inégalités, et il est encore plus urgent de protéger les personnes vulnérables. La France défend de nombreux engagements sur la scène internationale. Il est temps de les appliquer sur son territoire."