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Coronavirus : comment le département des Pyrénées-Orientales est devenu le moins touché de France

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Alors qu'un cluster important s'était déclaré à Perpignan en début d'épidémie, le département des Pyrénées-Orientales a multiplié les initiatives innovantes. Au point de devenir le moins touché de France en terme d'hospitalisations. Explications.

Vignes dans le Fenouillèdes, Pyrénées-Orientales Vignes dans le Fenouillèdes, Pyrénées-Orientales
Vignes dans le Fenouillèdes, Pyrénées-Orientales © Radio France - François DAVID

Mi-mars, la France vient de se confiner et l'inquiétude est vive dans les Pyrénées-Orientales. Plusieurs foyers de contamination sont identifiés à Perpignan, notamment dans le quartier très populaire de Saint-Jacques. Le 23 mars, le chef du service des maladies infectieuses de l'Hôpital de Perpignan lance un cri d'alarme sur France Bleu Roussillon : "oui, Perpignan est désormais un cluster ! L’épidémie est significative et elle concerne plusieurs secteurs de la ville." 

Au même moment, quelques dizaines de kilomètres plus au sud, l'épidémie devient hors-de-contrôle en Catalogne. Remontent alors en mémoire les images du gigantesque rassemblement qui s'est déroulé à Perpignan deux semaines avant le début du confinement : le 29 février, plus de 120.000 indépendantistes catalans sont venus applaudir leur ancien président en exil Carles Puigdemont.

Dans le département des Pyrénées-Orientales, souvent considéré comme le plus pauvre de France, les ingrédients semblent donc réunis pour une épidémie de grande ampleur. Surtout que les personnes âgées y sont surreprésentées et les facteurs de risque (obésité, diabète, etc) supérieurs à la moyenne nationale.  

Pourtant, deux mois plus tard, le département semble avoir presque totalement enrayé l'épidémie. Selon les derniers chiffres de l'agence régionale de santé, seuls six malades sont toujours hospitalisés pour covid-19 à Perpignan, ce qui fait des Pyrénées-Orientales le département le moins touché de France, proportionnellement à sa population, avec un taux de 1,2 hospitalisations pour 100.000 habitants.  

À titre de comparaison, ce taux est quatre fois plus important dans le département voisin de l'Aude, neuf fois plus important dans le Gard, soixante fois à Paris, et près de quatre-vingt fois dans le Haut-Rhin, le département le plus touché.

Perpignan, première ville à décréter le couvre-feu et à faire retentir les sirènes

Face à la menace d'une envolée de l'épidémie, les autorités des Pyrénées-Orientales semblent avoir réagi avec une grande rapidité, pour mettre en place une série de mesures innovantes, parfois uniques en France.  

Dès le 21 mars, au quatrième jour du confinement, les habitants de Perpignan sont les premiers en France à devoir respecter un couvre-feu, de 20 heures à 6 heures. Les forces de l'ordre patrouillent dans les rues avec des gaz lacrymogènes pour disperser les groupes et distribuer des contraventions. Les riverains sont incités à signaler tout rassemblement à proximité de chez eux.

Chaque soir, les autorités décident également de faire retentir les sirènes pendant plusieurs minutes. Un dispositif rapidement qualifié "d’anxiogène" par nombre d'habitants, mais qui a pour but "de marquer les esprits de façon solennelle", selon le préfet Philippe Chopin.  Dans le même état d'esprit, des militaires de l'opération Résilience, appelés en renfort, patrouillent dans les rues

Perpignan, première ville à ouvrir un hôtel covid-19

Autre première en France : un hôtel de Perpignan est réquisitionné pour héberger des malades du covid-19, dés le 26 mars. "Les personnes contaminées et susceptibles de transmettre le virus à leur famille doivent être isolées", explique la Préfecture des Pyrénées-Orientales. Cette initiative locale va rapidement faire ses preuves, et l'idée sera finalement reprise trois semaines plus tard par le gouvernement, pour être généralisée sur l'ensemble du territoire.

Un soignant visite un malade dans le premier hotel-covid, à Perpignan
Un soignant visite un malade dans le premier hotel-covid, à Perpignan © Maxppp - GUILLAUME HORCAJUELO

Onze centres covid déployés en quelques jours

Mais la mesure la plus spectaculaire semble avoir été le déploiement, dans un temps record, de plus d'une dizaine de centres de consultation "covid-19" pour soulager le Samu et les hôpitaux. En quelques jours, des centaines de professionnels, coordonnés par l'agence régionale de santé, ont réussi à se mobiliser pour offrir un maillage complet du département.  

Dès le vendredi 20 mars, au troisième jour de confinement, un premier centre ouvre ses portes à Perpignan dans un ancien hôpital militaire, ouvert 7 jours sur 7, de 8 heures à 20 heures. Une semaine plus tard, dix autres centres sont déjà en activité, de Prades à Font-Romeu, de Céret aux Angles. Un véritable tour de force logistique et humain.  

Un préfet ultra-connecté

Dans le rôle de chef d'orchestre, le préfet des Pyrénées-Orientales semble avoir incarné cet esprit d'initiative, n'hésitant pas à se transformer en "youtubeur" depuis deux mois. Plusieurs fois par semaine, depuis ses bureaux, Philippe Chopin anime des "tchats" avec la population sur facebook. Entouré d'invités (médecins, forces de l'ordre, fonctionnaires), il professe la bonne parole et  répond aux questions en direct. Le propos est ferme mais le ton décontracté...

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Une frontière fermée avec l'Espagne

Depuis deux mois, la frontière avec l'Espagne ne marque plus seulement la séparation entre deux pays, mais aussi entre un territoire durement éprouvé par l’épidémie (la Catalogne) et un autre relativement épargné (les Pyrénées-Orientales).  

Ces deux derniers mois, des milliers de catalans se dirigeant vers la France ont été refoulés par les forces de l'ordre françaises, et notamment des travailleurs saisonniers qui souhaitaient se rendre sur des exploitations agricoles.  

Privé de connexion avec l'Espagne, enclavé entre mer et montagne, privé de train et d'avion, le département des Pyrénées-Orientales est devenu un cul-de-sac. Y compris pour le coronavirus...  

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